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Message du Souverain Pontife au iii e Congrès latino-américain promu par le ceprome

Eradiquer le fléau des abus dans tous les domaines de la société

 Eradiquer le fléau des abus dans tous les domaines de la société   FRA-012
21 mars 2024

«Continuer de progresser dans l'éradication du fléau de l'abus dans tous les domaines de la société»: tel est l'engagement indiqué par le Pape François aux participants au iii e congrès latino-américain — qui s'est tenu du 12 au 14 mars à Panama — promu par le Centre de recherche et de formation pour la protection des mineurs (ceprome Latinoamérica) sur le thème «Vulnérabilité et abus: vers une vision plus large de la prévention». Une traduction française est publiée ci-dessous.

Chers congressistes,

Je souhaite vous saluer, organisateurs et participants à ce iiie congrès latino-américain promu par le ceprome sous le titre «Vulnérabilité et abus: vers une vision plus large de la prévention», et confier au Seigneur vos travaux pour continuer de progresser dans l'éradication du fléau des abus dans tous les domaines de la société.

Lors de ma rencontre du 25 septembre dernier avec une délégation de ce conseil, j'ai souligné l'engagement de l'Eglise à voir dans chacune des victimes le visage du Christ souffrant. Mais aussi la nécessité de déposer à ses pieds «la souffrance que nous avons reçue et causé», en priant «pour les pêcheurs les plus malheureux et désespérés, pour leur conversion, afin qu'ils puissent voir dans l'autre les yeux de Jésus qui les interpellent».

A cette occasion, je vous ai invités, et je vous invite encore aujourd'hui, à regarder ce problème avec les yeux de Dieu, à établir un dialogue avec Lui. Ce regard divinisé peut aider notre compréhension de la vulnérabilité, car le Seigneur a déployé sa «puissance dans la faiblesse, faisant de la fragilité son propre témoignage» (cf. Préface des saints martyrs, i). Dieu nous appelle à un changement radical de mentalité sur notre conception des relations en privilégiant le plus petit, le pauvre, le serviteur, l'ignorant par rapport au plus grand, au riche, au maître, au savant, selon la capacité d'accueillir la grâce qui nous est donnée par Dieu et de nous faire nous-mêmes don pour les autres.

Voir sa propre fragilité comme une excuse pour cesser d'être des personnes sérieuses et des chrétiens intègres, incapables de prendre en main leur destin, créera des personnes infantiles, rancunières, et ne représentera en aucun cas la petitesse à laquelle Jésus nous appelle. Au contraire, la force de celui qui, comme saint Paul, se glorifie de ses faiblesses et se confie dans la grâce du Seigneur (cf. 2 Co 12, 8-10) est un don que nous devons demander à genoux pour nous et pour les autres. Avec elle, nous pourrons affronter les contradictions de la vie et apporter notre contribution au bien commun dans la vocation à laquelle nous avons été appelés.

En matière de prévention, nos travaux doivent sans aucun doute viser à éradiquer les situations qui protègent ceux qui se font un rempart de leur position pour s'imposer à l'autre de manière perverse, mais aussi à comprendre pourquoi ils sont incapables d'établir des relations saines avec les autres. De même, on ne peut être indifférent aux raisons pour lesquelles certains acceptent d'aller à l'encontre de leur conscience, par peur, ou se laissent leurrer par de fausses promesses, sachant au fond de leur cœur qu'ils sont sur la mauvaise voie. Humaniser les relations dans toute société, également dans l'Eglise, signifie œuvrer courageusement à former des personnes matures, cohérentes, qui, fermement ancrées dans leur foi et leurs principes éthiques, soient capables d'affronter le mal en rendant témoignage à la vérité avec un grand V.

Une société qui ne sera pas fondée sur ces présupposés d'intégrité morale sera une société malade, avec des relations humaines et institutionnelles dénaturées par l'égoïsme, la méfiance, la peur et la tromperie. Mais nous confions notre faiblesse à la force que le Seigneur nous donne. Et nous reconnaissons que «ce trésor, nous le portons dans des vases d'argile, pour que cet excès de puissance soit de Dieu et ne vienne pas de nous» (cf. 2 Co 4, 7).

Demandons au Roi des martyrs cette grâce d'être ses témoins dans le monde. Qu'Il vous bénisse et que la Sainte Vierge vous protège. Et, s'il vous plaît, n'oubliez pas de prier pour moi.

Rome, de Saint-Jean-de-Latran,
le 1er mars 2024

François