L’onde de choc de la guerre au Soudan

A Sudanese woman who has fled from the war in Sudan gets off a truck loaded with Sudanese families ...
22 février 2024

Une véritable onde de choc qui se répercute sur les plus pauvres et les plus vulnérables. Au moins 25 millions de personnes souffrent de la hausse vertigineuse de la faim et de la malnutrition, provoquée par plus de 10 mois de guerre au Soudan. L'alerte est lancée par le Programme alimentaire mondial ( pam ) de l' onu qui rappelle l'attention sur des milliers de familles soudanaises contraintes de fuir et de traverser les frontières du Tchad et du Soudan du Sud à cause des combats en cours entre l'armée de Khartoum et les paramilitaires.

«Les répercussions de ce conflit ont entraîné la plus grande crise de déplacement au monde. Près d’une année s’est écoulée depuis le début de la guerre, et il n'y a aucun signe de ralentissement du nombre de familles qui fuient en traversant les frontières. Les enfants et les femmes qui passent les frontières vers le Soudan du Sud ou le Tchad sont affamés et sans ressources», a affirmé Michael Dunford, directeur régional du pam pour l'Afrique orientale, en parlant de la ville de Renk, située à la frontière avec le Soudan, où un demi-million de personnes fuyant le conflit ont afflué.

Parmi eux, il y a aussi Fatima Mohammed, arrivée à bord d'un camion avec des dizaines de femmes, de personnes âgées et d'enfants. Leurs visages sont très tendus. La femme, enseignante d'une trentaine d'années, raconte à l'agence afp avoir fui El Obeid, dans le centre du Soudan, avec ses cinq enfants. Son mari a pu fuir également. Le voyage pour arriver à Renk a duré cinq jours. «La situation — témoigne Fatima — était devenue insoutenable: un jour, des projectiles sont arrivés jusque chez nous, nous nous sommes retrouvés sous les tirs croisés» des combats entre les factions opposées, celle des soldats dirigés par le général Abdel Fattah al-Burhane et celle des Forces de soutien rapide (fsr) du général Mohamed Hamdan Dogolo. Au cours du voyage, poursuit-elle, «l'armée soudanaise et les fsr ont essayé de nous empêcher de quitter le pays. A un poste de contrôle, ils ont pris nos téléphones et à un autre, presque tout notre argent», raconte-elle.

Au Soudan, a répété l'onu, 18 millions de personnes souffrent encore d'insécurité alimentaire et environ 3,8 millions d'enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition. La plupart sont pris au piège dans des zones de combats, où le pam et d'autres organisations internationales peinent à maintenir un accès continu. Les affrontements, partis le 15 avril 2023 de Khartoum et de la zone métropolitaine de la capitale — qui comprend les villes voisines Bahri et Omdurman au-delà du Nil, — ont ensuite atteint l'Etat d'Al Jazirah, du Nil Blanc ainsi que les Etats du Kordofan et la région occidentale du Darfour, qui ne s'est jamais remise des conséquences de la guerre au début des années 2000. Dans ce contexte, l'Organisation mondiale de la santé (oms) a également lancé une alerte: les zones de guerre au Soudan présentent un risque de famine «catastrophique» entre avril et juillet, période de soudure entre deux récoltes. Une «situation humanitaire très grave», comme l'a rappelé le Pape François dimanche 18 février à l'Angelus, demandant de nouveau «aux parties belligérantes d’arrêter cette guerre, qui fait tant de mal aux gens et à l'avenir du pays». D’où sa prière pour que «des voies de paix soient rapidement trouvées pour construire l'avenir du cher Soudan».

Entretien avec l’ancien nonce au Soudan page 6