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Le 8 mars était célébrée la journée de la femme

Vie, don et mystère

 Vie, don et mystère  FRA-011
14 mars 2024

De la première à la dernière page, d'Eve jusqu'à «la Femme! le soleil l'enveloppe» de l'Apocalypse, la Bible est remplie de figures féminines. Dans certains cas, elles donnent leur nom à un livre, comme Ruth ou Esther, mais il y a une figure de femme, en particulier, qui n'a pas de nom, qui frappe, il nous vient à dire «aujourd'hui plus qu'hier», parce qu'elle se démarque par sa grandeur et sa luminosité bien que son apparition dans le texte biblique soit brève. C'est la figure de la mère des frères Maccabées, au chapitre 7 du second livre dédié à la dramatique révolte des Juifs, survenue au deuxième siècle av. J.-C., menée justement par les Maccabées contre le roi Antiochos iv Epiphane de Syrie, partisan de l'hellénisation de la Judée.

Cet épisode nous ramène à une situation de guerre et de persécution et montre un aspect tragique de la guerre, évoqué plusieurs fois par le Pape: le visage de la guerre n'est pas seulement masculin, des soldats contraints à marcher et à dépérir sur le front, il est également féminin, celui des femmes, des mères, des sœurs, des épouses, des filles, qui voient, éloignées et impuissantes, leur proches mourir.

Le texte biblique est puissant, poignant: «Eminemment admirable et digne d'une illustre mémoire fut la mère qui, voyant mourir ses sept fils dans l'espace d'un seul jour, le supporta courageusement en vertu des espérances qu'elle plaçait dans le Seigneur. Elle exhortait chacun d'eux, dans la langue de ses pères, et, remplie de nobles sentiments, elle animait d'un mâle courage son raisonnement de femme. Elle leur disait “je ne sais comment vous avez apparu dans mes entrailles; ce n'est pas moi qui vous ai gratifiés de l'esprit et de la vie; ce n'est pas moi qui ai organisé les éléments qui composent chacun de vous. Aussi bien le Créateur du monde, qui a formé le genre humain et qui est à l'origine de toute chose, vous rendra-t-il, dans sa miséricorde, et l'esprit et la vie, parce que vous vous méprisez maintenant vous-mêmes pour l'amour de ses lois”». Cette femme est un «carrefour de la vie», elle réussit, avec son attitude et ses mots, «en dialecte», à accomplir le miracle d'unir des points distants, souvent séparés et apparemment inconciliables. Elle unit le raisonnement de femme avec le mâle courage, elle unit l'origine de la vie avec la fin, le passé avec le futur, la cause avec le destin en donnant beaucoup d'espoir aux fils torturés et tués et enfin, elle comprend, avec son «flair», qu'au moment où la vie est engendrée, un autre facteur entre en jeu, qu'à ce moment le divin s'unit à l'humain.

Bien que sept fois mère, cette femme a le courage de dire «je ne sais», trois petits mots très forts que l'homme contemporain, aveuglé par l'illusion scientiste du contrôle, semblent avoir perdus, supprimés aujourd'hui.

Et en disant cela, reconnaissant que Dieu est à l'œuvre chaque fois qu'une femme engendre une vie humaine, elle présente de manière succincte et efficace la vision biblique et donc chrétienne de la vie, qui est don et mystère, et par conséquent sacrée, intouchable et non «à la portée» des hommes, même lorsque ce sont les mains des puissants du moment qui la détruisent.

En cette période de guerres qui, chaque jour dans le monde, font des victimes, les paroles de cette femme rappellent que la vie doit être traitée comme un don: remise «en circulation» et donnée au service des autres et pas manipulée, instrumentalisée, spoliée, violée.

Andrea Monda