«Chers frères et sœurs! Je vous souhaite la bienvenue, à vous qui êtes en France responsables de la communication des diocèses, des congrégations religieuses, des associations et mouvements catholiques, des communautés nouvelles et des paroisses. Je vous remercie d’être venus. J’aimerais lire tout le discours, mais j’ai un souci, j’ai un peu de bronchite et je ne peux pas bien parler. Si cela ne vous dérange pas, je vous remettrai la copie du discours. Pardonnez-moi. Je la remettrai pour qu’ils la donnent à chacun d’entre vous, mais j’ai beaucoup de mal à parler. Je vous remercie de votre compréhension. Et merci d’être venus. Merci beaucoup pour votre travail, car ce n’est pas facile de communiquer, mais la première chose qu’une personne fait, c’est communiquer. Depuis Adam, lorsqu’il a vu Eve, il a communiqué. Communiquer est la chose la plus humaine qui soit. Allez de l’avant. Je vais maintenant vous donner la bénédiction et vous saluerai un par un, car pour saluer, je n’ai pas besoin de parler. Je le fais du fond du cœur»: telles sont les paroles prononcées par le Pape François lors d’un salut improvisé adressé aux participants au colloque «Université des communicants en Eglise», promu par la conférence des évêques de France. François les a reçus le vendredi 12 janvier dans la Salle Clémentine, et leur a remis le discours que nous publions ci-dessous.
La communication est votre mission. Une grande mission dans un monde hyper connecté et bombardé d’informations. C’est pourquoi vous avez décidé de vous arrêter de temps en temps — cette fois-ci à Rome — pour partager, prier, écouter. Comme nous avons besoin de cela! Je le dis aussi pour moi, car le ministère du Pape aussi fait aujourd’hui partie du monde de la communication. Ces moments servent alors à redécouvrir la racine de ce que nous communiquons, la vérité dont nous sommes appelés à témoigner, la communion qui nous unit en Jésus Christ. Ils nous aident à ne pas tomber dans l’erreur de penser que l’objet de notre communication serait nos stratégies ou nos entreprises individuelles; à ne pas nous enfermer dans nos solitudes, nos peurs ou nos ambitions; à ne pas tout miser sur le progrès technologique.
Le défi d’une bonne communication est aujourd’hui plus complexe que jamais, et il y a le risque de l’affronter avec une mentalité mondaine: avec l’obsession du contrôle, du pouvoir, du succès; avec l’idée que les problèmes sont avant tout matériels, technologiques, organisationnels, économiques.
Je sais que votre première rencontre a eu lieu à Paray-le-Monial, la ville du Sacré-Cœur, de Sainte Marguerite-Marie Alacoque. Un lieu qui rappelle le centre, la source d’où a jailli et continue à jaillir le salut de l’humanité. Un lieu qui nous dit aussi l’importance de communiquer avec le cœur, d’écouter avec le cœur, de voir avec le cœur les choses que les autres ne voient pas, afin de les partager et de les raconter en renversant la perspective et les catégories du monde. Nous avons grand besoin de cela. Repartir du cœur.
Vous vous êtes également rendus à Lisieux, la ville de sainte Thérèse, témoin d’une radicalité évangélique qui est également salutaire pour la communication de notre époque, si polluée par les paroles grandiloquentes, par les rêves de pouvoir et de grandeur. Communiquer pour nous, ce n’est pas dominer par notre voix celle des autres, ce n’est pas faire de la propagande mais c’est aussi parfois se taire; ce n’est pas se cacher derrière des slogans ou des phrases toutes faites. Communiquer, pour nous, ce n’est pas tout miser sur l’organisation; ce n’est pas une affaire de marketing, ce n’est pas seulement adopter telle ou telle technique. Pour nous, communiquer c’est être dans le monde pour prendre en charge l’autre, les autres, c’est être tout à tous et partager une lecture chrétienne des événements; ce n’est pas s’abandonner à la culture de l’agressivité et du dénigrement; c’est construire un réseau de partage du bon, du vrai et du beau, fait de relations sincères; c’est impliquer les jeunes dans notre communication.
Comment ne pas rappeler la célèbre phrase de saint François de Sales, patron des journalistes et communicants catholiques: Le bruit fait peu de bien, le bien fait peu de bruit.
Chers amis, en pensant à votre travail, je voudrais vous laisser trois mots comme repères pour votre route: témoignage, courage et ouverture du regard.
Le premier. Rappelez-vous que la communication est avant tout un témoignage. Et lorsqu’elle est faite de paroles, d’images, elle est une manière de partager ce témoignage. C’est ce qui nous rend crédibles dans notre relation avec les médias séculiers, et c’est aussi ce qui rend notre réseau de communication de plus en plus attractif et le fait grandir jour après jour, de personne à personne. Je sais qu’après la honte du scandale des abus, l’Eglise en France vit un chemin de purification. Allez-de l’avant! Les moments les plus sombres sont souvent ceux qui précèdent la lu-mière. J’ai pu constater à Marseille la vitalité de l’Eglise de France. N’hésitez pas à partager par la communication tout ce qu’il y a de bon dans vos diocèses, vos congrégations, vos mouvements. N’hésitez pas à construire, par la communication, la communion dans l’Eglise et la fraternité dans le monde. Soyez créatifs. Soyez accueillants. La société veut et a besoin d’entendre la parole de l’Eglise comme celle d’une Mère qui aime tout le monde.
Le deuxième repère: ne pas avoir peur, mais avoir du courage. Un courage différent de celui de qui croit être le centre. Le courage qui vient de l’humilité et du sérieux professionnel, et qui fait de votre communication un réseau cohésif, et en même temps ouvert, extraverti. Je sais, ce n’est pas facile. Mais telle est votre mission, notre mission! Et même si les destinataires vous paraissent indifférents, sceptiques, parfois critiques, voire hostiles, ne vous découragez pas. Ne les jugez pas. Partagez la joie de l’Evangile, l’amour qui nous fait connaître Dieu et comprendre le monde. Les hommes et les femmes de notre temps ont, eux aussi, soif de Dieu. Ils cherchent à Le rencontrer et ils Le cherchent aussi à travers vous.
Le troisième mot est ouverture du regard. Regarder loin. Regarder le monde entier dans sa beauté et sa complexité. Au milieu des murmures de notre époque, au lieu de l’incapacité à voir l’essentiel, découvrir que ce qui nous unit est toujours plus grand que ce qui nous divise; et cela il faut le communiquer, avec la créativité qui nait de l’amour. Souvenons-nous toujours de cela, cela est méconnu mais c’est la charité qui explique tout. Tout devient plus clair — même notre communication — à partir d’un cœur qui voit avec amour.
Chers frères et sœurs, merci pour ce que vous faites! Je vous bénis, vous et votre travail. Et s’il vous plait n’oubliez pas de prier pour moi.