Chers frères et sœurs, bonjour!
En préparation au prochain Jubilé, j’ai invité à consacrer l'année 2024 «à une grande “symphonie” de prière» [Lettre à Mgr Fisichella pour le Jubilé 2025 (11 février 2022)]. Dans la catéchèse d'aujourd'hui, je voudrais rappeler que l'Eglise possède déjà une symphonie de prière dont le compositeur est l'Esprit Saint, et c'est le Livre des Psaumes.
Comme dans toute symphonie, il y a divers «mouvements », c'est-à-dire divers genres de prière: louange, action de grâce, supplication, lamentation, narration, réflexion sapientielle, et autres, aussi bien dans la forme personnelle que dans la forme chorale de tout le peuple. Ce sont les chants que l'Esprit lui-même a mis sur les lèvres de l'Epouse, l’Eglise. Tous les Livres de la Bible, je le rappelais la dernière fois, sont inspirés par l'Esprit Saint, mais le Livre des Psaumes l'est aussi en ce sens qu'il est rempli d'inspiration poétique.
Les Psaumes ont eu une place privilégiée dans le Nouveau Testament. En fait, il y a eu et il y a encore des éditions qui contiennent ensemble le Nouveau Testament et les Psaumes. Sur mon bureau, j'ai une édition ukrainienne du Nouveau Testament et des Psaumes, d’un soldat mort à la guerre, qui m'a été envoyée; il priait au front avec ce livre. Les chrétiens et encore moins l'homme moderne ne peuvent pas reprendre et s’approprier tous les psaumes — ni tout dans chaque psaume. Ils reflètent parfois une situation historique et une mentalité religieuse qui ne sont plus les nôtres. Cela ne signifie pas qu'ils ne sont pas inspirés, mais qu'à certains égards, ils sont liés à une époque et à un stade provisoire de la révélation, comme c'est aussi le cas pour une grande partie de la législation ancienne.
Ce qui recommande le plus les psaumes à notre acception, c'est qu'ils ont été la prière de Jésus, de Marie, des apôtres et de toutes les générations chrétiennes qui nous ont précédés. Lorsque nous les récitons, Dieu les entend dans la grandiose «orchestration» qu'est la communion des saints. Jésus, selon la Lettre aux Hébreux, entre dans le monde avec dans le cœur un verset de psaume: «Voici que je viens faire ta volonté, ô Dieu» (cf. He 10, 7; Ps 40, 9); et il quitte le monde, selon l'Evangile de Luc, avec un autre verset sur les lèvres: «Père, entre tes mains je remets mon esprit» (Lc 23, 46; cf. Ps 31, 6).
L'usage des psaumes dans le Nouveau Testament est suivi par celui des Pères et de toute l'Eglise, ce qui en fait un élément fixe de la célébration de la Messe et de la Liturgie des Heures. «Toute l'Ecriture Sainte respire la bonté de Dieu, dit Saint Ambroise, mais en particulier le doux livre des psaumes» [Commentaire des Psaumes i , 4, 7: csel 64,4-7]. Le doux livre des psaumes. Je me pose la question: Priez-vous parfois avec les psaumes? Prenez la Bible et priez un psaume. Par exemple, quand vous êtes un peu triste parce que vous avez péché, priez-vous le psaume 50? Il y a beaucoup de psaumes qui nous aident à aller de l'avant. Prenez l'habitude de prier les psaumes, je vous assure que vous serez heureux à la fin.
Mais nous ne pouvons pas nous contenter seulement de vivre de l'héritage du passé: il nous faut faire des psaumes notre prière. Il a été écrit que, dans un certain sens, nous devons devenir nous-mêmes «auteurs» des psaumes, les faisant nôtres et en priant avec [Giovanni Cassiano, Con-lationes, x , 11: sch 54, 92-93]. S'il y a des psaumes, ou simplement des versets, qui parlent à notre cœur, il est bon de les répéter et de les prier pendant la journée. Les psaumes sont des prières «pour toutes les saisons»: il n'y a pas d'état d'âme ni de besoin qui ne trouve en eux les meilleurs mots pour se transformer en prière. A la différence de toutes les autres prières, les psaumes ne perdent pas leur efficacité à force d'être répétés, plus encore, celle-ci est accrue. Pourquoi? Parce qu'ils sont inspirés par Dieu et qu'ils «respirent» Dieu, chaque fois qu'on les lit avec foi.
Si nous nous sentons accablés par le remords et la culpabilité, parce que nous sommes pécheurs, nous pouvons répéter avec David: «Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde» (Ps 51 (50), 3). Si nous voulons exprimer un lien personnel fort avec Dieu, disons: «Dieu, tu es mon Dieu,/je te cherche dès l'aube:/mon âme a soif de toi;/après toi languit ma chair,/terre aride, altérée, sans eau» (Ps 63 (62), 2). Ce n'est pas pour rien que la liturgie a inclus ce psaume dans les Laudes des dimanches et des solennités. Et si la peur et l'angoisse nous assaillent, ces merveilleuses paroles viennent à notre secours: «Le Seigneur est mon berger [...]. Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal» (Ps 23 (22), 1.4).
Les Psaumes nous permettent de ne pas appauvrir notre prière en la réduisant uniquement à des demandes, à un continuel «donne-moi, donne-nous...». Apprenons de notre Père qui, avant de demander le «pain quotidien», dit: «Que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite». Les psaumes nous aident à nous ouvrir à une prière moins centrée sur nous-mêmes: une prière de louange, de bénédiction, d'action de grâce; ils nous aident aussi à être la voix de toute la création, en l'associant à notre louange.
Frères et sœurs, que l'Esprit Saint, qui a donné à l'Eglise-Epouse les mots pour prier son divin Epoux, nous aide à les faire résonner dans l'Eglise d'aujourd'hui et à faire de cette année préparatoire au Jubilé une vraie symphonie de prière. Merci!
Lors du salut en langue italienne, le Pape a lancé les appels suivants:
Demain, sera célébrée la Journée mondiale du réfugié, promue par les Nations unies. Que ce soit l'occasion de porter un regard attentif et fraternel sur tous ceux qui sont contraints de fuir leur foyer à la recherche de paix et de sécurité. Nous sommes tous appelés à accueillir, promouvoir, accompagner et intégrer ceux qui frappent à nos portes. Je prie pour que les Etats s'efforcent d'assurer des conditions humaines aux réfugiés et de faciliter les processus d'intégration.
Je salue l'Association des «Amis du cardinal Celso Costantini», accompagnée de l'évêque du diocèse de Concordia-Pordenone Giuseppe Pellegrini, à l'occasion du 100e anniversaire du Concilium Sinense de Shanghai. Cela me fait également penser au cher peuple chinois. Prions toujours pour ce peuple noble et si courageux, qui possède une si belle culture. Prions pour le peuple chinois.
Après-demain, nous célébrerons la mémoire liturgique de saint Louis de Gonzague, qui a aimé la vie et a dépensé celle-ci pour les grands idéaux chrétiens; qu'il vous aide à redécouvrir la vocation à la sainteté dans le don généreux à Dieu et à nos frères et sœurs.
Frères et sœurs, continuons à prier pour la paix. La guerre est toujours une défaite, dès le début. Prions pour la paix dans l’Ukraine martyrisée, en Terre Sainte, au Soudan, en Birmanie et partout où les gens souffrent de la guerre. Prions tous les jours pour la paix! A vous tous va ma bénédiction!
Parmi les pèlerins qui assistaient à l’audience générale, se trouvaient les groupes francophones suivants:
De France: Sœurs de Notre-Dame de La Salette, de Fontaines Saint-Martin; Junioristes de la Congrégation des Sœurs du Christ; étudiants de Saint-Nizier.
Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les étudiants de Saint–Nizier et les Sœurs de Notre-Dame de La Salette, venus de France.
Que la «grande symphonie de la prière» des Psaumes vous fasse expérimenter la beauté de la communion avec l'Eglise-Epouse qui, à travers l'Esprit Saint, prie son divin Epoux. Que Dieu vous bénisse!