L’Eglise qui est aux philippines a vécu Pâques aux côtés des peuples autochtones. Les fidèles ont partagé les rites et les traditions, s'imprégnant de leur culture. Ils ont chanté, dansé et se sont réjouis avec eux. Ils ont passé la Semaine sainte en leur apportant soutien et espoir. «Le Seigneur nous appelle à écouter nos frères et sœurs autochtones, membres de la famille de Dieu, et à répondre à leurs aspirations en tant que membres de notre société»: avait dit la commission pour les peuples autochtones de la conférence épiscopale pendant le carême, dans le but de sensibiliser les gens sur les différentes situations qui, dans plusieurs diocèses et zones de l'archipel, affectent la vie des populations autochtones et mettent leur vie en danger. Mgr Valentin C. Dimoc, vicaire apostolique de Bontoc-Lagawe et président de cette même commission pour les peuples autochtones, a appelé les fidèles à «voyager et danser avec les communautés autochtones», en joignant «les sons sereins et réconfortants des gongs qui résonnent dans le montagnes» ou «là où les eaux vivifiantes coulent vers la mer», faisant référence aux peuples qui vivent à l'intérieur du pays ou dans les zones côtières.
Les quelque 17 millions de membres des communautés autochtones vivant aux Philippines résident principalement au centre de l'île de Luçon (au nord du pays) et sur l'île de Mindanao (au sud de l'archipel), mais sont présents en tant que minorités dans la plupart des autres îles. Ces communautés figurent parmi les plus vulnérables et les plus discriminées, elles souffrent d'une marginalisation économique et politique qui — selon les organisations catholiques — doit être abordée au niveau institutionnel et législatif. L'Eglise catholique (épiscopat, diocèses, associations, mouvements, missionnaires) s'est toujours rangée aux côtés de ces populations, leur offrant l'annonce de l'Evangile, les accompagnant dans le développement socio-économique et culturel, ainsi que dans la lutte pour la survie et le développement.
«Annoncer la seigneurie du Christ Jésus à Pâques signifie défier le pouvoir qui opprime et écrase les faibles. Déclarer que Jésus est vivant signifie prendre soin des pauvres parce que le Christ participe à la vie des gens»: telles sont les paroles qui ont résonné lors des célébrations pascales sur l'île de Palawan où, dans les vicariats apostoliques de Puerto Princesa et de Taytay (les deux districts ecclésiaux qui recouvrent le territoire de l'île), le peuple de Dieu est attentif à la vie et aux besoins des autochtones Cuyonon et Tagbanua. «Pâques, en tant que résurrection de Jésus Christ, suscite l'espérance qu'au milieu des problèmes il y ait une vie nouvelle pour ces peuples vulnérables», ont affirmé les fidèles.
Sur l'île, il y a eu un essor de demandes d'entreprises philippines et étrangères pour l'extraction de nickel et d'autres minéraux dans la région montagneuse de Victoria-Anepahan, où les autoch-tones Tagbanua vivent depuis des générations aux rythmes de la nature, faisant confiance à «Mère Terre» pour toutes leurs nécessités. Les préoccupations soulevées par les communautés ecclésiales incluent la perte de terres et de moyens de subsistance, la réduction de l'approvisionnement en eau d'irrigation et les dommages infligés à un écosystème unique et riche en biodiversité. Les craintes concernant la destruction de l'environnement ont trouvé un écho pendant la Semaine Sainte également à Samar, aux îles Visayas, l'un des trois archipels qui constituent administrativement les Philippines, suscitant des initiatives de prière et de réflexion, inspirées par l'encyclique Laudato si’. Une initiative similaire a été enregistrée dans la province de Negros Occidental, sur l'île éponyme de Negros, également aux Visayas, où les catholiques locaux se battent pour faire obstacle à un projet minier de plusieurs millions de dollars. La communauté diocésaine de San Carlos a lancé un temps spécial de prière et de sensibilisation pour la protection des communautés locales, soulignant l'impact sur le sol, l'air, l'eau et le bien-être général des peuples autochtones.
L'Eglise qui est aux Philippines soutient la reconnaissance des droits des communautés autochtones sur leurs terres et domaines ancestraux, comme élément essentiel de l'autodétermination et de la préservation de leur culture. Les communautés ecclésiales se sont rangées aux côtés des peuples autochtones d’Apayao, au nord de l'île de Luzon, et des provinces de Quezon et de Rizal, dans la partie orientale, qui s'opposent à la construction de barrages sur les fleuves car ils auraient un fort impact sur leur vie. De même, le peuple autoch-tone Ati de l'île de Boracay est confronté à des problèmes liés à la propriété foncière, tout comme les peuples autochtones non musulmans de la région autonome de Bangsamoro à Mindanao. Dans d'autres régions, les projets miniers causent de graves dégâts à l'environnement et aux communautés autochtones. L'Eglise, à travers l'apostolat des peuples autochtones présents dans les différents diocèses, continue de défendre les droits et la dignité de chaque culture (paolo affatato).
Paolo Affatato