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Message pour le Meeting de Rimini 2024

Viser l’essentiel pour affronter la complexité de la crise

 Viser l’essentiel pour affronter  la complexité de la crise  FRA-034
22 août 2024

Nous publions le message que le cardinal-secrétaire d’Etat Pietro Parolin a envoyé — au nom du Saint-Père — à l’évêque de Rimini, Mgr Nicolò Anselmi, à l’occasion du xlv e Meeting pour l’amitié entre les peuples, qui se déroule du 20 au 25 août sur le thème: «Si nous ne sommes pas à la recherche de l’essentiel, alors que cherchons-nous?».

Excellence,

A l’occasion du 45e Meeting pour l’amitié entre les peuples, le Saint-Père souhaite adresser un message de vœux aux participants, en saluant les organisateurs, les bénévoles et tous ceux qui prendront part à l’événement, dont le titre représente un appel pressant à la responsabilité: «Si nous ne sommes pas à la recherche de l’essentiel, alors que cherchons-nous?».

Précisément alors que nous traversons des temps complexes, la recherche de ce qui constitue le centre du mystère de la vie et de la réalité est d’une importance cruciale. En effet, notre époque est marquée par diverses problématiques et d’importants défis, face auxquels nous ressentons parfois un sentiment d’impuissance, une attitude de renoncement et de passivité qui peuvent conduire à «traîner la vie» et à se laisser emporter par l’étourdissement de l’éphémère, jusqu’à perdre le sens de l’existence. Dans ce contexte, il est donc plus que jamais pertinent de se mettre en quête de ce qui est essentiel.

Le Pape François encourage donc la tentative de chercher, avec passion et enthousiasme, ce qui fait émerger la beauté de la vie, en abordant la question posée par don Luigi Giussani lorsqu’il affirmait avec courage: «Le cœur est rongé par la sclérose, c’est-à-dire par la perte de la passion et du goût de vivre. […] La vieillesse à vingt ans et même avant, la vieillesse à quinze ans, voilà la caractéristique du monde d’aujourd’hui» (Il senso religioso, Milano 2013, 116-117).

Alors que soufflent les vents glacés de la guerre, s’ajoutant à des phénomènes récurrents d’injustice, de violence et d’inégalité, ainsi qu’à la grave urgence climatique et à une mutation anthropologique sans précédent, il est indispensable de s’arrêter et de se demander: y a-t-il quelque chose pour laquelle il vaut la peine de vivre et d’espérer?

Depuis le début de son pontificat, le Pape François nous exhorte à lire également les résistances, les difficultés et les chutes des hommes et des femmes d’aujourd’hui comme un appel à réfléchir, afin que le cœur s’ouvre à la rencontre avec Dieu et que chacun prenne conscience de soi-même, du prochain et de la réalité.

Son invitation constante est de devenir mendiants de l’essentiel, de ce qui donne un sens à notre vie, tout d’abord en nous débarrassant de ce qui alourdit le quotidien, à l’exemple d’un alpiniste qui, arrivé au pied de la paroi rocheuse, doit se libérer du superflu pour pouvoir grimper plus rapidement. Ce faisant, nous découvrons que la valeur de l’existence humaine ne réside pas dans les choses, dans les succès obtenus, dans la course à la compétition, mais tout d’abord dans cette relation d’amour qui nous soutient, enracinant notre chemin dans la confiance et l’espérance: c’est l’amitié avec Dieu, qui se reflète ensuite dans toutes les autres relations humaines, qui fonde la joie qui ne finira jamais. Nous sommes aimés, telle est la vérité essentielle, que don Giussani lui-même annonçait aux jeunes universitaires: «Vous êtes aimés. C’est le message qui arrive dans votre vie […]. C’est Jésus Christ dans l’histoire de l’homme, le début continu de ce message: “Vous êtes aimés!”. Qu’est-ce que la vie? Etre aimés. Et l’être que nous portons sur nous? Etre aimés. Et le destin? Etre aimés» (Litterae Communionis Tracce, 1996, n. 1).

Sur la même longueur d’onde, le Pape François rappelle que «l’essentiel pour nous, le plus beau, le plus attirant et en même temps le plus nécessaire, c’est la foi dans le Christ Jésus» (Discours à l’assemblée plénière du Dicastère pour la doctrine de la foi, 26 janvier 2024). En effet, seul le Seigneur sauve notre humanité fragile et, au milieu des adversités, nous fait expérimenter une joie autrement impossible. Sans ce point d’ancrage, la barque de notre vie serait à la merci des vagues et risquerait de sombrer.

Revenir à l’essentiel qu’est Jésus ne signifie pas fuir la réalité mais, au contraire, est la condition pour s’immerger réellement dans l’histoire, pour l’affronter sans en fuir les défis, pour trouver le courage de risquer et d’aimer même lorsqu’il semble que cela n’en vaille pas la peine, pour vivre dans le monde sans aucune crainte. Comme l’écrivait alors l’archevêque Montini: «Tu es nécessaire, ô Christ, ô Seigneur, ô Dieu-avec-nous, pour apprendre le véritable amour et marcher dans la joie et la force de ta charité, le long du chemin de notre vie laborieuse» (Omnia nobis est Christus. Lettre pastorale à l’archidiocèse de Milan pour le Carême 1955).

Dans cet esprit, donc, le Saint-Père apprécie et partage la finalité du prochain Meeting, car viser l’essentiel nous aide à prendre notre vie en main et à en faire un instrument d’amour, de miséricorde et de compassion, devenant un signe de bénédiction pour le prochain. Face à la tentation du découragement, à la complexité de la crise actuelle et, en particulier, au défi d’une paix qui semble impossible, le Saint-Père exhorte tous à devenir des protagonistes responsables du changement, en collaborant activement à la mission de l’Eglise, pour donner vie ensemble à des lieux où la présence du Christ peut être vue et touchée. Cet engagement collectif peut générer un monde nouveau, où triomphe finalement l’Amour qui, dans le Christ, s’est manifesté à nous, et où toute la planète devient un temple de fraternité.

Le Pape François souhaite que le riche programme du Meeting, dans la diversité des propositions et des langages, puisse susciter en beaucoup le désir de devenir des chercheurs de l’essentiel et fasse fleurir dans les cœurs la passion pour l’annonce de l’Evangile, source de libération de toute servitude et force qui guérit et transforme l’humanité. A tous, organisateurs, bénévoles et participants, il envoie de tout cœur Sa bénédiction, en demandant de prier pour lui.

En joignant également mes vœux personnels, je saisis cette occasion pour vous confirmer mes sentiments de respect distingué,

Pietro cardinal Parolin secrétaire d’Etat