· Cité du Vatican ·

Dans une lettre signée par le secrétaire d’Etat et par les préfets des dicastères pour la doctrine de la foi et des évêques

Le Vatican demande aux évêques allemands d’arrêter le projet d’un comité synodal

Das gelochte Metallkreuz und das Logo des Synodalen Weges auf der dritten Synodalversammlung am 3. ...
22 février 2024

Alors que le Pape avait déjà exprimé sa préoccupation à ce sujet dans une lettre adressée à quatre théologiennes allemandes, le Vatican est intervenu à travers une autre missive signée par le cardinal Pietro Parolin et deux préfets de dicastère, pour arrêter, pour le moment, le projet de l’Eglise catholique d’Allemagne d’approuver les statuts d’un comité synodal (créé en novembre), visant à préparer à son tour l’introduction d’un conseil de gouvernement et de décision. Ce dernier organe — issu du processus de réforme du Synodale Weg, le parcours synodal allemand lancé en 2019 — aurait réuni quelques 27 évêques et plusieurs laïcs pour poursuivre les discussions et prendre d’éventuelles décisions sur les thèmes de l’autorité ecclésiastique, du rôle des femmes, de la morale -sexuelle et de la vie sacerdotale.

Dans sa lettre de novembre 2023 aux quatre théologiennes, le Pape soulignait déjà qu’un tel conseil — approuvé l’année dernière par une majorité des deux-tiers des évêques et des membres du comité central des catholiques allemands (ZdK) — «ne peut pas être harmonisé avec la structure sacramentelle de l’Eglise catholique» et rappelait également que sa constitution avait été «interdite par le Saint-Siège dans une lettre du 16 janvier 2023, que j’ai approuvée de façon spécifique».

La nouvelle lettre signée par le secrétaire d’Etat Pietro Parolin et les cardinaux Victor Manuel Fernández, préfet du dicastère pour la doctrine de la foi, et Robert Prevost, préfet du dicastère pour les évêques, adressée le 16 février aux évêques allemands réunis du 19 au 22 février pour l’assemblée plénière de printemps à Augsbourg, réaffirme la position déjà exprimée. Elle demande en outre d’annuler le vote sur le statut prévu la semaine prochaine et de le reporter après les entretiens prévus entre les représentants du Vatican et de la conférence épiscopale allemande (Deutsche Bischofskonferenz). Une rencontre qui ferait suite aux réunions antérieures à Rome en novembre 2022 et juillet 2023 entre la conférence épiscopale allemande et des représentants de la Curie romaine. La date de la prochaine rencontre n’est pas encore connue, mais la lettre du Vatican — «portée à la connaissance du Pape et approuvée par lui» — souligne: «Si le statut du comité synodal est adopté avant cette rencontre, cela soulève la question de l’objectif de cette rencontre et du processus de dialogue en cours en général».

Comme le rapporte l’agence de presse catholique allemande (KNA), la lettre du cardinal Parolin et des deux préfets de dicastère souligne également qu’un tel comité n’est pas prévu par le droit canonique actuel. Par conséquent, une décision sur la question prise par la conférence épiscopale serait nulle et non avenue, également parce qu’elle n’aurait pas l’autorité pour approuver son statut. Un problème déjà souligné par le Pape: «L’approbation du statut du comité synodal serait donc contraire aux recommandations du Saint-Père et le mettrait une fois de plus devant le fait accompli», peut-on lire dans le document du Vatican.

A la suite de cette recommandation, le vote sur les statuts du comité synodal — prévu la semaine prochaine — a été retiré de l’ordre du jour de l’assemblée plénière des évêques allemands comme l’a confirmé le porte-parole Matthias Kopp à KNA.

Lors d’une conférence de presse tenue le 19 février à Augsbourg, le président de la conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing, s’est exprimé sur la question de la lettre et a expliqué que les évêques catholiques d’Allemagne avaient l’intention de poursuivre le chemin de la réforme, en dépit de la récente mise en garde. Cela devrait se faire par le biais d’un dialogue avec Rome, a déclaré le prélat, soulignant qu’il est considéré comme «évident» de coordonner les réformes fondamentales de l’Eglise avec le Vatican. C’est pour cette raison, a-t-il expliqué, c’est-à-dire «par respect pour les autorités romaines», que le point concernant la création d’un comité synodal pour l’Allemagne a été retiré du programme de l’assemblée plénière des évêques.

«Nous ne voulons ni ne pouvons ignorer» les positions de Rome, a souligné Mgr Bätzing, qui a annoncé un débat sur le sujet. Dans le même temps, le président de la conférence épiscopale allemande a expliqué que les préoccupations exprimées dans la lettre des cardinaux Pietro Parolin, Victor Manuel Fernández et Robert Prevost peuvent être réfutées en termes de contenu, car, a-t-il dit, un organe conjoint d’évêques et de laïcs n’affaiblirait pas l’autorité des évêques, mais la renforcerait. «Nous ne voulons pas limiter l’autorité de l’évêque ou des évêques de quelque manière que ce soit», a déclaré l’évêque allemand, «nous voulons les placer sur un nouveau terrain, parce que cette autorité a été minée par les abus et les scandales que nous avons vécus… C’est pourquoi nous avons besoin de nouvelles consultations, contraignantes et transparentes, qui alimentent réellement les décisions. C’est la voie que nous cherchons».

Salvatore Cernuzio