· Cité du Vatican ·

Le Pape commence un nouveau cycle sur les vertus

La capacité de faire le bien en des temps qui révèlent le pire de l’homme

 La capacité de faire le bien en des temps  qui révèlent le pire de l’homme  FRA-011
14 mars 2024

Chers frères et sœurs, bonjour

Après avoir conclu le tour d’horizon sur les vices, le moment est venu de tourner le regard sur le tableau symétrique, qui est à l’opposé de l’expérience du mal. Le cœur humain peut se laisser aller à des passions mauvaises, il peut céder à des tentations néfastes déguisées sous des atours persuasifs, mais il peut aussi s’opposer à tout cela. Aussi laborieux que cela puisse être, l’être humain est fait pour le bien, qui le comble vraiment, et il peut aussi s’exercer dans cet art, en faisant en sorte que certaines dispositions deviennent permanentes en lui. La réflexion sur cette merveilleuse possibilité qui est la nôtre constitue un chapitre classique de la philosophie morale: le chapitre des vertus.

Les philosophes romains l’appelaient virtus, les grecs aretè. Le terme latin souligne avant tout que la personne vertueuse est forte, courageuse, capable de discipline et d’ascèse; l’exercice de la vertu est donc le fruit d’une longue germination, qui exige des efforts et même des souffrances. Le mot grec aretè, quant à lui, indique quelque chose qui excelle, qui émerge, qui suscite l’admiration. La personne vertueuse est donc celle qui ne se dénature pas en se déformant, mais qui est fidèle à sa vocation, qui se réalise pleinement elle-même.

Nous ferions fausse route si nous pensions que les saints sont des exceptions de l’humanité: une sorte de cercle étroit de champions qui vivent au-delà des limites de notre espèce. Les saints, dans cette perspective que nous venons d’introduire sur les vertus, sont au contraire ceux qui deviennent pleinement eux-mêmes, qui réalisent la vocation propre à tout homme. Quel monde heureux ce serait si la justice, le respect, la bienveillance réciproque, la largeur d’esprit et l’espérance étaient la normalité partagée, et non pas une rare anomalie! C’est pourquoi le chapitre sur la conduite vertueuse, en ces temps dramatiques où nous sommes souvent confrontés au pire de l’humain, devrait être redécouvert et pratiqué par tous. Dans un monde déformé, nous devons nous souvenir de la forme dans laquelle nous avons été façonnés, de l’image de Dieu qui est imprimée en nous pour toujours.

Mais comment pouvons-nous définir le concept de vertu? Le Catéchisme de l’Eglise catholique nous offre une définition précise et concise: «La vertu est une disposition habituelle et ferme à faire le bien» (n. 1803). Il ne s’agit donc pas d’un bien improvisé et quelque peu aléatoire qui tomberait du ciel de manière épisodique. L’histoire nous apprend que même les criminels, dans un moment de lucidité, ont accompli des actes bons; certainement, ces actes sont inscrits dans le «livre de Dieu», mais la vertu est une autre chose. C’est un bien qui provient d’une lente maturation de la personne, jusqu’à en devenir une caractéristique intérieure. La vertu est un habitus de liberté. Si nous sommes libres dans chaque acte, et chaque fois que nous sommes appelés à choisir entre le bien et le mal, la vertu est ce qui nous permet d’avoir une habitude vers le bon choix.

Si la vertu est un si beau don, une question se pose immédiatement: comment est-il possible de l’acquérir? La réponse à cette question n’est pas simple, elle est complexe.

Pour le chrétien, le premier secours est la grâce de Dieu. En effet, l’Esprit Saint agit en nous qui avons été baptisés, en travaillant dans notre âme pour la conduire à une vie vertueuse. Combien de chrétiens sont arrivés à la sainteté à travers les larmes, en réalisant qu’ils n’arrivaient pas à surmonter certaines faiblesses! Mais ils ont fait l’expérience que Dieu a achevé cette bonne œuvre qui n’était pour eux qu’une esquisse. La grâce précède toujours notre engagement moral.

En outre, nous ne devons jamais oublier la très riche leçon de la sagesse des anciens, qui nous dit que la vertu grandit et peut être cultivée. Et pour cela, le premier don de l’Esprit à demander est précisément la sagesse. L’être humain n’est pas un territoire libre de conquête des plaisirs, des émotions, des instincts, des passions, sans pouvoir rien faire contre ces forces parfois chaotiques qui l’habitent. Un don inestimable que nous possédons est l’ouverture d’esprit, c’est la sagesse qui sait apprendre de ses erreurs pour bien diriger sa vie. Il faut ensuite la bonne volonté: la capacité de choisir le bien, de nous modeler nous-même par l’exercice ascétique, en évitant les excès.

Chers frères et sœurs, commençons donc notre voyage à travers les vertus, dans cet univers serein qui est un défi, mais qui est décisif pour notre bonheur.

A l’issue de l’audience générale, lors du salut aux pèlerins de langue italienne, le Pape a lancé l’appel suivant:

Et, s’il vous plaît, persévérons dans la prière fervente pour tous ceux qui souffrent des terribles conséquences de la guerre. On m’a apporté aujourd’hui le chapelet et l’Evangile d’une jeune soldat mort au front: il priait avec. Tant de jeunes, tant de jeunes partent mourir! Prions le Seigneur afin qu’il nous donne la grâce de vaincre cette folie de la guerre qui est toujours une défaite. Je vous donne à tous ma Bénédiction!

Parmi les pèlerins qui assistaient à l’audience générale se trouvaient les groupes francophones suivants:

De France: Groupe de responsables de services du diocèse d’Annecy avec Mgr Yves Le Saux; groupe de l’enseignement catholique de l’Oise; école Albert de Mun, de Nogent-sur-Marne; collège Sainte-Marie, de Neuilly-sur-Seine; collège Saint-Dominique, de Neuilly-sur-Seine; collège Saint-Michel, de Batignolles; école Saint-Martin-de-France; groupes de pèlerins de Levallois-Perret et de Saint-Germain-en-Laye.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les nombreux groupes scolaires venus de France.

Frères et sœurs, en ce temps béni de carême, tournons-nous vers la Sainte Vierge, Siège de la Sagesse, afin que par son intercession nous nous mettions au service du bien. Que Dieu vous bénisse!