· Cité du Vatican ·

Le cardinal Zenari intervient à la 44 e Convention nationale des Caritas diocésaines

90% des Syriens vivent en dessous du seuil de pauvreté

18 avril 2024

Une Eglise en chemin, capable de franchir des portes d’accueil et d’offrir de nouveaux espaces pour expérimenter d’autres manières d’être et de vivre. Tels ont été les thèmes centraux de la 44e convention nationale des Caritas diocésaines organisée à Grado, dans la province de Gorizia en Italie. Un rendez-vous au cours duquel le Centre des congrès a accueilli une série d'assemblées thématiques auxquelles ont participé plusieurs invités. Parmi eux, le cardinal Mario Zenari, nonce apostolique en Syrie, a raconté la situation difficile que la population syrienne, martyrisée par la guerre, est en train de traverser. Il a rappelé le message du Pape lors de sa bénédiction Urbi et Orbi de Pâques, le 31 mars dernier, qui invitait à ne pas oublier les nombreux lieux du monde en difficulté, à commencer précisément par la Syrie: «Les Syriens sont reconnaissants pour les paroles du Pape — a déclaré le cardinal — c’est l’un des rares appels qui sont arrivés à la veille de cet événement tragique: l’entrée dans la quatorzième année de guerre. Une guerre oubliée par les médias et la communauté internationale. Cet appel du Pape dans le message de Pâques a vraiment été une bouffée d’air frais pour la Syrie».

Le cardinal a ensuite parlé de la situation actuelle dans le pays: «Malheureusement, selon les statistiques de l’onu, les choses vont mal et sont destinées à empirer. Le nombre de personnes ayant besoin d’une assistance humanitaire a augmenté d’environ 9% par rapport à l’année dernière: nous parlons de trois quarts de la population syrienne vivant dans cet état de besoin et les chiffres parlent de 16.7 millions de personnes. Ça donne le vertige. Puis il y a la question du retour des personnes déplacées et des réfugiés, qui reste un problème très grave et non résolu: en ce qui concerne les réfugiés, nous savons que le Liban ne peut plus accueillir un grand nombre d’entre eux, mais il n’y a toujours pas de conditions pour les déplacer ailleurs. De plus, 90% de la population est réduite à vivre en dessous du seuil de pauvreté. Telle est la situation. Je suis ici pour parler de la Syrie, aussi pour recevoir de l’aide, mais la pauvreté du pays ne se résout pas par l’aumône: il faut une solution politique, qui malheureusement, selon les analystes, est encore loin.

Dans ce contexte, l’Eglise s’est engagée à apporter sa contribution, en s’organisant pour «partager fraternellement ses cinq pains et deux poissons avec près de 17 millions de personnes», a expliqué le cardinal Zenari. «Nous ne pouvons pas résoudre le problème de la pauvreté à nous seuls, mais au moins répartir ces aides qui arrivent et qui sont malheureusement de moins en moins nombreuses, notamment à cause des conflits au Proche-Orient et en Ukraine». Mais, malgré les nombreuses difficultés, les exemples d’espérance ne manquent pas: «Au milieu de cette grisaille et de ce manque de confiance, des histoires d’altruisme émergent néanmoins. Il y a tant de bons samaritains, tant de bonnes Véronique qui sèchent les larmes de ces gens. Pas seulement des chrétiens, mais de toutes les religions, ou parfois sans religion du tout. Tant de gens font de leur mieux pour aider, des centaines d’entre eux ont perdu la vie». L’espérance de paix, selon le cardinal Zenari, doit nécessairement passer par l’Europe: «Beaucoup de gens me demandent comment nous pouvons aider la Syrie, je crois que les prochaines élections européennes seront un rendez-vous décisif: il est nécessaire de choisir des personnes qui peuvent donner une vision politique à ce qui se passe dans le monde».

Gianmarco Murroni