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Discours aux membres de la Fondation Sant’Angela Merici, de Syracuse

La capacité de s’émouvoir vainc l’indifférence et l’individualisme

 La capacité de s’émouvoir vainc l’indifférence et l’individualisme  FRA-016
18 avril 2024

«La capacité de pleurer avec ceux qui pleurent» est un antidote à l'indifférence et à l'individualisme qui nous rendent insensibles «au sort de ceux qui sont à nos côtés». C'est à travers ces paroles que le Pape François s'est adressé aux membres de la Fondation Sainte Angela Merici de Syracuse, reçus en audience dans la matinée du samedi 6 avril, dans la salle Clémentine, à l'occasion de son 50e anniversaire. Nous publions ci-dessous le discours prononcé par le Saint-Père:

Chers frères et sœurs, bonjour!

Je suis heureux de vous rencontrer et je vous remercie d'être ici, à l'occasion des 50 ans de la Fondation Sainte Angela Merici de Syracuse qui, poursuivant l'inspiration et l'engagement de Mgr Gozzo, se met quotidiennement au service des personnes les plus fragiles.

Votre histoire, et tout ce que vous faites avec tant de générosité dans les différents centres opérationnels, s'enracine dans l'événement qui a marqué la ville de Syracuse lorsqu'en 1953, une petite image représentant la Vierge Marie a commencé à verser des larmes dans la maison des époux Iannuso. Ce sont les larmes de Marie, notre Mère céleste, pour les souffrances et les peines de ses enfants. Marie pleure pour ses enfants qui souffrent. Ce sont des larmes qui nous parlent de la compassion de Dieu pour nous tous. Nous devons penser à cela: la compassion de Dieu. En effet, Il nous a donné à tous sa Mère, qui verse les mêmes larmes que nous pour que nous ne nous sentions pas seuls dans les moments difficiles. Dans le même temps, à travers les larmes de la Sainte Vierge, le Seigneur veut attendrir nos cœurs qui parfois se sont desséchés dans l'indifférence et endurcis dans l'égoïsme; Il veut rendre notre conscience sensible, afin que nous nous laissions toucher par la douleur de nos frères et que nous soyons émus et remplis de compassion pour eux, nous engageant à les soulager, les relever, les accompagner.

C'est là la richesse de votre histoire, ce sont les racines que vous ne devez pas égarer et, surtout, c'est le sens de votre œuvre. La Fondation, en effet, poursuivant un travail quotidien où se mêlent professionnalisme et esprit de sacrifice, existe pour exprimer à travers des gestes concrets les larmes versées par la Vierge Marie et en même temps son désir maternel d'essuyer les larmes de ses enfants. Et vous, frères et sœurs, vous cherchez à faire précisément cela: essuyer les larmes de ceux qui souffrent, accompagner ceux qui sont dans la douleur, épauler les plus faibles de la société, prendre soin des plus vulnérables, accueillir et héberger ceux qui vivent des situations particulières de fragilité.

Frères et sœurs, le service que vous rendez est précieux, et je voudrais vous dire ceci: la source de votre œuvre est l'Evangile, restez attachés à cette source!

L'Evangile est la source, car Jésus, le premier — ne l'oublions pas — s'est laissé toucher jusqu'au plus profond de ses entrailles face aux souffrances de ceux qu'il rencontrait et, comme nous le rappelle l'évangéliste Jean, à la mort de son ami Lazare «Jésus frémit en son esprit et se troubla» (Jn 11, 33). En même temps, vous êtes le témoignage vivant de cet Evangile, de la compassion de Jésus, quand vous vous employez à accompagner ceux qui sont dans la douleur, exactement comme le Seigneur l'a commandé à ses disciples face aux foules affamées, épuisées et opprimées. Jésus nous demande en effet de ne jamais séparer l'amour pour Dieu de celui pour le prochain, en particulier pour les plus pauvres. Il nous rappelle qu’à la fin nous serons jugés non sur les pratiques extérieures mais sur l'amour que, comme une huile de consolation, nous aurons su verser sur les blessures de nos frères. Il dit: «En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait» (Mt 25, 40).

Très chers amis, je vous encourage à poursuivre votre chemin. Et je demande pour vous une grâce, qui est la plus importante de toutes: la grâce de savoir s’émouvoir, la capacité de pleurer avec ceux qui pleurent. L'indifférence, l'individualisme qui nous rendent insensibles aux sorts de ceux qui sont à nos côtés, et cette anesthésie du cœur qui ne nous fait plus être émus face aux drames de la vie quotidienne, sont les trois pires maux de notre société. S'il vous plaît, n'ayez pas honte de pleurer, d'être ému pour ceux qui souffrent; ne vous épargnez pas dans l'exercice de la compassion envers ceux qui sont les plus fragiles, car c'est dans ces personnes que Jésus est présent.

Allez de l'avant! Et ne vous découragez pas, bien au contraire, rendez grâce si votre travail reste caché et exige un sacrifice silencieux et quotidien: le bien fait à celui qui ne peut le rendre se développe de manière surprenante et inattendue, comme une petite graine cachée dans la terre qui tôt ou tard fait germer une vie nouvelle.

Que la Vierge des Larmes vous protège, vous garde et intercède pour vous. Et, s'il vous plaît, n'oubliez pas de prier pour moi.