· Cité du Vatican ·

Audience générale du 6 mars
Le Pape poursuit ses réflexions sur les vices et les vertus et parle de la vanité et de la présomption

L’humilité est le véritable remède à l’orgueil qui empoisonne la fraternité

 L’humilité est le véritable remède à l’orgueil qui empoisonne la fraternité  FRA-010
07 mars 2024

Comme la semaine dernière, ale Pape François n'a pas prononcé le texte de la catéchèse, qui a été lu par Mgr Filippo Ciampanelli et que nous publions ci-dessous:

Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans notre parcours de catéchèses sur les vices et les vertus, nous abordons aujourd'hui le dernier des vices: l'orgueil. Les anciens Grecs le définissaient par un mot que l'on pourrait traduire par «splendeur excessive». En fait, l'orgueil est l'auto-exaltation, la prétention, la vanité. Le terme apparaît également dans la série de vices que Jésus énumère pour expliquer que le mal vient toujours du cœur de l'homme (cf. Mc 7, 22). L'orgueilleux est celui qui pense être beau-coup plus que ce qu'il est en réalité: quelqu’un qui s’agite pour être reconnu plus grand que les autres, qui veut toujours voir ses mérites reconnus et qui méprise les autres en les considérant comme inférieurs.

D'après cette première description, nous voyons que le vice de l'orgueil est très proche de celui de la vaine gloire, que nous avons déjà présenté la dernière fois. Cependant, si la vaine gloire est une maladie de l'ego humain, elle reste une maladie infantile comparée aux ravages que peut provoquer l'orgueil. En analysant les folies de l'homme, les moines de l'Antiquité reconnaissaient un certain ordre dans la séquence des maux: on commence par les péchés les plus grossiers, comme la gourmandise, pour arriver aux monstres les plus inquiétants. De tous les vices, l'orgueil est grande reine. Ce n'est pas un hasard si, dans la Divine Comédie, Dante le situe dans la toute première case du purgatoire: ceux qui cèdent à ce vice sont loin de Dieu, et l'éradication de ce mal exige du temps et des efforts, plus que tout autre combat auquel est appelé le chrétien.

En réalité, dans ce mal se cache le péché radical, la prétention absurde d'être comme Dieu. Le péché de nos ancêtres; raconté dans le livre de la Genèse, est en fait un péché d'orgueil. Le tentateur leur dit: «Quand vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront et vous deviendrez comme Dieu» (Gn 3, 5). Les auteurs de spiritualité sont plus attentifs à décrire les répercussions de l'orgueil dans la vie quotidienne, à illustrer comment il mine les relations humaines, à souligner comment ce mal empoisonne le sentiment de fraternité qui devrait au contraire réunir les hommes.

D’où la longue liste des symptômes qui révèlent que l'on a succombé au vice de l'orgueil. C'est un mal qui a une apparence physique évidente: l'orgueilleux est hautain, il a la «nuque raide», c'est-à-dire qu'il a un cou raide qui ne se plie pas. C'est un homme prompt à juger avec mépris: pour un rien, il émet des jugements irrévocables sur les autres, qui lui paraissent irrémédiablement ineptes et incapables. Dans son arrogance, il oublie que Jésus, dans les Evangiles, nous a donné très peu de préceptes moraux, mais qu'il a été intransigeant sur l'un d'entre eux: ne jamais juger. On se rend compte qu'on a affaire à un orgueilleux lorsque, lui faisant une petite critique constructive, ou une remarque tout à fait anodine, il réagit de manière exagérée, comme si on avait lésé sa majesté: il entre dans toute colère noire, crie, rompt les relations avec les autres de manière rancunière.

Il n'y a pas grand-chose à faire avec une personne malade d'orgueil. Il est impossible de lui parler, et encore moins de la corriger, car au fond, elle n'est plus présente à elle-même. Il faut simplement être patient avec elle, car un jour son édifice s'écroulera. Un proverbe italien dit: «L'orgueil va à cheval et revient à pied». Dans les Evangiles, Jésus a affaire à beaucoup de gens orgueilleux, et il est souvent allé débusquer ce vice même chez des personnes qui le cachaient très bien. Pierre fait étalage de sa fidélité à toute épreuve: «Même si tous t'abandonnent, moi, non» (cf. Mt 26, 33). Mais bientôt, il fera l'expérience d'être comme les autres, apeuré lui aussi devant une mort qu'il n'imaginait pas si proche. Ainsi, le deuxième Pierre, celui qui ne lève plus le menton mais pleure des larmes salées, sera soigné par Jésus et sera finalement apte à porter le poids de l'Eglise. Avant, il exhibait une présomption qu'il valait mieux ne pas afficher; à présent, en revanche, il est un disciple fidèle que, comme le dit une parabole, le maître peut mettre «à la tête de tous ses biens» (Lc 12, 44).

Le salut passe par l'humilité, véritable remède à tout acte d'orgueil. Dans le Magnificat, Marie chante le Dieu qui, par sa puissance, disperse les orgueilleux dans les pensées malades de leur cœur. Il est inutile de voler quelque chose à Dieu, comme l'espèrent les orgueilleux, parce qu'en fin de compte, Lui, veut tout nous donner. C'est pourquoi l'apôtre Jacques, s'adressant à sa communauté blessée par des luttes intestines nées de l'orgueil, écrit: «Dieu s’oppose aux orgueilleux, aux humbles il accorde sa grâce» (Jc 4, 6).

C'est pourquoi, chers frères et sœurs, profitons de ce Carême pour lutter contre notre orgueil.

A l’issue de l’audience, en saluant les pèlerins de langue italienne, le Saint-Père a lancé l’appel suivant:

Une fois de plus, frères et sœurs, je renouvelle mon invitation à prier pour les populations qui souffrent de l’horreur de la guerre en Ukraine et en Terre Sainte, ainsi que dans d’autres parties du monde. Prions pour la paix! Demandons au Seigneur le don de la paix!

Parmi les pèlerins qui assistaient à l’audience générale, se trouvaient les groupes francophones suivants:

De France: Groupe de pèlerins du diocèse de Saint-Flour, avec Mgr Didier Noblot; groupe de confirmants du diocèse de Séez; mission étudiante du Morbihan; enseignement catholique de l’archidiocèse de Rennes; lycée Notre-Dame de la Galaure, de Châteauneuf de Galaure; collège Sainte-Marie, de Neuilly; école Sainte-Geneviève, d’Asnières-sur-Seine; Institut de l’Alma, de Paris.

Du Liban: Jeunes de Caritas Liban.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les fidèles du diocèse de Saint-Flour et les confirmands du diocèse de Séez, accompagnés de leurs évêques, ainsi que les nombreux groupes scolaires venus de France. Que la Vierge Marie nous apprenne à marcher humblement dans les pas du Christ. Que Dieu vous bénisse.