· Cité du Vatican ·

Allocution à une délégation de la Fédération luthérienne mondiale

Pèlerins d’espérance sur le chemin de la réconciliation

 Pèlerins d’espérance sur le chemin de la réconciliation  FRA-026
27 juin 2024

Etre des «pèlerins d'espérance» sur le chemin de la «réconciliation»: tel est le vœu adressé par le Pape François à une délégation de la Fédération luthérienne mondiale (flm) reçue en audience dans la matinée du jeudi 20 juin, à la Bibliothèque privée du Palais apostolique du Vatican. Nous publions ci-dessous le discours du Souverain Pontife.

Chers frères, chères sœurs!

«Que le Dieu de l'espérance vous donne en plénitude dans votre acte de foi la joie et la paix, afin que l'espérance surabonde en vous par la vertu de l'Esprit Saint» (Rm 15, 13).

Je souhaite la bienvenue à tous les délégués régionaux de la Fédération luthérienne mondiale. Je remercie en particulier le nouveau président, l'évêque Henrik Stubkjær, pour ses paroles agréables et le cadeau qu'il m'a offert. Je salue également la révérende Anne Burghardt, qui a exercé les fonctions de secrétaire générale pendant plusieurs années.

Je vous remercie pour cette visite, que je considère comme un geste important de fraternité œcuménique. C'est pourquoi, dans mon salut d'ouverture, j'ai choisi les paroles de l'apôtre Paul, tirées de l'Epître aux Romains, paroles qui ont accompagné vos récentes consultations. Que le «Dieu de l'espérance» bénisse maintenant aussi notre rencontre. En effet, nous sommes tous des pèlerins de l'espérance, comme le dit aussi la devise de l'Année Sainte 2025.

Il y a trois ans déjà, lorsqu'une autre délégation de la Fédération luthérienne mondiale est venue à Rome, nous avons réfléchi ensemble à l'anniversaire imminent du premier Concile de Nicée en tant qu'événement œcuménique. Et l'année dernière, à l'occasion de l'Assemblée générale de votre Fédération à Cracovie, vous, révérende Burg-hardt, avec mon cher frère le cardinal Koch, avez souligné dans une déclaration conjointe que «l'ancien credo chrétien de Nicée, dont nous célébrerons le 1700e anniversaire en 2025, crée un lien œcuménique qui a son centre dans le Christ» (19 septembre 2023). Dans ce contexte, vous avez rappelé à juste titre un beau signe d'espérance, qui occupe une place particulière dans l'histoire de la réconciliation entre catholiques et luthériens. En effet, avant même la fin du Concile Vatican ii, les chrétiens catholiques et luthériens des Etats-Unis réunis, à Baltimore, ont rendu ensemble ce témoignage: «Le credo selon lequel notre Seigneur Jésus-Christ est le Fils, Dieu né de Dieu, continue de nous garantir que nous sommes vraiment sauvés; car seul celui qui est Dieu peut nous sauver» (The Status of the Nicene Creed as Dogma of the Church, 7 juillet 1965).

Jésus-Christ est le cœur de l'œcuménisme. Il est la miséricorde divine incarnée, et notre mission œcuménique est d'en témoigner. Dans la Déclaration conjointe sur la doctrine de la justification, luthériens et catholiques ont formulé comme objectif commun de «confesser partout le Christ, de placer en lui seul leur confiance car il est le seul médiateur (1 Tm 2, 5s.) par lequel Dieu se donne lui-même dans l’Esprit Saint et offre ses dons renouvelants» (n. 18).

Chers frères et sœurs, 25 ans se sont écoulés depuis la signature de cette déclaration conjointe officielle. Ce qui s'est passé le 31 octobre 1999 à Augsbourg est un autre signe d'espérance dans notre histoire de réconciliation. Gardons-le en mémoire comme quelque chose de toujours vivant. Que le 25e anniversaire soit célébré dans nos communautés comme une célébration de l'espoir. Souvenons-nous que notre origine spirituelle commune est «un seul baptême pour le pardon des péchés» (Credo de Nicée-Constantinople) et continuons avec confiance en tant que «pèlerins de l'espérance». Que le Dieu de l'espérance soit avec nous et continue d'accompagner notre dialogue de vérité et de charité avec sa bénédiction.

Sur ce chemin de l'œcuménisme, je me souviens d'une belle chose du cher évêque Zizioulas. Cet évêque orthodoxe, pionnier de l'œcuménisme, disait qu'il connaissait la date de l'union des chrétiens: le jour du Jugement dernier! Mais d'ici là, disait-il, nous devons marcher ensemble: marcher ensemble, prier ensemble et faire la charité ensemble, en route vers ce jour «hyper-œcuménique» que sera le Jugement dernier. C'est ce qu'il disait. Mgr Zizioulas avait un grand sens de l'humour!

Je vous remercie encore une fois du fond du cœur pour votre visite et je voudrais maintenant vous inviter à prier ensemble le Notre Père, chacun dans sa propre langue. Je vous remercie.