«Il suffit de voir que beaucoup de nos églises sont pleines pendant les messes du dimanche. Vous remarquerez que beaucoup d'Asiatiques qui émigrent dans d'autres pays gardent leur foi vivante». Dans une interview accordée aux médias du Vatican, le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun en Birmanie et président de la Fédération des conférences épiscopales d'Asie (Fabc), décrit l'Asie et l'Océanie que le Pape François visitera au cours de son -voyage apostolique en Indonésie, en Pa-pouasie-Nouvelle-Guinée, au Timor oriental et à Singapour, du 2 au 13 septembre, marquant son 45e voyage apostolique à l'étranger, et le plus long de son pontificat. Dans cet entretien, le cardinal Bo parle d’une Eglise d’Asie qui, malgré les défis politiques, économiques, sociaux, environnementaux, culturels, et le fait «qu'il n'est toujours pas facile de vivre la foi chrétienne dans certaines parties du continent, continue d'être non seulement vivante mais dynamique de différentes manières».
Le Pape François effectue son 45e voyage apostolique en Asie et en Océanie après sa dernière visite à l'étranger, en septembre 2023. Comment voyez-vous l'importance de cette visite?
De nombreux peuples d'Asie entendent seulement parler du Pape, et aujourd'hui plus qu'avant, ils n’ont l'occasion de le voir qu’à l'aide des médias numériques. Cependant, pour la population en général, le Pape est une figure un peu «distante». Sa venue en Asie suscite non seulement de l'enthousiasme, mais aussi un zèle renouvelé pour la foi et donne aux Asiatiques un sens renouvelé de la foi, car elle démontre que les peuples asiatiques ne sont pas éloignés de l'esprit et du cœur du Saint-Père. Ce qui est encore plus encourageant, c'est que le Pape François a choisi de visiter des pays plus petits, moins connus du monde, comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Timor oriental, ce qui donne au monde l'occasion de connaître les Eglises de ces pays. Les gens sont très enthousiastes, non seulement parce qu'ils verront le Pape en personne, mais aussi, j'en suis sûr, parce qu'il y aura un renouveau dans la vie et la foi des Eglises locales.
En tant que président de la Fédération des conférences épiscopales d'Asie, en quoi la diversité des pays asiatiques rend-elle cette visite particulièrement significative? On pense par exemple à la richesse de Singapour, à la pauvreté de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, à l'écrasante majorité musulmane de l'Indonésie et à l'écrasante majorité catholique de l'ancienne colonie portugaise du Timor oriental. Qu'est-ce qui est intéressant à noter ici?
L'unicité de l'Asie réside précisément dans sa diversité, en termes de cultures, de religions et de traditions. Bien que les chrétiens soient une minorité dans la plupart des pays d'Asie, à l'exception des Philippines et du Timor oriental, nous constatons une croissance de la foi. Les Eglises d'Asie, bien que petites, sont dynamiques et vivantes. Le Saint-Père aura un aperçu direct de la diversité des Eglises d'Asie et de la foi de ses habitants. Qu'ils soient riches ou pauvres, majoritaires ou minoritaires, la foi des gens reste inébranlable malgré les différents défis auxquels ils sont confrontés dans ces pays.
Que peut apprendre l'Eglise universelle de l'Eglise d'Asie?
Trois mots me viennent à l’esprit: paix et harmonie, et ce qui fait de la paix et de l'harmonie une réalité, c'est-à-dire le dialogue. Malgré les nombreux défis auxquels sont confrontées les Eglises d'Asie, notre objectif est de rechercher la paix et l'harmonie. Tout le monde recherche la paix et l'harmonie, et c'est pourquoi, lorsqu'elle est confrontée à l'oppression politique, à la pauvreté, à la dévastation climatique et à bien d'autres problèmes, l'Eglise doit travailler en collaboration avec d'autres afin de rétablir la paix et l'harmonie dans la vie de ceux qui sont directement touchés.
En Asie, nous apprenons à collaborer, à dialoguer et à se respecter mutuellement. Mais surtout, nous avons appris à coexister en tant que frères et sœurs malgré les difficultés. Je crois que les voies de la paix et de l'harmonie par le dialogue sont ce que l'Asie peut offrir à l'Eglise universelle.
Que pouvez-vous nous dire du témoignage de l'Eglise en Asie?
Les Eglises d'Asie sont vivantes et dynamiques. Il suffit de voir que beaucoup de nos églises sont pleines pendant les Messes du dimanche. Vous remarquerez que beaucoup d'Asiatiques qui émigrent dans d'autres pays gardent leur foi vivante. Ils sont nos missionnaires dans ces anciennes églises. Ils apportent une espérance et un zèle renouvelés dans leurs «nouveaux -foyers». Nous sommes également témoins de nombreuses Eglises persécutées à travers l'Asie. Il n'est pas toujours facile de vivre la foi chrétienne dans certaines parties du continent. Malgré ces défis politiques, économiques, sociaux et culturels, leur foi continue d'être non seulement vivante, mais aussi dynamique de différentes manières.
De quoi a besoin l'Eglise d'Asie ou chacune des quatre Eglises que le Pape visitera?
Il m'est difficile d'affirmer ce dont a besoin chaque Eglise, mais je prie pour que la visite du Saint-Père suscite un zèle renouvelé pour la foi et une plus grande ouverture d'esprit pour vivre en paix et s'occuper les uns des autres en tant que frères et sœurs, chacun veillant sur l'autre, quelles que soient les différences que nous pouvons avoir.
Le Pape vous a rendu visite en Birmanie avant de se rendre au Bangladesh. De même, on se souvient de son émotion à revenir en Asie avant la pandémie pour son voyage au Japon et en Thaïlande. En quoi ce voyage en Asie va-t-il créer de nouveaux souvenirs?
Chaque visite du Saint-Père est à la fois unique et rafraîchissante. Je suis sûr que le Pape a un message pour l'Asie lors de cette visite, comme il l'a fait lors des visites précédentes, et je suis sûr que les souvenirs viendront naturellement et en temps voulu pour en ressentir les effets.
Cependant, j'espère que la visite du Pape apportera un renouveau dans la vie et la foi des Eglises d'Asie, afin qu'elles soient des témoins vivants de notre Eglise florissante dans le -monde.
Quelle importance accordez-vous au thème du climat et de la protection de l'environnement, étant donné que cette région est de plus en plus frappée par des catastrophes naturelles provoquées par la crise climatique?
Les effets du changement climatique sont dévastateurs en Asie. Etant donné que le thème de la protection de l'environnement est cher au Saint-Père, je suis certain qu'il abordera cette question. Nous ne pouvons plus être spectateurs, mais nous devons nous impliquer activement dans la promotion de la protection du climat pour le bien commun de tous. L'Eglise d'Asie doit également être acteur de ce changement dans la région et dans le -monde.
Deborah Castellano Lubov