· Cité du Vatican ·

Entretien avec l’archevêque d’Addis-Abeba

Aux côtés du peuple éthiopien qui souffre

Sudanese refugees waits in line to collect water at Kumer refugee camp, near Maganan, 70 km from the ...
11 juillet 2024

L’Eglise catholique d'Ethiopie est toujours du côté du peuple qui souffre. C'est ainsi que le cardinal Berhaneyesus Demerew Souraphiel, archevêque métropolite d'Addis-Abeba, a commenté les conflits entre les groupes religieux et le gouvernement fédéral qui frappent l'Ethiopie, dans une interview accordée aux médias vaticans. Du conflit officiellement terminé au Tigré à ceux en Oromia et en Amhara. «En tant qu'Eglise, nous ne soutenons aucun des deux camps mais nous sommes aux côtés du peuple qui souffre», affirme le cardinal. «Nous sommes pour l'assistance sociale et la recherche de réconciliation après la guerre, lors-qu'il faut non seulement faire la paix, mais aussi guérir les traumatismes de ceux qui ont souffert directement de la guerre, comme les femmes victimes d'abus et les enfants qui ont perdu leur famille. C'est important et cela ne se fait pas seulement au niveau d'une petite Eglise, mais avec le soutien de l'Eglise universelle. Cela peut se faire avec les nombreux missionnaires qui œuvrent avec nous et qui viennent du monde entier».

Il y a plus de 500 ans, les chrétiens d'Ethiopie se sont rendus à Alexandrie, en Egypte, pour prier sur la tombe de saint Marc, puis à Jérusalem pour prier au Golgotha, avant de prendre un bateau pour Rome, afin de se rendre sur les tombes des saints Pierre et Paul et des martyrs, et de se reposer à l'endroit qui est encore aujourd'hui le Collège éthiopien au Vatican. «Nous sommes ici pour poursuivre l'histoire de cet ancien pèlerinage», a expliqué le cardinal Berhaneyesus Demerew Souraphiel, en visite ad limina à Rome avec 12 autres évêques et un prêtre de l'Eglise catholique éthiopienne. Après avoir prié dans les quatre basiliques majeures de Rome, les évêques ont visité les dicastères de la Curie et ont été reçus par le Pape vendredi 28 juin. «Il nous a reçus avec beaucoup de simplicité et d'humilité», raconte-t-il, «nous l'avons également remercié pour son soutien pendant les guerres et les conflits dans le pays, dont il a parlé dans les appels après l'Angélus. Nous l'avons remercié et lui avons demandé de continuer de prier pour nous».

«Nous avons présenté la situation de l'Ethiopie du point de vue des jeunes, car sur 120 millions d'habitants, 70% sont des jeunes qui veulent améliorer leur vie et celle de leurs proches. Ils voient à la télévision et sur les réseaux sociaux comment d’autres parties du monde vivent. Beaucoup vont dans les pays arabes où, malheureusement, ils souffrent parce qu'ils ne sont pas préparés à travailler comme domestiques. D'autres veulent aller en Afrique du Sud, où la situation est un peu mieux, mais il y a des problèmes là-bas aussi. D'autres encore se dirigent vers le nord et tentent d'atteindre l'Europe en passant par le Soudan et la Libye» ajoute le cardinal Souraphiel. «Au xixe siècle», continue-t-il, «de nombreux Européens ont émigré et certains endroits en Europe étaient prêts à les accueillir et à les aider, mais tout cela a disparu aujourd'hui. Le Pape François le sait». «Nous devons» donc «faire quelque chose pour aider les gens, que ce soit en Afrique, en Syrie ou dans d'autres pays».

«Lorsque quelque chose concerne les pauvres», poursuit l'archevêque d'Addis-Abeba en rappelant les paroles que le Souverain Pontife leur a adressées, «nous devons être proches d'eux: nous sommes proches des enfants, qui souffrent beaucoup quand ils ne vont pas à l'école parce que les écoles sont détruites, nous sommes proches des mères qui ne peuvent pas aller à l'hôpital parce qu'ils sont tous détruits et des personnes âgées qui sont déplacées de leurs villages et vivent comme des étrangers». Les fidèles de l'Eglise catholique éthiopienne représentent environ 2% des 120 millions d'habitants. La majorité des habitants de l'Ethiopie sont chrétiens: plus de 45% sont orthodoxes et environ 18-20% sont protestants. «Nous avons la responsabilité d'être la lumière et le sel dans ce grand pays», dit le cardinal Souraphiel. «Nous sommes en deuxième position pour les services sociaux que nous offrons, tels que les écoles, les centres de santé ou les centres gérés par les religieuses de Mère Teresa, ou les chefs d'établissement pour le développement ou l'assistance humanitaire, tels que la Caritas. Dans tout cela, nous sommes appelés à être la lumière et le sel, comme Jésus nous l'a dit. Ce n'est pas facile, mais nous es-sayons».

Michele Raviart