· Cité du Vatican ·

Jusqu’à quand?

(FILES) Black smoke rises from a military airport in Chuguyev near Kharkiv  on February 24, 2022. ...
29 février 2024

Même si les terribles nouvelles qui nous sont parvenues de Terre Sainte ces derniers mois, et à présent la mort du dissident russe Alexeï Navalny, ont fait passé au second plan l’actualité de la guerre en Ukraine, aujourd’hui, nous voulons nous souvenir. Nous le faisons ces jours-ci en donnant la parole aux témoins, à ceux qui ne cèdent pas à la logique de la haine, à ceux qui continuent de prier et continuent d’agir pour soulager les souffrances d’une population écrasée par vingt-quatre mois de bombardements. Nous l’avons fait en laissant parler les chiffres, car la réalité crue de ce qui se passe, souvent désormais loin des projecteurs, décrit l’inhumanité absurde de cette guerre. Des dizaines de milliers de vies humaines sont sacrifiées pour conquérir quelques kilomètres de territoire, des dizaines de milliers d’hommes jeunes et moins jeunes sont blessés ou mutilés, des villes ukrainiennes entières ont été rasées au sol, des millions de personnes déplacées vivent à l’étranger, des milliers de mines sont destinées à menacer la vie future de la population innocente... Que doit-il encore se produire pour que l’agression cesse et que l’on s’assoie autour d’une table pour négocier une paix juste?

Les innombrables appels du Pape François pour attirer l’attention sur «l’Ukraine tourmentée» sont restés lettre morte. La guerre et la violence semblent être devenues le moyen de résoudre les différends. La course aux réarmements en vue de guerres futures est désormais un fait établi et accepté comme inéluctable. L’argent que l’on ne trouve jamais pour construire des maternelles et des écoles, pour financer un secteur de la santé qui fonctionne, pour lutter contre la faim ou pour promouvoir la transition écologique en ayant à cœur la sauvegarde de notre planète, est toujours disponible lorsqu’il s’agit d’armement. La diplomatie semble muette face aux sirènes de la guerre. Des mots tels que paix, négociation, trêve, dialogue, sont regardés avec méfiance. L’Europe ne s’est pas faite beaucoup entendre, à l’exception du protagonisme solitaire des dirigeants.

Il n’a jamais été aussi nécessaire qu’à présent de ne pas céder à la logique de la guerre. Il faut continuer à invoquer de Dieu le don de la paix, comme continue de le faire inlassablement le Successeur de Pierre, en sachant discerner les braises de l’espérance qui couvent sous la couche toujours plus épaisse des cendres de la haine. Il faut de nouveaux leaderships prophétiques, créatifs et libres, capables d’oser, de parier sur la paix et de prendre en charge l’avenir de l’humanité. Il faut l’engagement responsable de tous pour faire entendre avec force et détermination la voix de ceux qui ne se soumettent pas à la logique «caïniste» des «seigneurs de la guerre» qui risque de nous conduire à l’autodestruction. (andrea tornielli)

Andrea Tornielli