Les théologiennes italiennes et une autre manière d'habiter le monde

Les théologiennes italiennes de la CTI, la Coordination qui regroupe près de deux cents membres femmes et quelques hommes, ont tenu leur séminaire annuel à Rome. Le titre du séminaire de cette année est certes un programme, mais aussi une préoccupation, une tension, une perspective : « La juste limite. Les stratégies de la violence, les possibilités de paix ». Un autre exemple concret de la manière dont les théologiennes contribuent activement au débat sur les questions contemporaines cruciales. En ces temps de guerres et de « pratiques de domination sans scrupules », le séminaire s'annonçait comme « une journée de réflexion et de débat sur les possibilités d'ouvrir des brèches pour trouver une autre manière d'habiter le monde ».

Les conférences ont été confiées à Emanuela Buccioni, bibliste ; Cristina Simonelli, historienne de l'Eglise et professeur de théologie patristique ; Letizia Tomassone, pasteure de l'Eglise vaudoise ; Donata Horak, professeurz de droit canonique ; Vincenzo Rosito, professeur de philosophie politique et sociale ; Stella Morra, professeure de théologie fondamentale.
« La définition de la limite est la question centrale que la théologie doit se poser », a déclaré Stella Morra. « Le 'à partir de maintenant' n'est plus tolérable ».

Les théologiennes italiennes sont une voix précise et spécifique dans le débat sur le rôle des femmes dans l'Eglise. Certaines d'entre elles –  la présidente Lucia Vantini (sur la photo de Silvia Zanconato) ainsi que Stella Morra, mais pas seulement –  font partie des femmes écoutées ces derniers mois par le Pape au sein du C9, le conseil des cardinaux que François a mis en place quelques mois après son élection au pontificat, pour être aidé et conseillé dans la gouvernance et sur les questions de l'Eglise.
Les femmes au C9 représentent « une pratique absolument nouvelle : cinq réunions au cours desquelles les cardinaux et le Pape écoutent les femmes. Ils ne parlent pas des femmes, mais ils écoutent les femmes parler de leurs propres problèmes et se laissent interpeller", comme l'a souligné Sœur Regina da Costa Pedro, missionnaire de l'Immaculée Conception et directrice des Œuvres pontificales missionnaires (Pom) au Brésil, après avoir dialogué avec François et les cardinaux.

Les théologiennes de la Coordination née il y a 20 ans accueillent et expriment avec sagesse les demandes des femmes dans l'Eglise, de l'Eglise envers les femmes dans la société, et vice versa. Elles élaborent également une pensée qui est à la base d'une réflexion importante et qui ouvre des processus.
Depuis des années, elles éditent et publient les collections sui generis, Teologhe e Teologie, Exousia, De Genere, avec des titres adaptés aux temps, qui interrogent les problèmes de l'ici et  maintenant. Il s'agit de titres tels que Justice réparative : itinéraires bibliques et méditation humaniste de Donata Horak et Foi et féminisme. Essais œcuméniques, sous la direction de B. Diane Lipsett, Phyllis Trible Renata Bedend, avec une préface de Letizia Tomassone.