· Cité du Vatican ·

Poursuivant les réflexions sur les vices et les vertus le Pape parle de la luxure

L’amour entre un homme et une femme n’est pas pour s’utiliser mais pour se donner

 L’amour entre un homme et une femme n’est pas pour s’utiliser mais pour se donner  FRA-003
18 janvier 2024

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui, écoutons bien la catéchèse, car après, il y aura le cirque qui fera quelque chose pour nous divertir.

Nous poursuivons notre itinéraire sur les vices et les vertus; et les anciens Pères nous enseignent qu’après la gourmandise, le deuxième «démon», c’est-à-dire le vice, qui se tient toujours accroupi à la porte du cœur est celui de la luxure. Alors que la gourmandise est une voracité envers la nourriture, ce second vice est une sorte de «voracité» envers une autre personne, c’est-à-dire la relation empoisonnée que les êtres humains entretiennent les uns avec les autres, en particulier dans le domaine de la -sexualité.

Attention: dans le christianisme, il n’y a pas de condamnation de l’instinct sexuel. Un livre de la Bible, le Cantique des Cantiques, est un merveilleux poème d’amour entre deux fiancés. Cependant, cette si belle dimension de notre humanité, la di-mension sexuelle, la dimension de l’amour, n’est pas sans danger, à tel point que saint Paul doit aborder la question dans la première Lettre aux Corinthiens. Il écrit: «On entend dire partout qu’il y a chez vous un cas d’inconduite, une inconduite telle qu’on n’en voit même pas chez les païens» (5, 1). Le reproche de l’apôtre concerne précisément une gestion malsaine de la sexualité de la part de certains chrétiens.

Mais regardons l’expérience humaine, l’expérience de tomber amoureux. Il y a ici de nombreux jeunes mariés: vous, vous pouvez parler de cela! Pourquoi se produit ce mystère, et pourquoi cette expérience est si bouleversante dans la vie des personnes, aucun d’entre nous ne le sait. Une personne tombe amoureuse d’une autre, le sentiment amoureux vient. C’est l’une des réalités les plus surprenantes de l’existence. Une grande partie des chansons que nous entendons à la radio en parlent: des amours qui s’illuminent, des amours toujours recherchées et jamais trouvées, des amours pleines de joie ou des amours qui tourmentent jusqu’aux larmes.

S’il n’est pas pollué par le vice, le fait de tomber amoureux est l’un des sentiments les plus purs. Une personne amoureuse devient généreuse, aime faire des cadeaux, écrit des lettres et des poèmes. Elle cesse de penser à elle pour se projeter entièrement vers l’autre, cela est beau. Et si vous demandez à une personne amoureuse «pourquoi aimes-tu?», elle ne trouvera pas de réponse: à bien des égards, il s’agit d’un amour inconditionnel, sans aucune raison. Patience si cet amour, si puissant, est aussi un peu ingénu: l’amoureux ne connaît pas vraiment le visage de l’autre, il a tendance à l’idéaliser, il est prêt à faire des promesses dont il ne saisit pas immédiatement le poids. Ce «jardin» où se multiplient les merveilles n’est pourtant pas à l’abri du mal. Il est souillé par le démon de la luxure, et ce vice est particulièrement odieux, pour au moins deux raisons.

Tout d’abord parce qu’il détruit les relations entre les personnes. Pour documenter une telle réalité, l’actualité quotidienne suffit malheureusement. Combien de relations qui avaient commencé dans les meilleures conditions se sont transformées en relations toxiques, de possession de l’autre, de manque de respect et du sens de limites? Ce sont des amours où la chasteté a fait défaut: une vertu qu’il ne faut pas confondre avec l’abstinence sexuelle — la chasteté est plus que l’abstinence sexuelle —, mais qui doit plutôt être liée avec la volonté de ne jamais posséder l’autre. Aimer, c’est respecter l’autre, rechercher son bonheur, cultiver l’empathie pour ses sentiments, se disposer à la connaissance d’un corps, d’une psychologie et d’une âme qui ne sont pas les nôtres et qui doivent être contemplés pour la beauté qu’ils portent. Aimer c’est cela et l’amour est beau. La -luxure, en revanche, se moque de tout cela: elle pille, elle vole, elle con-somme à la hâte, elle ne veut pas écouter l’autre, mais seulement son propre besoin et son propre plaisir; la luxure juge toute cour ennuyeuse, elle ne cherche pas cette synthèse entre raison, pulsion et sentiment qui nous aiderait à conduire l’existence avec sagesse. Le luxurieux ne cherche que des raccourcis: il ne comprend pas que le chemin de l’amour doit être parcouru lentement, et que cette patience, loin d’être synonyme d’ennui, nous permet de rendre heureuses nos relations amoureuses.

Mais il y a une deuxième raison pour laquelle la luxure est un vice dangereux. De tous les plaisirs humains, la sexualité a une voix puissante. Elle met en jeu tous les sens, elle habite à la fois le corps et la psyché, et cela est très beau mais, si elle n’est pas disciplinée avec patience, si elle n’est pas inscrite dans une relation et dans une histoire où deux individus la transforment en danse amoureuse, elle se transforme en une chaîne qui prive l’homme de sa liberté. Le plaisir sexuel, qui est un don de Dieu, est miné par la pornographie: une satisfaction sans relation qui peut engendrer des formes de dépendance. Nous devons défendre l’amour, l’amour du cœur, de l’esprit, du corps, l’amour pur pour se donner l’un à l’autre. Et cela est la beauté du rapport -sexuel.

Remporter la bataille contre la luxure, contre la «chosification» de l’autre, peut être l’affaire de toute une vie. Mais le prix de cette bataille est le plus important de tous, car il s’agit de préserver cette beauté que Dieu a inscrite dans sa création lors-qu’il a imaginé l’amour entre l’homme et la femme, qui n’est pas pour s’utiliser l’un l’autre, mais pour s’aimer. Cette beauté qui nous fait croire que construire une histoire ensemble vaut mieux que d’aller à la recherche d’aventures — il y a beaucoup de don Juan! —, cultiver la tendresse vaut mieux que céder au démon de la possession — le véritable amour ne possède pas, il se donne —, servir vaut mieux que conquérir. Car s’il n’y a pas d’amour, la vie est triste, est une triste solitude. Merci.

A l’issue de l’audience, le Pape a lancé les appels suivants:

J’exprime ma proximité et ma solidarité aux victimes, toutes civiles, de l’attaque de missiles qui a frappé une zone urbaine d’Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan irakien. Les bonnes relations entre voisins ne se construisent pas avec de telles actions, mais dans le dialogue et la collaboration. Je demande à tous d’éviter chaque pas qui accroît la tension au Moyen-Orient et dans les autres situations de -guerre.

Demain commence la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, qui a cette année pour thème: «Aime le Seigneur ton Dieu... et aime le prochain comme toi-même» (cf. Lc 10, 27). Je vous invite à prier, afin que les chrétiens atteignent la pleine communion et apportent un témoignage unanime d’amour envers tous, en particulier envers les plus fragiles.

Et n’oublions pas les pays qui sont en guerre, n’oublions pas l’Ukraine, n’oublions pas la Palestine, Israël, n’oublions pas les habitants de la bande de Gaza qui souffrent tant. Prions pour les nombreuses victimes de la guerre, elles sont si nombreuses. La guerre détruit toujours, la guerre ne sème pas l’amour, elle sème la haine. La guerre est une véritable défaite humaine. Prions pour les gens qui souffrent dans les guerres.

Parmi les pèlerins qui assistaient à l’audience générale, se trouvaient les groupes francophones suivants:

De France: Lycée Fénélon-Sainte Marie, de Paris.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les élèves de Fénélon-Sainte Marie, de Paris.

Je vous invite tous à témoigner de la beauté et de la dignité de la personne humaine dans vos relations.

Ma bénédiction à tous!