
La première lecture pose le contexte de cette page d’Evangile: l’impureté du lépreux selon la Loi, qu’on peut comprendre par crainte de contagion, mais exclu, contraint de se mettre à l’écart avec une allure repoussante. Pour pouvoir être réintégré, il devait se montrer au prêtre qui constatait qu’il était guéri, ce qu’enjoint Jésus au lépreux en guise de témoignage, lui demandant la discrétion. Mais lui clame à tue-tête que Jésus l’a guéri. Ce n’est pas par hasard que Marc nous dit pour finir que c’est Jésus qui ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, comme s’il avait pris sur lui la condition du lépreux: «En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié. Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui: par ses blessures, nous sommes guéris» (Is 53, 4-5). Au début, pourtant, Jésus est comme provoqué par le lépreux: «Si tu le veux, tu peux me purifier». Répondre «je ne peux pas» ne serait qu’une esquive pour dire «je ne veux pas». «C’est la confiance que les autres mettent en nous qui nous montre le chemin», écrivait Mauriac. En l’occurrence, Jésus, saisi de compassion, se laisse prendre au mot: «Je le veux, sois purifié!». Si la compassion l’emportait sur nos prétextes pour ne pas agir, nous ferions sans doute tout ce que nous pouvons pour secourir celles et ceux qui crient vers nous et nous découvririons peut-être que nous pouvons plus que ce que nous croyons. Ne jugeons pas alors Paul présomptueux lorsqu’il écrit: «Imitez-moi, comme moi aussi j’imite le Christ». En effet, c’est à force de s’adapter «à tout le monde, sans chercher [son] intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes, pour qu’ils soient sauvés». Comme disait Jésus après la parabole du «bon» samaritain: «Va, et toi aussi, fais de même!» (Lc 10, 37).
*Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer
D’un mal-être à une renaissance
Comme le lépreux, mes manques,
mon handicap créaient un mal-être,
un non-vivre; dès mon Fiat,
j’ai demandé d’être délivré,
ai été guéri; Jésus m’a invité à Le connaître,
à être son disciple, à devenir Vivant
et à œuvrer!
Je t’aide et te soutiens
Jésus Christ m’invite à entendre
et à accueillir l’humain,
à t’offrir à toi le frère malade, seul,
voire rejeté,
toute mon aide et mon soutien;
grâce à mon humanité,
je t’apporte réconfort et espérance
en un lendemain.
Franck Widro
L’Evangile en poche
Dimanche 11 février, vie du Temps ordinaire
Première lecture: Lv 13, 1-2.45-46
Psaume: 31
Deuxième lecture: 1 Co 10, 31 - 11, 1;
Evangile: Mc 1, 40-45.
Bruno Lachnitt*