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Visite du secrétaire pour les relations avec les Etats au Panama à l’occasion du centenaire des relations diplomatiques

Construire des ponts là où les autres voient des divisions

 Construire des ponts là où les autres voient des divisions  FRA-015
11 avril 2024

A l’occasion du centenaire des relations diplomatiques avec le Panama, le secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les Etats et les organisations internationales s'est rendu dans le pays qui relie l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud. Au cours de sa visite, du 1er au 4 avril, Mgr Gallagher a rencontré les autorités politiques et a tenu une conférence à l'université catholique sur la diplomatie papale et célébré la Messe dans la cathédrale de la capitale.

A l'invitation de la ministre des affaires étrangères du Panama, Mme Janaina Tewaney Mencomo, Mgr Paul Richard Gallagher s'est rendu, dès le premier jour de son voyage, dans le Darién. Une forêt située à la frontière avec la Colombie, devenue un itinéraire-clé pour tous les migrants qui se rendent aux Etats-Unis depuis l'Amérique du sud en passant par l'Amérique centrale et le -Mexique; une jungle dangereuse qui a vu mourir des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants.

Les survivants sont hébergés et assistés dans le centre d'accueil de Lajas Blancas. Le 21 mars dernier, le Pape François leur avait adressé un message émouvant: «Je voudrais être avec vous en ce moment. Je suis moi-même fils d'immigrés, partis à la recherche d'un meilleur avenir. Il y a eu des moments où ils se sont retrouvés sans rien, jusqu'à souffrir de la faim; les mains vides mais le cœur plein d'espérance». François avait également envoyé un message aux évêques de Colombie, du Costa Rica et du Panama, réunis par le dicastère pour le service du développement humain intégral, sur la crise migratoire en Amérique centrale (cf. notre édition du 28 mars 2024, page 5). A Lajas Blancas, Mgr Gallagher a visité le centre, puis rencontré les agents pastoraux du vicariat apostolique et les autorités du Senafront, le Service national des frontières.

Rencontrant également le président de la République, M. Laurentino Cortizo Cohen, Mgr Gallagher a réaffirmé la ferme volonté de «travailler ensemble pour le bien-être spirituel et matériel de la personne humaine», comme l'indique un communiqué commun; d'établir des «mécanismes bilatéraux» pour la reconnaissance de la personnalité juridique des entités ecclésiastiques; de «renforcer la coopération» pour l'assistance spirituelle et sociale aux migrants.

Mercredi 3 avril, Mgr Gallagher a tenu une conférence à l'université Santa Maria La Antigua, entièrement consacrée à la diplomatie du Saint-Siège, à la lumière des innovations — économiques, sociales, politiques, technologiques — qui caractérisent l'époque actuelle. Le secrétaire pour les relations avec les Etats et les organisations internationales s’est, en particulier, attardé sur la tendance, propre à ce que le Pape a appelé à plusieurs reprises la «culture du rejet», à aborder les problèmes mondiaux urgents «en remplaçant la centralité de la dignité humaine par des intérêts plus réducteurs de nature politique ou économique», tournant ainsi le dos aux grands drames sociaux «comme s'ils n'existaient pas». «La société et la communauté internationale doivent ôter les lunettes noires qui peuvent provoquer l'indifférence, et faire face à la multitude de crises qui les affectent aujourd'hui, des conflits armés et des catastrophes humanitaires à la dégradation de l'environnement et au changement climatique», a-t-il déclaré. «Toutes ces crises, selon lui, requièrent des solutions globales». Face à un tel scénario, le Saint-Siège joue un «rôle particulier» en s'attaquant aux «conflits culturels et religieux dans le monde» sans aucune ambition, mais, au contraire, en adoptant des principes qui privilégient «le bien-être de toute l'humanité, la protection de la dignité humaine et la promotion d'une paix durable». L'influence du Saint-Siège sur la scène internationale, a souligné Mgr Gallagher, est «multiforme» et son statut juridique le distingue en tant «qu'autorité morale souveraine et indépendante», ce qui lui permet de «participer activement aux relations internationales», en défendant «une norme éthique plus élevée». La mission du Saint-Siège «transcende les frontières géographiques, les limites temporelles et les affiliations politiques», a-t-il affirmé, ajoutant que la «persuasion morale», comprise comme l'action de «guide moral et de leadership éthique dans une société où le pouvoir politique autoréférentiel n'est peut-être pas suffisant», est caractéristique de cette mission. Une mission remplie grâce à des «partenariats stratégiques avec des pays, des organisations et des personnes de bonne volonté qui partagent son engagement en faveur des droits de l'homme et de la dignité humaine». Une mission bien différente des «alliances» et des «blocs politiques», vis-à-vis desquels le Saint-Siège «maintient fermement son indépendance», préférant au contraire «la coopération et la médiation pacifique». C'est précisément ce qui «lui permet de jouer le rôle de médiateur fiable».

Le lendemain 4 avril, Mgr Gallagher a présidé une Messe dans la cathédrale de la capitale, pour la communauté catholique du pays.

Salvatore Cernuzio