Etonnante imbrication de deux récits. Un notable nommé Jaïre demande de l’aide à Jésus pour sa «petite fille» dont on verra qu’elle n’est pas si petite, comme si un amour trop possessif l’empêchait d’accéder à l’âge d’une vie féconde. Elle est «à toute extrémité». Il y a urgence absolue. Jésus se met en route «et la foule qui le suivait était si nombreuse qu’elle l’écrasait». Les conditions ne sont pas optimales pour aller vite. Survient alors une femme qui va ralentir l’action et retenir sur elle l’attention de Jésus. Un indice retient notre attention: le chiffre douze. Elle avait des pertes de sang depuis douze ans, et à la fin, la «jeune fille» (et non plus «petite») se met à marcher car elle avait douze ans. Lien énigmatique entre les deux récits mais elle aussi est maintenue hors de la fécondité par son hémorragie.
Autre sujet d’étonnement, lorsque cette femme touche le manteau de Jésus, en se cachant, par derrière, elle ressentit «à l’instant» dans son corps qu’elle était guérie de son mal. Etonnante réaction de Jésus qui «aussitôt se rendit compte qu’une force était sortie de lui». C’est comme si elle avait détourné à son profit, presque par effraction, cette force destinée à la fille de Jaïre. Et Jésus qui demande qui l’a touché alors que tout le monde le presse. Alors la femme comme prise en flagrant délit de vol de guérison tombe à ses pieds. La parole de Jésus nous surprend plus encore: «Va en paix et sois guérie de ton mal». Or le narrateur vient de nous dire qu’elle est déjà guérie! A moins qu’il ne faille recevoir et non dérober et que la parole «ta foi t’a sauvée» qui révèle ce qui s’est joué permette précisément d’aller en paix. En cours de route arrive la nouvelle que la fillette est morte. Mais Jésus ne renonce pas, même si arrivé sur place il est en butte aux moqueries. «Ne crains pas, crois seulement». Puissions-nous chacune et chacun entendre pour soi-même l’invitation à une confiance radicale en la Parole qui nous relève.
* Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer
La guérison et mes croix
Je porte ma croix, mon handicap et certaines tristes maladies,
et veux toucher le Christ en mon âme; Jésus, grâce à Dieu,
peux me guérir, comme Il lui semble, en mon être déconfit:
Il guérit mes maux ou mes peurs; je crois à des jours radieux!
Ma foi et un destin radieux
Par ma foi, j’accueille l’Action de l’Esprit Saint en moi inscrit,
l’existence d’une vraie Vie d’apôtre me tenant éveillé;
cela me fait espérer à un futur ensoleillé,
et vaincre une fausse idée, celle d’un destin déjà écrit!
Franck Widro
L’Evangile en poche
Dimanche 30 juin, xiiie du Temps ordinaire
Première lecture: Sg 1, 13-15; 2, 23-24;
Psaume: 29
Deuxième lecture: 2 Co 8, 7.9.13-15;
Evangile: Mc 5, 21-43.
Bruno Lachnitt*