L’envoi signifié au prophète Ezéchiel n’est pas une sinécure: «Les fils ont le visage dur, et le cœur obstiné; c’est à eux que je t’envoie». Mission à haut risque, réception plus qu’incertaine: «qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas (…) ils sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux». Porter la Parole est un exercice périlleux qui met en butte à la contradiction et au rejet. «Nous sommes rassasiés du rire des satisfaits, du mépris des orgueilleux» dit le psaume qui répond à la première lecture. La page d’évangile à laquelle elle fait écho nous montre Jésus mal accueilli «dans son lieu d’origine». «N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie (…)?». «Et ils étaient profondément choqués à son sujet». Croire trop bien connaître peut faire passer à côté de l’essentiel. Si nous regardons tout ce que nous croyons «savoir» de Jésus, une religiosité installée peut empêcher la surprise d’une relation à Lui où nous sommes déplacés. «Et il s’étonna de leur manque de foi». La Foi est-elle du côté de ce que nous croyons connaître et qui nous rassure ou dans la confiance risquée qui nous éprouve, nous met en route? Le texte de Paul me semble nous orienter clairement vers la deuxième option, une aventure où nous lâchons prise et misons sur la grâce plus que sur nous-mêmes: «Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse». Consentir à la vulnérabilité, accueillir la faiblesse comme le lieu où la grâce peut se déployer, ce n'est pas naturel. Avancer en eaux profondes, en terre inconnue, prendre appui sur la Parole qui nous conduit à quitter notre zone de confort, nos certitudes rassurantes et oser la confiance sans garantie, voilà ce que m’évoque la résonance des textes de ce dimanche. «L’esprit vint en moi et me fit tenir debout» dit le texte d’Ezéchiel, rappelant le récit fait par Luc de l’épisode rapporté par Marc dans l’évangile de ce dimanche. Puissent l’Esprit et la confiance en la Parole nous faire tenir debout!
* Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer
Mes défaites et ma foi adulte
Je suis invité à voir et à accepter mes défaites;
enfin m’aimer malgré mes défauts, mes manques; je m’estime,
m’ouvre à une foi adulte, à l’accueil de Dieu en mon intime;
j’agis, réponds à ton appel; ta prière est satisfaite!
Mes échecs et ma foi
Comme Jésus, j’ai et je subis des échecs, ils jonchent mes jours;
notre Père, malgré eux, m’aime comme un fils adoptif, pour toujours.
mon Je est fraternel je te sers et fais taire mon ego;
être une bonté offerte est donné à tous par le Très-Haut!
Franck Widro
L’Evangile en poche
Dimanche 7 juillet, xive du temps ordinaire
Première lecture: Ez 2, 2-5;
Psaume: 122
Deuxième lecture: 2 Co 12, 7-10;
Evangile: Mc 6, 1-6.
Bruno Lachnitt*