«Portez dans votre prière les intentions du monde traversé par tant de conflits, tant de violences et d’indifférence». Tel est le message que François a confié aux «Sentinelles de la Sainte Famille» réunies dans la matinée du jeudi 11 janvier, dans la Salle des Papes. Il s’agit d’un réseau de femmes qui s’engagent à réciter une dizaine du chapelet par jour. Réunies pour la première fois à Bruxelles en 2013, elles sont aujourd’hui présentes dans différents pays. Voici le discours que leur a adressé le Souverain Pontife.
Mesdames, chères «Sentinelles», bonjour!
Je vous salue avec joie, Sentinelles de la Sainte Famille, et je salue Son Altesse royale la princesse Sibille de Luxembourg.
Vous êtes un réseau de prière mariale — Prier avec la Vierge, c’est beau —, fondé il y a 10 ans, ayant pour vocation de présenter à Notre Mère les intentions de l’Eglise et du monde. J’aime la simplicité et l’humilité de votre mouvement, suscité spontanément dans la prière commune des toutes premières d’entre vous. L’engagement demandé à celle qui voudrait devenir une sentinelle est simple, il pourrait même sembler dérisoire: réciter une dizaine du chapelet par jour. Très simple! C’est peu aux yeux des hommes, mais c’est beaucoup aux yeux de Dieu si cela est accompli avec fidélité dans le temps, avec foi et ferveur, et dans un esprit de communion entre vous. Dieu aime ce qui est petit et sait lui faire porter du fruit.
Le fait que votre mouvement soit composé uniquement de femmes met en lumière votre vocation spécifique et irremplaçable dans l’Eglise, et à l’image de la Vierge Marie. Non seulement vous priez la Vierge Marie lui demandant d’intercéder, mais vous avez plus encore cette disposition à vous conformer à elle, à sa maternité, à vous unir à sa propre prière d’intercession de mère pour tous les fils de l’Eglise et pour le monde. Ainsi, quel que soit votre état de vie, avec Marie vous êtes toutes mères. Votre prière et votre engagement de sentinelle se trouvent orientés selon le modèle de Marie, avec certaines caractéristiques.
Je pense d’abord au regard que vous portez sur les autres et sur les réalités du monde. Qu’il soit toujours comme celui de la Vierge Marie, un regard de mère, patient compréhensif, compatissant. Et je vous invite à imprégner toute votre vie et toutes vos relations de ce regard, pas seulement lorsque vous vous retrouvez entre sentinelles, et dans les moments de prière, mais dans le quotidien de la vie, que ce soit en famille, en paroisse, dans vos milieux professionnels.
Ensuite, nous avons entendu il y a peu de temps, dans la liturgie, que Marie «conservait et méditait les événements dans son cœur». Vous portez certainement dans votre prière des évènements qui peuvent être douloureux, à titre personnel ou bien qui vous sont recommandés par d’autres. Vous portez aussi les intentions du monde traversé par tant de conflits, tant de violences et d’indifférence; et aussi celles de si nombreuses personnes malheureuses, délaissées, rejetées ou en grande difficulté. Tout cela pourrait susciter incompréhension, découragement. Or Marie, voyant Jésus souffrir de pauvreté, ne se décourage, elle pas ne se plaint pas. Elle garde le silence; elle conserve dans son cœur et médite (cf. Homélie du 1er janvier 2022). «C’est ainsi que font les mères: elles savent surmonter les obstacles et les conflits, elles savent insuffler la paix. Elles réussissent ainsi à transformer les adversités en opportunités de renaissance, en opportunités de croissance» (ibid). Puissiez-vous aider les personnes à découvrir le sens de ce qu’elles vivent, et à toujours garder l’espérance et confiance en l’avenir.
Enfin, la tendresse! Notre monde ainsi que nos frères et sœurs ont, plus que jamais, besoin de tendresse; or c’est un mot que beaucoup voudraient voir disparaître du dictionnaire (cf. Homélie 1er janvier 2019). Que notre monde est dur, parfois aujourd’hui, implacable, sourd et indifférent aux souffrances et aux détresses du prochain. Marie a été tendresse pour Jésus, elle l’est pour l’Eglise et pour le monde. Telle est certainement aussi la vocation d’une sentinelle: incarner, en quelque sorte la tendresse de Marie pour l’Eglise et pour le monde.
Je vous remercie encore pour votre visite et pour votre dévouement. Je vous souhaite de persévérer courageusement. Que votre développement, numérique et géographique, œuvre du Saint-Esprit ne vous fasse pas perdre votre simplicité ni votre petitesse de cœur. Je vous demande de ne pas m’oublier dans votre prière du Rosaire et je vous donne ma Bénédiction. Merci.