Invités à devenir plus libres pour servir la liberté de ceux dont elle est bafouée

L’enjeu des textes de ce jour est notre liberté. Le texte de l’Exode de la première lecture met l’expérience de la libération à l’origine de la révélation de Dieu et la Loi en découle. Si la Loi est une conséquence de la liberté que Dieu nous donne, pourquoi la percevons-nous comme une servitude? C’est le soupçon que le tentateur essaie d’insinuer entre l’Homme et son Créateur. Pourtant, la Loi borne l’espace au-delà duquel nous menace un nouvel esclavage. Si Dieu est jaloux, c’est de notre liberté qu’Il défend contre nous-mêmes. La lettre de Paul aux Corinthiens nous rappelle que Dieu a payé le prix fort pour sauver notre liberté. Mais il y a en chacun de nous une résistance à la révélation de la croix. La faiblesse et la folie de la croix nous révèlent que Dieu est Amour et c’est elle qui nous permet d’entendre dans Ses exigences un appel à la liberté. S’il y a quelque chose de sacré dans les textes de ce jour, c’est notre liberté. On comprend les choses sacrées comme celles que des interdits protègent et isolent, et les choses profanes comme celles auxquelles ces interdits s'appliquent. Mais Dieu a pris le visage de l’homme et «tout homme est une histoire sacrée». Aussi défiguré et méprisé soit-il, l’homme est à l’image de Dieu. «Nous proclamons un Messie crucifié», écrit Paul aux Corinthiens, «scandale pour les Juifs, folie pour les peuples païens» et il y a du juif et du païen en chacun de nous. La colère de Jésus dans le Temple dénonce un rapport à Dieu monnayé qui asservit l’homme au lieu de le libérer. Le geste que Jésus pose dans l’Evangile aujourd’hui est comme l’autre face d’un autre geste où Jésus prend la place du serviteur. Servir la liberté du plus petit est la condition d’un juste rapport à la nôtre. Le don de Dieu nous engage à être nous-mêmes libérateurs pour ceux qui subissent l’injustice ou l’exclusion. Nous sommes invités à devenir plus libres pendant ce carême, que ce soit pour servir la liberté de ceux dont elle est bafouée ou piétinée.

* Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer

La Loi, c’est aimer Dieu

La Loi veut notre bonheur; Dieu nous offre Son Amour pour œuvrer;

Jésus me propose d’être un homme libre
en une foi adulte

où le culte Divin exprime notre Amitié;
de joie j’exulte.

Mon corps est un temple pour Le louer
de m’avoir délivré.

Les marchands du Temple, aujourd’hui

Comme Jésus, je veux remettre
dans le droit chemin de la foi,

les marchands du Temple d’aujourd’hui,
un frère cloîtré en d’odieux

rituels chrétiens dévoyés et exprimant
un désarroi,

pour l’ouvrir à renaître à une vraie relation avec Dieu.

Franck Widro

L’Evangile en poche

Dimanche 3 mars, iiie de Carême

Première lecture: Ex 20, 1-17;

Psaume: 18

Deuxième lecture: 1 Co 1, 22-25;

Evangile: Jn 2, 13-25.

Bruno Lachnitt*