«Merci beaucoup pour votre visite. Je suis heureux de vous recevoir» [ndlr: en français dans le texte]. «Voici le discours — a dit au groupe le Saint-Père — que je vais vous remettre pour que vous puissiez l'avoir par écrit. Et je vous remercie beaucoup pour cette visite, pour votre attitude joyeuse. Car il semble que vous ne puissiez pas parler sans chanter! Et qu'on ne peut pas chanter sans bouger! C'est la parole qui devient danse. C'est intéressant!»: Telles sont les paroles prononcées par le Pape François jeudi matin 4 janvier, en saluant un groupe de jeunes français de la Fraternité missionnaire des Cités, reçus en audience dans la Bibliothèque privée du palais apostolique. Il s'agissait d'une douzaine de jeunes catholiques de la banlieue parisienne qui, depuis mars 2022, sous la coordination du père Patrice Gaudin, curé de Bondy-Nord (Seine-Saint-Denis), travaillent bénévolement avec les prêtres des quartiers populaires de la banlieue. Nous publions ci-dessous le texte remis par le Souverain Pontife.
Chers frères et sœurs, bonjour et bienvenus!
Je suis heureux de vous rencontrer, membres de la Fraternité missionnaire des Cités, à l’occasion de votre pèlerinage à Rome. Vous êtes venus vous ressourcer spirituellement sur les tombes de Saint Pierre et Saint Paul et puiser aux sources vives de l’Eglise l’amour du Christ qui se donne sans cesse à tous les hommes. Que l’Esprit Saint, avec l’exemple et l’intercession de ces deux colonnes de l’Eglise, ravive en vous l’élan généreux et missionnaire de l’Église des premiers temps.
Alors que nous baignons encore dans la lumière de Noël, je vous invite à contempler une fois de plus la crèche. Nous voyons un lieu simple et pauvre, une périphérie, une ban-lieue de cette époque. Les bergers qui se rendent vers la crèche sont des marginalisés ayant mauvaise réputation. C’est pourtant à eux que l’Evangile du salut est d’abord annoncé. Ils sont pauvres mais ils ont le cœur disponible. Ça c’est aussi votre expérience. Et il n’est pas nécessaire que vous alliez très loin, dans votre service au cœur des cités, pour y découvrir les périphéries existentielles de nos sociétés, qui se trouvent la plus souvent à portée de votre main, dans votre quartier, au coin de la rue, sur le palier d’en face. C’est à vous qu’il revient de porter l’annonce qui fut faite aux bergers: «Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple» (Lc 2, 10). Pour cela, n’ayez pas peur de quitter vos sécurités afin de partager le quotidien de vos frères et sœurs. Beaucoup d’entre eux ont aussi le cœur disponible et attendent, sans le savoir, la joyeuse annonce.
Chers amis, je vous invite à vivre généreusement la fraternité au cœur des quartiers, à une ouverture du cœur, des mains, des oreilles pour un accueil authentique. La fraternité est le ferment de paix que réclament les banlieues: elle permet à chacun de se sentir accueilli tel qu’il est, là où il en est. Je vous exhorte, à chacune de vos rencontres, à découvrir en vos frères la présence du Seigneur Jésus, et à manifester la présence d’un Dieu compatissant, un Dieu qui veut s’exprimer et agir à travers vos gestes, vos paroles, votre simple présence; un Dieu patient qui chemine au rythme de chacun, avec ses blessures, ses révoltes, ses colères. Je sais aussi combien la violence, l’indifférence, la haine peuvent marquer parfois les quartiers: vous avez aujourd’hui la mission courageuse et nécessaire d’y apporter la proximité, la compassion et la tendresse de Dieu, à des personnes souvent privées de dignité et d’amour.
Chers frères et sœurs, merci pour ce que vous faites, continuez! Je confie chacun de vous et tous les membres de votre Fraternité à l’intercession de la Vierge Marie, et je vous bénis de grand cœur. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Merci.