· Cité du Vatican ·

Des enfants pris pour cibles par la guerre

Ils n’étaient pas là par hasard

 Ils n’étaient pas là par hasard  FRA-028
11 juillet 2024

 

Un hôpital pédiatrique et une école. Les enfants. Les enfants comme cible. En réalité, on les appelle casualties: des victimes collatérales, pour indiquer les «pertes» de guerre qui ne sont pas liées directement aux cibles militaires. Ce terme possède une nuance tragiquement ironique parce qu’il fait référence au hasard, comme s’il s’agissait de personnes qui se trouvaient «par hasard» au mauvais endroit et au mauvais moment. Comme si les enfants étaient à l’hôpital ou à l’école par hasard.

Les enfants. En Occident, on n’en engendre plus, on choisit de se consacrer à autre chose ou encore, si «par hasard» ils arrivent, le processus vital en cours est interrompu et ils deviennent des rebuts, d’autres victimes collatérales, d’autres casualties. C’est ce qui se passe en Occident. Dans le reste du monde, en Europe de l’est comme en Terre Sainte, les enfants deviennent les cibles plus ou moins directes des armes qui frappent à distance. Souvent guidées par des «intelligences» non humaines mais artificielles. C’est pour cela aussi que le Pape s’est écrié, lors de la session du g7 le 14 juin dernier à Bari, qu’«aucune machine ne devrait jamais choisir d’ôter la vie à un être humain», en demandant donc «d’interdire l’usage des armes autonomes létales». Toujours le Pape, précisément hier, a exprimé dans un communiqué toute sa douleur pour le fait que des lieux comme un hôpital pédiatrique (à Kiev) et une école (à Gaza) ont été pris pour cible et frappés, provoquant la terreur et la mort parmi les petits «hôtes» qui emplissent chaque jour ces lieux. N’est-ce pas là le signe évident de la déshumanisation à laquelle conduit toute guerre? Existe-t-il en effet des lieux «plus humains» qu’un hôpital ou une école? Ce sont des lieux où des êtres humains prennent soin de leurs semblables, d’autres personnes en difficulté parce que malades ou parce que plus jeunes et inexpertes, et qui ont donc besoin d’être accompagnées pour être introduites à la vie. A la vie.

On ne peut pas bombarder les hôpitaux, les écoles. Et si nous y réfléchissons bien, on ne peut rien bombarder, à la limite les arsenaux, ceux des autres et les siens. Et pourtant, on continue de bombarder et depuis le début des conflits, plus de 500 enfants en Ukraine et plus de 15.000 à Gaza sont morts sous les bombes.

Fiodor Dostoïevski, le grand romancier russe, soulevait le scandale de la souffrance et de la mort des enfants, en définissant la douleur innocente comme le «roc» de la négation de la foi en Dieu, de l’athéisme. On attribue à ce même romancier cette phrase: «Quand un homme a de gros problèmes, il devrait s’adresser à un enfant; ce sont eux, d’une façon ou d’une autre, qui possèdent le rêve et la liberté». Un rêve et une liberté que les enfants possèdent jusqu’à ce qu’un adulte aveuglé par la haine ne lui les vole de la seule façon possible, non pas en les lui enlevant, mais en leur enlevant, «par hasard», la vie. 

Andrea Monda