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Sœur Aurélie est engagée auprès des malades en France

Religieuse et aide-soignante, au plus près de la souffrance

 Religieuse et aide-soignante,  au plus près de la souffrance  FRA-010
07 mars 2024

Sœur Aurélie Allouchéry est religieuse de la congrégation Notre-Dame de Bon Secours à Troyes, en France. Engagée depuis près de 20 ans dans sa communauté, elle se consacre aux malades auprès desquels elle exerce comme aide-soignante.

Sœur Aurélie Allouchéry, de la congrégation Notre Dame de bon secours de Troyes nous emmène à la découverte de sa vocation. Elle se croyait destinée à une vie de famille avec des enfants, et une carrière professionnelle dans l’enseignement. Elle dévoile le cheminement qui l’a d’abord amenée à la vie religieuse, puis à l’accompagnement des malades.

Sœur Aurélie Allouchéry, vous êtes sœur de Notre-Dame de Bon Secours, une congrégation qui décrit sa mission en trois mots: compassion, guérison et libération. Vous vous êtes engagée il y a 20 ans, comment vous êtes-vous approchée de la vie consacrée?

En réalité, je fréquente l’Eglise depuis mon enfance. Mes parents m’ont toujours encouragée à aller à la messe le dimanche, Maman enseignait le catéchisme et je faisais partie d’une association d’aumônerie. A l’âge de 25 ans, après une jeunesse bien vécue, la question s’est posée. Quel était cet appel? Qu’est-ce qui allait me rendre heureuse? J’ai donc participé à une année de discernement proposée par le diocèse de Reims. Elle s’est terminée par une retraite de discernement à l’issue de laquelle la réponse était claire: c’était vraiment le désir de donner ma vie au Christ, toute ma vie, tout ce que je suis, tout mon être.

Le Pape François dit souvent que l’Eglise doit fonctionner par attraction. Est-ce que vous vous êtes sentie attirée par Dieu?

Oui, je me suis sentie attirée par Dieu. Par contre, j’avais beau-coup d’à priori par rapport à la vie religieuse et aux religieuses que je rencontrais et que je trouvais plutôt vieillissantes, pas très à la mode, enfin pas très attirantes. C’est vrai aussi qu’en participant à cette retraite, je n’avais absolument pas idée du choix de vie que j’allais faire. J’étais plutôt orientée vers le mariage, avec une vie conjugale et des enfants, plein d’enfants. Et finalement, non. J’ai choisi la vie religieuse. C’est cet appel de Dieu, cet amour très fort pour moi, ressenti au cours de cette retraite qui m’a attirée à lui et qui m’a fait renoncer à toute cette vie que j’imaginais être la mienne.

Vous dites avoir «renoncé» à cette vie que vous imaginiez. Votre fidélité au Christ comporte-t-elle des sacrifices?

Je ne peux pas dire qu’il y ait des sacrifices parce que je me sens comblée par cette vie donnée, offerte, et par les grâces que j’ai en retour. Evidemment, je ne veux pas édulcorer les choses, mais en réalité, une vie de fidélité à Dieu, au Christ, c’est vraiment une vie comblée. Je ne peux pas dire le contraire. Je n’ai pas l’impression de faire des sacrifices. Ceci dit, comme dans toute vie, il y a des renoncements à faire. On ne peut pas tout vivre, on ne peut pas tout faire et on ne peut pas tout choisir. Forcément, faire un choix, c’est renoncer.

La vie religieuse est belle parce qu’elle est variée. Il y a de nombreuses communautés aux charismes différents. Comment s’est porté votre choix vers Notre-Dame du Bon Secours?

C’est vraiment une rencontre inattendue. Je venais de l’enseignement, et cette congrégation, orientée dans le soin, n’était pas forcément pour moi. Et en fait, en rencontrant les sœurs, en les écoutant raconter vraiment leur mission, c’est la proximité qu’elles vivaient avec les malades à domicile, dans les familles, le soulagement des membres souffrants du Christ qui m’a attirée.

Que diriez-vous aujourd’hui à des jeunes, hommes ou femmes, qui s’interrogent sur un choix de vie et qui sont peut-être à la recherche de spiritualité, d’une vie particulière. Quelles indications pourriez-vous leur donner?

C’est extrêmement difficile de donner des conseils, des indications, parce que chacun suit son propre chemin. J’aime bien cette phrase de l’Evangile «Venez et voyez». Rencontrez des gens, écoutez, observez, vous sentirez les choses. Je pense que c’est vraiment une vie enracinée dans le Christ, un désir profond de vivre à sa suite et une vie d’engagement.

Aujourd’hui, dans votre choix de vie, dans votre vie spirituelle et religieuse, vous sentez vous pleinement réalisée?

Oui, je le pense vraiment. On cherche toujours à travers ces fondamentaux de la vie religieuse que sont la vie communautaire, la vie prière et la vie apostolique, trois piliers fondateurs, à unifier ce qu’on est, sa personnalité et à permettre aussi de pouvoir se réaliser, mais en étant ouvert sur les autres. C’est une vie de don et à partir du moment où on se donne, je pense que l’on se réalise.

Sœur Aurélie Allouchéry, votre vocation était-elle dès le départ d’être au chevet des malades?

Ce n’était pas du tout une attirance. Je venais de l’enseignement, et je pensais être plutôt dans le monde de l’éducation spécialisée dans l’accompagnement des enfants. Mais, le fait de rencontrer les Sœurs de Notre-Dame de Bon Secours de Troyes m’a fait vraiment changer de perspective. J’étais sûre que c’était par là que j’allais donner le meilleur de moi-même.

L’intention de prière du Pape ce mois-ci est pour les malades en phase terminale. Que comporte l’accompagnement de ces personnes? Qu’est-ce que vous donnez? Qu’est-ce que vous recevez?

Je pense personnellement que c’est vraiment la figure du Christ compatissant qui m’habite. Chaque fois que je me rends au chevet des malades, c’est vraiment une invocation à l’Esprit que je fais pour qu’il passe à travers moi, pour être cette Présence. Alors, en tant qu’aide-soignante, c’est une présence qui se concrétise par des gestes très simples de soins. Le fait d’être habitée, d’invoquer l’Esprit, permet d’être totalement présente et de laisser passer le Seigneur à travers mes gestes. Quant à l’accompagnement en fin de vie, je dirais qu’il est identique à l’accompagnement d’une personne malade, qui vient d’apprendre un diagnostic grave. L’accompagnement réclame vraiment une présence totale et une grande écoute.

Les sœurs de Notre-Dame de Bon Secours sont en quelque sorte l’expression de la tendresse de Marie envers son Fils, la tendresse d’une mère. Comment s’exprime cette tendresse dans votre mission?

Si je suis venue au métier ou à l’apostolat d’aide-soignante, c’est justement pour parler à travers mes gestes et être cette tendresse qui vient consoler, qui vient soulager et qui guérit parfois. Pas forcément au sens où on l’entend, mais qui fait du bien. La mission des sœurs de Notre-Dame de Bon Secours, c’est vraiment recueillir le corps dans ses bras et lui apporter tous les soins dont il a besoin pour retrouver une dignité et honorer ce temple qu’est notre corps.

#sistersproject

Jean-Charles Putzolu