· Cité du Vatican ·

Rncontre avec les jeunes au Centro de Convenções à Dili

Le courage de rêver de grandes choses et de promouvoir la réconciliation

 Le courage de rêver de grandes choses et de promouvoir la réconciliation  FRA-037
12 septembre 2024

Après avoir quitté la nonciature apostolique au Timor oriental, dans la matinée du mercredi 11 septembre, le Pape François s'est rendu au «Centro de Convenções» de Dili pour une rencontre avec des jeunes, dernier rendez-vous de sa visite dans ce pays asiatique. Après le salut que lui a adressé le responsable de la Commission nationale de la jeunesse catholique et les témoignages de quatre jeunes, le Souverain Pontife a prononcé le discours suivant:

Dadeer di’ak! (Bonjour!)

Tout d’abord, je pose une question, voyons qui peut y répondre: que font les jeunes? Que font les jeunes? Toi [il désignes une fille].

[la fille: Annoncer le Christ].

Très bien. Qu’est-ce que les jeunes font d’autre? Quoi d’autre?

[un autre jeune: Proclamer la Parole de Dieu].

Très bien. Qu’est-ce que les jeunes font d’autre?

[un autre jeune: S’aimer les uns les autres].

Aimer, et les jeunes ont une grande capacité à aimer. Qu’est-ce que les jeunes font d’autre?

[un autre jeune: Nous devons cultiver la paix dans notre pays]

Cela, il ne l’oubliez jamais! Très bien, très bien. Mais il y a une chose que les jeunes font toujours, les jeunes de différentes nationalités, les jeunes de différentes religions. Vous savez ce que les jeunes font toujours? Les jeunes font du vacarme, les jeunes sèment la confusion. Vous êtes d’accord? Vous êtes d’accord avec ça? [réponse: Oui].

Merci pour les salutations, les témoignages et les questions. Je vous remercie pour les danses. Parce que vous savez que danser, c’est exprimer un sentiment avec tout son corps. Vous connaissez des jeunes qui ne savent pas danser? La vie vient avec la danse. Et vous êtes un pays de jeunes.

Je disais ce matin à un évêque: je n’oublierai jamais vos sourires. N’arrêtez pas de sourire! Et vous, les jeunes, vous êtes la majorité de la population de ce pays, et votre présence remplit ce pays de vie, elle le remplit d’espérance, et le remplit d’avenir. Ne perdez pas l’enthousiasme de la foi! Imaginez un jeune sans foi, avec un visage triste. Mais vous savez ce qui déprime un jeune? Les vices. Prenez garde. Car arrivent ceux qui se disent vendeurs de bonheur. Et ils te vendent de la drogue, ils te vendent des tas de choses qui te donnent du bonheur pendant une demi-heure et c’est tout. Vous le savez mieux que moi, n’est-ce pas? Vous connaissez cette situation mieux que moi. Vous la connaissez ou pas?… Je n’entends pas… [oui] Très bien, merci.

Je vous souhaite de progresser avec la joie de la jeunesse. Mais n’oubliez pas une chose: vous êtes les héritiers de ceux qui vous ont précédés dans la fondation de cette nation. Ne perdez donc pas la mémoire! La mémoire de ceux qui vous ont précédés et qui, au prix de nombreux sacrifices, ont construit cette nation.

Il y a deux choses qui m’ont touché le cœur pendant que je marchais dans les rues. Elles ont vraiment touché mon cœur. La jeunesse de ce pays et le sourire. Vous êtes un peuple qui sait sourire! Continuez ainsi! Ne l’oubliez pas.

Un jeune doit rêver. «Et comment on fait, mon Père, pour rêver?» On boit de l’alcool? [Non!] Non. Si tu le fais, tu feras des cauchemars! Je vous invite à rêver, à rêver de grandes choses. Un jeune qui ne rêve pas est un retraité de la vie. Et l’un de ces jeunes, l’un d’entre vous, est-il un retraité? [Non!] Les jeunes doivent semer de la confusion s’amuser pour montrer la vie qu’ils ont. Mais un jeune est au milieu du chemin de la vie. Au milieu de la route de la vie, entre les enfants et les grands. Et savez-vous quelle est l’une des plus belles richesses d’une société? Le savez-vous? Les personnes âgées, les grands-parents! Vous, les jeunes, et à l’autre bout, ce sont les personnes âgées. Mais ce sont les grands-parents, ce sont les personnes âgées qui donnent la sagesse aux jeunes. Est-ce que tu respectes les personnes âgées? [Oui] Les personnes âgées précèdent toujours les jeunes dans l’histoire, c’est vrai? Les personnes âgées sont un trésor: les deux trésors d’un peuple sont les enfants et les personnes âgées. Compris? Voyons, vous le répétez. Quels sont les deux plus grands trésors d’un peuple? [Les enfants et les personnes âgées] Les enfants et les personnes âgées. C’est pourquoi une société qui a beaucoup d’enfants comme la vôtre doit s’occuper d’eux. Et une société qui a beaucoup de personnes âgées qui sont la mémoire doit les respecter et s’occuper d’elles.

Je vous raconte une histoire. Il y avait une famille, le papa, la maman, les enfants et le très vieux grand-père qui mangeaient ensemble. Et le grand-père très âgé, lorsqu’il mangeait, se salissait et renversait sa nourriture. Le père a donc décidé de mettre une table dans la cuisine, pour que le grand-père puisse y manger seul. Et il a expliqué à la famille que, comme grand-père n’était pas là, ils pourraient inviter des gens sans être gênés par grand-père. Pensez un peu à cela. Quelques jours plus tard, le papa arrive et trouve son fils de cinq ans en train de jouer avec du bois. Le papa lui demande: «Qu’est-ce que tu fais avec ce bois? — «Je fais une table» — «Pourquoi?» — Pour toi, quand tu seras vieux et que tu devras manger tout seul.

Les deux plus grands trésors d’une société sont les enfants et les grands-parents. Ensemble: quels sont les deux plus grands trésors de la société? [Les enfants et les grands-parents] Prenez soin des enfants et des grands-parents, d’accord? Et maintenant, applaudissons nos grands-parents!

Dans ce pays souriant, vous avez une histoire merveilleuse, faite d’héroïsme, de foi, de martyre et, surtout, de pardon et de réconciliation. Je vous pose une question: qui est la personne, dans toute l’histoire, qui a été capable de pardonner et de se réconcilier? Réfléchissez: qui est cette personne? Qui est-ce? [Jésus] Jésus! Jésus notre frère qui nous aime tous, n’est-ce pas? Et cette réconciliation m’amène à vous recommander trois choses, à vous les jeunes: la liberté, l’engagement, la fraternité.

Dans la langue tetum, il y a un dicton: «ukun rasik-an», c’est-à-dire être capable de se gouverner soi-même. Un jeune qui n’est pas capable, un jeune qui n’est pas capable de se gouverner, qui n’est pas capable de vivre «ukun rasik-an», qu’est-ce que c’est? Qu’est-ce que vous dites? Quelqu’un qui dépend des autres. C’est très bien. Et un homme, une femme, un jeune, un garçon qui ne se gouverne pas lui-même est un esclave, il est dépendant, il n’est pas libre. Et de quoi peut bien être esclave un jeune? Quelqu’un va répondre… De quoi? Du péché, du téléphone portable — je vous parlerai du téléphone portable après —, d’une autre chose… De quoi peut-il être esclave? Etre esclave de son propre désir, se croire tout-puissant. De quoi d’autre un jeune peut-il être esclave? [Quelqu’un répond] Bien sûr, de l’arrogance: un jeune toujours comme ça est un jeune arrogant. Au contraire, un jeune engagé, un jeune qui travaille, comment est-il? Dites-moi, comment est un jeune qui travaille? [Quelqu’un répond] Bien, quelqu’un qui aime la simplicité. Et puis? Qui a des respon-sabilités. Un jeune qui aime la compagnie des frères, des sœurs, qui a des responsabilités, c’est un jeune qui aime son pays. C’est très important.

Et il y a une autre chose que Rogéria et Cecilia Efranio ont dite en parlant de l’importance de prendre soin de la maison commune et de cultiver l’unité de la famille. Un jeune doit comprendre qu’être libre ne signifie pas faire ce que l’on veut, mais qu’il est responsable. Et l’une des respon-sabilités est d’apprendre à prendre soin de la maison commune. Et c’est pour cela que le jeune doit s’engager. Un proverbe oriental dit: les temps difficiles font des hommes forts. Regardez vos parents, vos grands-parents, qui ont dû affronter des temps difficiles pour donner la liberté à leur pays. C’est pourquoi vous devez -apprendre à gérer les moments difficiles.

Une dernière chose avant de partir. C’est une valeur que vous devez apprendre: la fraternité. Etre des frères, ne pas être des ennemis. Vos aînés, vos parents et vos grands-parents avaient peut-être des idées différentes, mais ils étaient frères. Et est-ce que c’est bien que les jeunes aient des idées différentes? [Oui] Et pourquoi? Pour se disputer avec les autres? Ou pour se respecter les uns les autres? [Ils répondent] Je crois que tu penses ceci: si je suis de telle religion et que tu es de telle autre religion, nous nous battrons. Ce n’est pas comme ça, il faut se respecter. Nous répétons ce mot: se respecter.

Et une question: la haine est-elle une bonne attitude? [Non!] L’amour et le service, c’est la bonne attitude. Maintenant répétons tous ensemble: la haine non, l’amour et le service oui [ils répètent] Encore une fois, je n’ai pas bien entendu [ils répètent] Et si un jeune , une jeune, se querelle avec un autre, que doit-il faire? Je n’entends pas, Qu’est-ce qu’ils ont dit? Répétons-le tous ensemble: amour et réconciliation!… [ils répètent] Amour et réconciliation.

Il y a une chose dont je ne sais pas si elle se produit dans ce pays, mais dans d’autres pays, oui: le harcèlement. Y a-t-il du harcèlement ici? Le harcèlement est le fait de profiter du plus faible. C’est pourquoi il est laid, parce qu’il est lourd. Mais c’est toujours une attitude laide, parce qu’elle utilise la faiblesse des autres. Mais ici, au Timor oriental, est-ce qu’il y a du harcèlement? S’il vous plaît, à partir de maintenant, pas de harcèlement!

Chers jeunes, soyez les héritiers de la si belle histoire qui vous a précédés! Soyez les héritiers de la si belle histoire qui vous a précédés. Et poursuivez-la. Ayez le courage, ayez le courage de continuer. Et si vous vous disputez, réconciliez-vous. Je vous remercie pour tout ce que vous faites pour la patrie, pour le peuple de Dieu. Et souvenons-nous de ce -qu’Ilham, qui vient de parler, nous a dit: nous devons nous aimer au-delà de toutes les différences ethniques ou religieuses. Vous avez compris cela? [Oui!] La réconciliation, le fait de vivre ensemble avec toutes les différences. C’est important. On est d’accord? [Oui!]

Et avant de terminer, je dois vous donner un conseil: faites du vacarme, semez de la confusion! Mon deuxième conseil: respectez et écoutez les personnes âgées, d’accord? Quel était le premier conseil? [ils répondent] Bien. Et le deuxième conseil? [ils répondent].

Que Dieu vous bénisse. Merci pour cette présence! Merci pour les chants et les danses, très belles. Et quels étaient les deux conseils?

Le premier? Le deuxième? Faites du bruit, semez de la confusion, et respectez les personnes âgées. Que Dieu vous préserve cette joie. Que Dieu vous garde toujours!

Après les salutations, le Pape a conclu:

Merci pour votre joie, merci pour votre sourire!

Et je vous ai donné deux conseils, le premier, c’était quoi? [ils répondent] La confusion. Et le second? [ils répondent] Les jeunes doivent semer de la confusion et les jeunes doivent respecter les personnes âgées, d’accord? Tous ensemble, le premier: la confusion. Deuxièmement: le respect des personnes âgées.

Je vous remercie de votre présence. Je quitte ce pays qui est un sourire avec vos visages et avec vos espérances. Que Dieu vous bénisse tous!