· Cité du Vatican ·

Dans un livre le Pape François rappelle la figure de Benoît xvi

Il a continué d’accompagner l’Eglise et son successeur

 Il a continué d’accompagner l’Eglise  et son successeur  FRA-026
27 juin 2024

La version italienne du livre du Pape François Il successore. I miei ricordi di Benedetto xvi en dialogue avec Javier Martínez-Brocal (Marsilio Editori, Venise 2024, 256 pages, 18 euros) a été publiée mardi 18 juin. Le livre — qui reconstruit les relations du Pape Jorge Bergoglio avec le Souverain Pontife émérite Joseph Ratzinger et les scandales Vatileaks qui ont secoué l'Eglise — est le résultat de dialogues personnels qui ont eu lieu de juillet 2023 jusqu'en 2024, mais aussi d'un certain nombre d'échanges de correspondance entre l'Evêque de Rome et le vaticaniste espagnol du quotidien abc et de la chaîne de télévision espagnole La Sexta. Nous publions ci-dessous le chapitre intitulé «Docteur de l'Eglise».

Benoît xvi vous a-t-il donné des pistes de réflexion sur l'exercice pratique de la papauté émérite?

Aucune. Il se sentait très libre, et moi aussi.

Lorsque vous avez annoncé à l'audience générale que Benoît était très malade, vous avez utilisé une expression curieuse. Vous avez dit: «Il soutient l’Eglise dans le silence». A quoi faisiez-vous référence?

A tout. Bien sûr, il n'était pas d'accord avec certaines de mes décisions, mais avec son silence, il les a toujours respectées. Pour cela, il faut de la sainteté et beau-coup de courage.

Je lis une phrase tirée de l'interview que vous avez accordée à abc le 18 décembre 2022, deux semaines seulement avant le décès du Pape émérite: «Pour moi, Benoît xvi est un saint». Quelle sorte de sainteté voyez-vous en lui?

L'harmonie et la cohérence. Harmonie avec la vie, parce qu'il n'était pas du genre à provoquer des ruptures: il recherchait toujours l'harmonie. Une harmonie cohérente.

Beaucoup admirent Joseph Ratzinger parce qu'il était un grand théologien. Vous avez vous-même souligné que le centre de sa vie était son «profond enracinement en Dieu».

J'ai écrit cela il y a quelques années dans la préface d'un livre sur Benoît (Joseph Ratzinger/Benoît xvi, Enseigner et apprendre l'amour de Dieu. Textes choisis. Le sacerdoce, vol. 1, Plans-sur-Bex, éditions Parole et Silence, 2016). J'ai dit qu'il était avant tout un prêtre, un homme de Dieu. On pouvait voir qu'il était amoureux de Dieu et qu'il lui accordait une valeur prééminente. Du point de vue de la foi, si cet enracinement en Dieu fait défaut, le prêtre est réduit à un commis, l'évêque à un bureaucrate et l'Eglise à une ong superflue.

Y a-t-il une question que vous auriez aimé poser à Benoît mais que vous n'avez jamais posée?

Pour l'instant, aucune ne me vient en tête.

J'ai pensé que pour compléter ce volume, nous pourrions inclure quelques discours clés de ces années dans lesquels Benoît a parlé de vous ou vous de Benoît.

Bien sûr, vous avez la permission de les publier. Il est important que l'on s'en souvienne.

Pensez-vous que Benoît xvi recevra le titre de Docteur de l'Eglise?

Actuellement, les nominations de nouveaux Docteurs de l'Eglise sont, disons, suspendues en raison de la maladie dont souffrent les congrégations religieuses, à savoir l'insistance pour que leurs fondateurs soient proclamés Docteurs de l'Eglise. J'y ai mis un terme, car si l'on commence à attribuer ce titre à tout le monde, il perd son sens. J'avoue que cela prend du temps. Mais il est évident que Benoît xvi a toutes les caractéristiques pour être proclamé Docteur de l'Eglise.

Comment aimez-vous vous souvenir de lui?

Comme un homme bon. C'est le premier mot qui me vient à l'esprit. Je dirais qu'il était un homme bon.

Et comment aimeriez-vous que les autres se souviennent de Benoît xvi?

Comme l'homme qu'il a été: un homme qui a eu le courage de renoncer et qui, depuis lors, a continué à accompagner l'Eglise et son successeur.