Que du sang des martyrs jaillisse la paix: tel est l’appel lancé par le cardinal Fridolin Ambongo Besungu, archevêque de Kin-shasa, en République démocratique du Congo. Représentant le Pape François, le cardinal a présidé dans la matinée du dimanche 18 août, à Uvira, la béatification de Vittorio Faccin, Luigi Carrara et Giovanni Didoné, missionnaires xavériens, et d’Albert Joubert, prêtre diocésain. Ont participé à la Messe, qui s’est déroulée sur le parvis de la cathédrale Saint-Paul, le nonce apostolique dans le pays, Mgr Mitja Leskovar; l’évêque d’Uvira, Mgr Sébastien-Joseph Muyengo; le supérieur général des missionnaires xavériens, le père Fernando García Rodríguez; des représentants des autorités locales ainsi que diverses délégations provenant d’autres diocèses de la République démocratique du Congo, du Burundi, du Rwanda, de la France et de l’Italie.
«Assez de violences! Assez de barbaries! Assez de tueries et de morts sur le sol congolais et dans la sous-région des Grands Lacs! — a invoqué le cardinal Ambongo — Les violences et les guerres sont le fruit de l'étourderie. Elles sont menées par des personnes qui s’écartent du chemin de l'intelligence, par des gens insensés, qui n'ont ni la crainte de Dieu, ni le respect de l'homme, créé à l'image de Dieu!». Aux nombreux prêtres, consacrés et fidèles laïcs présents, rassemblés sous de grandes tonnelles blanches à l’abri du soleil, l’archevêque de Kinshasa a rappelé que «Dieu n'aime pas les guerres. Car les conflits armés avilissent l'homme et le privent de la dignité d'enfant de Dieu». D’où l’appel réitéré du cardinal à quitter «l'étourderie de la volonté de puissance, de la domination et du contrôle (armé) des richesses», en privilégiant plutôt «la voie du dialogue et du règlement pacifique des conflits».
En s’arrêtant ensuite sur la figure des quatre nouveaux bienheureux — abattus à coup de feu in odium fidei il y a soixante ans, le 28 novembre 1964 au cours de la rébellion muleliste contre le gouvernement congolais de l’époque —, le cardinal Ambongo a présenté leur témoignage de foi «si grand et si beau», en soulignant précisément qu’«être martyr, c'est être témoin», témoin de «sa foi au Christ» malgré «les persécutions et les tentations». «Les martyrs ne tombent pas du ciel — a ajouté l’archevêque —. Ils ne sont pas non plus des êtres extraordinaires, mais plutôt des chrétiens comme vous et moi. Seulement, ils ont vécu leur foi de manière exceptionnelle, faisant preuve de fidélité à Dieu et à sa parole, dans un environnement parfois hostile». «Modèles de vie chrétienne», a poursuivi le cardinal congolais, les nouveaux martyrs ont «accepté de témoigner de leur fraternité évangélique en demeurant aux côtés de leurs fidèles jusqu'à l'effusion du sang. Leur sang est devenu depuis lors “une semence” pour l'évangélisation en profondeur de la République démocratique du Congo et de toute l'Eglise».
L’invocation pour la paix a été répétée également au cours de la prière des fidèles, quand plusieurs prêtres et fidèles laïcs se sont alternés pour élever des prières d’intentions pour les personnes qui souffrent à cause de la guerre et pour les persécutés à cause de la foi. N’ont pas manqué des prières pour les pauvres, les jeunes et pour l’unité de l’Eglise.
Au cours de la célébration, accompagnée de chants entonnés dans les diverses langues locales, ont été portées en processions à l’autel les reliques des quatre martyrs, correspondant à de petits fragments de leur corps, qui seront ensuite transférées solennellement dans la paroisse de Sainte-Marie Mère et Reine à Kavimvira, dans le même lieu où est enterré Mgr Danilo Catarzi (1918-2004), missionnaire xavérien et premier évêque d’Uvira.
Que l’exemple des nouveaux bienheureux, tel a été le souhait de conclusion du cardinal Ambongo, «fasse fleurir dans nos cœurs, dans nos familles et dans nos communautés les grâces de la foi, de l’espérance, de la charité et de la paix».
Isabella Piro