· Cité du Vatican ·

Le Pape poursuit ses réflexions sur les vertus théologales

Le grand ennemi de la foi n’est pas la raison mais la peur

 Le grand ennemi de la foi n’est pas la raison mais la peur  FRA-018
02 mai 2024

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd'hui, je voudrais parler de la vertu de foi. Avec la charité et l'espérance, cette vertu est appelée vertu «théologale». Les vertus théologales sont au nombre de trois: foi, espérance et charité. Pourquoi sont-elles théologales? Parce qu’on ne peut les vivre que grâce au don de Dieu. Les trois vertus théologales sont les grands dons que Dieu fait à notre capacité morale. Sans elles, nous pourrions être prudents, justes, forts et tempérants, mais nous n'aurions pas des yeux qui voient même dans l'obscurité, nous n'aurions pas un cœur qui aime même quand il n'est pas aimé, nous n'aurions pas une espérance qui ose contre toute espérance.

Qu'est-ce que la foi? Le Catéchisme de l'Eglise catholique nous explique que la foi est l'acte par lequel l'être humain s'abandonne librement à Dieu (n. 1814). Dans cette foi, Abraham a été le Grand père. Lorsqu'il accepta de quitter la terre de ses ancêtres pour aller vers celle que Dieu lui montrerait, il aura sans doute été jugé fou: pourquoi quitter le connu pour l'inconnu, le certain pour l'incertain? Mais pourquoi faire cela? Est-il fou? Mais Abraham s'est mis en route, comme s'il voyait l'invisible. C’est ce que dit la Bible d’Abraham: «Il alla comme s’il voyait l’invisible». Cela est beau. Et c'est encore cet invisible qui le fera monter sur la montagne avec son fils Isaac, le seul fils de la promesse, qui ne sera épargné qu'au dernier moment du sacrifice. Dans cette foi, Abraham devient le père d'une longue lignée d'enfants. La foi l’a rendu fécond.

L'homme de foi sera Moïse, qui, acceptant la voix de Dieu même lors-que plus d'un doute pouvait l'ébranler, a continué à tenir bon et à faire confiance au Seigneur, et a même défendu le peuple qui en revanche manquait si souvent de foi.

Une femme de foi sera la Vierge Marie qui, en recevant l'annonce de l'Ange, que beaucoup auraient rejetée comme étant trop difficile et risquée, a répondu: «Je suis la servante du Seigneur; qu'il m'advienne selon ta parole» (Lc 1, 38). Et le cœur plein de foi, le cœur plein de confiance en Dieu, Marie part sur une route dont elle ne connaît ni le tracé, ni les dangers.

La foi est la vertu qui fait le chrétien. Car être chrétien, ce n'est pas d'abord accepter une culture, avec les valeurs qui l'accompagnent, mais être chrétien signifie accueillir et chérir un lien, un lien avec Dieu: Dieu et moi; ma personne et le visage aimable de Jésus. Ce lien est ce qui nous rend chrétiens.

En parlant de foi, un épisode de l'Evangile me vient à l'esprit. Les disciples de Jésus traversent le lac et sont surpris par la tempête. Ils pen-sent s'en sortir à la force de leurs bras, avec les ressources de l'expérience, mais la barque commence à se remplir d'eau et ils sont pris de panique (cf. Mc 4, 35-41). Ils ne se rendent pas compte qu'ils ont la solution sous les yeux: Jésus est là, avec eux, dans la barque, au milieu de la tempête, et Jésus dort, dit l’Evangile. Lorsqu'ils le réveillent enfin, effrayés et même en colère parce qu'il les a laissés mourir, Jésus les réprimande: «Pourquoi avez-vous peur? N'avez-vous pas encore la foi?» (Mc 4, 40).

Voilà donc le grand ennemi de la foi: non pas l'intelligence, non pas la raison, comme certains continuent hélas à le répéter de manière obsessionnelle, mais le grand ennemi de la foi est la peur. C'est pourquoi la foi est le premier don à accueillir dans la vie chrétienne: un don qu'il faut accueillir et demander chaque jour, pour qu'il se renouvelle en nous. Apparemment, c'est un petit don, mais c'est l'essentiel. Lorsque nous avons été portés sur les fonts baptismaux, nos parents, après avoir annoncé le nom qu'ils avaient choisi pour nous, se sont vus demander par le prêtre — c’est ce qui arrive lors de notre baptême —: «Que demandez-vous à l'Eglise de Dieu?». Et les parents ont répondu: «La foi, le baptême!».

Pour un parent chrétien, conscient de la grâce qu'il a reçue, c'est le don à demander aussi pour son enfant: la foi. Avec elle, un parent sait que, même au milieu des épreuves de la vie, son enfant ne se noiera pas dans la peur. Oui, l’ennemi est la peur. Il sait aussi que, lorsqu'il cessera d'avoir un parent sur cette terre, il continuera d'avoir un Dieu Père dans les cieux, qui ne l'abandonnera jamais. Notre amour est si fragile, seul l'amour de Dieu surmonte la mort.

Certes, comme le dit l'apôtre, la foi n'est pas l'apanage de tous (cf. 2 Th 3, 2), et même nous, qui sommes croyants, nous nous rendons souvent compte que nous n'en avons qu'une petite parcelle. Jésus peut souvent nous reprocher, comme à ses disciples, d'être des «hommes de peu de foi». Mais c'est le don le plus heureux, la seule vertu qu'il nous est permis d'envier. Car celui qui a la foi est habité par une force qui n'est pas seulement humaine; en effet, la foi «fait jaillir» en nous la grâce et ouvre l'esprit au mystère de Dieu. Comme l'a dit un jour Jésus: «Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous auriez dit au mûrier que voilà: “Déracine-toi et va te planter dans la mer”, et il vous aurait obéi!» (Lc 17, 6). C'est pourquoi nous aussi, comme les disciples, nous lui répétons: «Seigneur, augmente en nous la foi!» (cf. Lc 17, 5). C’est une belle prière! Voulez-vous que nous la disions tous ensemble? «Seigneur, augmente en nous la foi!». Répétons-la ensemble: [tous] «Seigneur, augmente en nous la foi!». Trop bas, un peu plus fort: [tous] «Seigneur, augmente en nous la foi!». Merci.

A l’issue de l’audience générale, le Saint-Père a lancé l’appel suivant:

Et n’oublions pas de prier pour la paix: prions pour les peuples qui sont victimes de la guerre. La guerre est toujours une défaite, toujours. Pen-sons à l’Ukraine martyrisée qui souffre tant. Pensons aux habitants de la Palestine et d’Israël, qui sont en guerre. Pensons aux Rohingyas, à la Birmanie, et demandons la paix. Demandons la vraie paix pour ces peuple et pour le monde entier. Malheureusement, aujourd’hui, les investissements qui engendrent le plus de revenus sont les usines d’armements. Cela est terrible de gagner de l’argent avec la mort. Demandons la paix, que la paix progresse.

Parmi les pèlerins qui assistaient à l’audience générale se trouvaient les groupes francophones suivants:

De France: Paroisse de Ploeuc à Saint-Brieuc; paroisse Sainte-Catherine de Sienne, de Cesson Sevigné; paroisse Littoral-Marseille; paroisse de La Bonne Nouvelle, de Marq-en-Baroeul; pole missionnaire Coulommiers; groupe de pèlerins du diocèse de Le Mans; groupe de pèlerins de Chartres; lycée Jeanne d’Arc, de Bretigny; collège Saint-Joseph, de Fleurance; collège Saint-Vincent, de Paris; collège Alexandre Monnet, de La Réunion.

Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier les paroisses et les jeunes venus de France.

Alors que nous sommes encore, en ce temps de Pâques, dans la mémoire et la joie de la résurrection du Seigneur, demandons-lui la grâce -d’adhérer toujours plus à ce mystère et de nous attacher avec tendresse à sa personne pour le suivre là où il nous conduit. Que Dieu vous bénisse!