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Dans le cimetière de Calais, l’engagement de Caritas France pour donner une digne sépulture aux nombreux migrants musulmans morts noyés dans la Manche

In memoriam

This photograph taken on December 19, 2023, shows a partial view of the North Calais cemetery, in ...
18 avril 2024

Rola était née en Irak et n’avait que 7 ans: une vie trop brève pour en parler au passé. La petite fille est morte noyée le 3 mars dernier, quand l’embarcation de migrants qui la transportait avec sa famille a fait naufrage dans le canal de la Manche. Yasser lui aussi était jeune, il avait 20 ans et était originaire du Soudan. Lui aussi avait entrepris un «voyage de l’espérance» vers la Grande-Bretagne. Mais lui aussi est mort, alors qu’il essayait de monter sur un camion qui traversait la Manche. Le même tragique destin a frappé Behzad, un iranien de 32 ans: son corps sans vie a été a été rejeté par la mer en 2020 et n’a pu être identifié que grâce à un billet de banque soigneusement enveloppé dans un sac en plastique. Il était parti seul sur une petite barque, ramant désespérément pour rejoindre la terre ferme.

Rola, Yasse, Behzad: leurs noms ne sont qu’un exemple du drame constant des migrations. Aujourd’hui, leurs dépouilles reposent dans le cimetière français de Calais, où a été aménagé un espace spécial pour les nombreux migrants partis d’Afrique ou du -Moyen-Orient et noyés dans la Manche. La tombe de Rola est recouverte de fleurs et à côté de la pierre tombale, une main bienveillante a déposé un ours en peluche, comme pour accompagner l’éternel repos de la petite fille.

Mais souvent, a Calais, les tombes des migrants ne sont rien d’autre que de simples monticules de terre surmontés d’une plaque de métal portant un nom et une date. Des détails sur lesquels s’abat l’usure du temps qui passe, qui aplatit tous les monticules jusqu’à ce qu’ils se confondent avec le terrain, effaçant toute trace des disparus. C’est pourquoi, depuis 2022, le Secours catholique - Caritas France, avec d’autres organismes de bénévolat, s’engagent à donner une digne sépulture aux migrants défunts, en maintenant également des contacts avec leurs familles d’origine et en leur fournissant une aide économique pour payer les frais d’obsèques. Et quand on n’arrive pas à remonter au nom de la personne disparue, ni à sa religion, devant la tombe «on fait deux prières, une musulmane et une chrétienne», raconte Mariam Guerey, une bénévole.

Selon les dernières données diffusées par le ministère de l’intérieur britannique, en 2023, 29.437 migrants ont effectué la traversée de la Manche. Un chiffre en baisse, par rapport aux 45.774 de 2022. Le bilan de l’an dernier reste toutefois le deuxième plus élevé jamais enregistré, supérieur à celui de 2021 qui avait dépassé 28.500 unités. Des chiffres derrière lesquels se cachent des vies, des histoires, des visages engloutis par le mer et qu’il ne faut pas oublier. (isabella piro)