Un exode sans fin

Au Soudan, tout comme en République démocratique du Congo et dans la bande de Gaza, elles n'ont plus de foyer, car elles ont été obligées de l'abandonner à cause des violences, des conflits et des catastrophes naturelles. Elles font partie des quelque 76 millions de personnes déplacées enregistrées en 2023 selon les données rendues publiques lundi 13 mai par l'observatoire de l'Internal Displacement Monitoring Centre (idmc) à Genève, une ong chargée de mesurer les déplacés internes à l'échelle mondiale.

Dans le rapport annuel de l'organisation, fondée en 1998 comme organisme du Norwegian refugee council (Con-seil norvégien pour les réfugiés), le nombre de déplacés internes s'élève à 75.9 millions, un niveau record si l'on considère — souligne l'idmc — que ce chiffre a augmenté de 50% au cours des cinq dernières années et qu'à la fin de 2022, année de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, il était légèrement supérieur à 71 millions.

A la différence des réfugiés qui fuient un pays pour s'installer ailleurs, les déplacés internes restent dans leur lieu de vie d'origine mais sont contraints de se déplacer, parfois à plusieurs reprises, comme cela s'est produit à Rafah ou dans l'est de la République démocratique du Congo: les violences et les conflits sont les causes principales de ces déplacements forcés (68.3 millions), tandis que les catastrophes naturelles, comme les inondations ou les tremblements de terre, ont contraint 7.7 millions de personnes à fuir.

Selon l'observatoire de l'idmc, près de la moitié des personnes déplacées vivent en Afrique subsaharienne. Avec 9.1 millions de déplacés internes, le Soudan -compte le plus grand nombre jamais enregistré au sein d'un seul pays depuis 2008: depuis que la guerre a éclaté entre l'armée de Khartoum et les paramilitaires en avril 2023, l'onu estime que plus de 8.6 millions de Soudanais ont été contraints de fuir leur foyer dans un exode sans fin qui, trop souvent, caractérise les guerres dites «oubliées».