· Cité du Vatican ·

Lors de l'Angelus de la fête de saint Etienne, le Souverain Pontife a confié la cause de la paix à l'intercession du premier martyr

Les fruits d’un conflit sont un désert de morts

 Les fruits d’un conflit sont un désert de morts  FRA-001
04 janvier 2024

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, juste après Noël, nous célébrons saint Etienne, premier martyr. Nous trouvons le récit de son martyre dans les Actes des apôtres (cf. chap. 6-7), qui le décrivent comme un homme de bonne réputation, qui servait aux tables et administrait la charité (cf. 6, 3). Et c'est précisément à cause de cette généreuse intégrité qu'il ne peut s'empêcher de témoigner de ce qu'il a de plus précieux: témoigner de la foi en Jésus, et cela déclenche la colère de ses adversaires, qui le tuent en le lapidant sans pitié. Et tout se passe devant un jeune homme, Saul, zélé persécuteur des chrétiens, qui fait office de «garant» de l'exécution (cf. 7,58).

Pensons un instant à cette scène: Saul et Etienne, le persécuteur et le persécuté. Entre eux, il semble y avoir un mur infranchissable, dur comme l’intégrisme du jeune pharisien et comme les pierres lancées contre le condamné à mort. Et pourtant, au-delà des apparences, il y a quelque chose de plus fort qui les unit: à travers le témoignage d'Etienne, en effet, le Seigneur est déjà en train de préparer dans le cœur de Saul, à son insu, la conversion qui le mènera à devenir un grand apôtre. Etienne, son service, sa prière et la foi qu'il annonce, son courage et surtout son pardon au moment de mourir, ne sont pas vains. On disait autrefois, au temps des persécutions — et il est toujours juste de le dire aujourd'hui — «le sang des martyrs est une semence de chrétiens». Ils semblent s’achever dans le néant, mais en réalité son sacrifice lance une semence qui, courant dans la direction opposée aux pierres, s’enracine, de manière cachée, dans la poitrine de son pire rival.

Aujourd’hui, deux mille ans après, malheureusement, nous voyons que la persécution continue: il y a une persécution des chrétiens... Il y a encore — et ils sont nombreux — ceux qui souffrent et meurent pour témoigner de Jésus, comme il y a ceux qui sont pénalisés à divers niveaux parce qu’ils se comportent de manière cohérente avec l’Evangile, et ceux qui ont du mal chaque jour à rester fidèles, sans faire de bruit, à leurs bons devoirs, tandis que le monde s’en moque et prêche autre chose. Ces frères et sœurs aussi peuvent sembler des ratés, mais aujourd'hui nous voyons que ce n'est pas le cas. Maintenant comme alors, en effet, la semence de leurs sacrifices, qui semble mourir, germe, porte du fruit, parce que Dieu continue à travers eux à accomplir des prodiges (cf. Ac 18 ,9-10), à changer les cœurs et à sauver les hommes.

Demandons-nous alors: est-ce que je m’intéresse et est-ce que je prie pour ceux qui, dans diverses parties du monde, souffrent encore aujourd’hui et meurent pour leur foi? Tant de personnes assassinées pour leur foi. Et pour ma part, est-ce que je cherche à témoigner de l'Evangile avec cohérence, douceur et confiance? Est-ce que je crois que la semence du bien portera du fruit même si je ne vois pas de résultats immédiats?

Marie, Reine des martyrs, aide-nous à témoigner de Jésus.

Après l'Angelus, le Souverain Pontife a remercié tous ceux qui lui ont envoyé des messages de vœux, a assuré de sa proximité les communautés chrétiennes persécutées et a lancé un appel à la paix dans les pays touchés par les guerres. Enfin, il a invité les personnes présentes à s'arrêter devant la crèche de la place Saint-Pierre pour se laisser "émerveiller par la naissance du Seigneur".

Chers frères et sœurs,

Je renouvelle à vous tous mes vœux de paix et de bien qui viennent de la Nativité du Seigneur. Je saisis cette occasion pour remercier tous ceux qui m'ont adressé leurs vœux de Noël de Rome et de nombreuses autres parties du monde. Merci, surtout pour vos prières! Et continuez à prier pour le Pape! Il en a besoin.

Dans la lignée du témoignage de saint Etienne, je suis proche des communautés chrétiennes qui souffrent de discriminations et les exhorte à persévérer dans la charité envers tous, à lutter pacifiquement pour la justice et la liberté religieuse.

Je confie également à l'intercession du premier Martyr l’invocation de paix des peuples déchirés par la guerre. Les médias nous montrent ce que produit la guerre: nous avons vu la Syrie, nous voyons Gaza. Pensons à l’Ukraine martyrisée. Un désert de mort. Est-ce cela que l’on veut? Les peuples veulent la paix. Prions pour la paix. Luttons pour la paix.

J’adresse mes salutations à vous, Romains et pèlerins, familles, groupes paroissiaux, communautés religieuses, associations. Je vous invite à vous arrêter devant la grande crèche de la place Saint-Pierre, inspirée de celle que saint François a faite à Greccio il y a huit cents ans. En observant les statues, vous verrez sur les visages et dans les attitudes un trait commun: l'émerveillement. Vous verrez un émerveillement qui devient adoration. Laissons-nous toucher par l'émerveillement devant la naissance du Seigneur. Je vous souhaite de garder cet émerveillement en vous: l'émerveillement qui devient adoration.

Et merci à vous tous, aux jeunes de l’Immaculée, et à tant d’autres présents ici!

Joyeuses fêtes à tous! Et, s'il vous plaît, n'oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir.