«A une époque obsédée par l’idée d’apparaître», où «tout le monde essaie de se mettre en vitrine», il «est beau de pouvoir saisir le style de Dieu, qui n’est pas grandiose, qui n’est pas bruyant, mais, au contraire, est le style caché et de la petitesse». Telle est la recommandation du Pape François aux employés du Saint-Siège et du gouvernorat de l'Etat de la Cité du Vatican, reçus le jeudi 21 décembre, dans la salle Paul vi, à l'occasion de la traditionnelle audience pour les vœux de Noël. Nous publions ci-dessous le texte du discours prononcé par le Souverain Pontife.
Chers frères et sœurs, bonjour!
Cette année aussi, nous nous retrouvons pour Noël pour échanger nos vœux. Merci d’être venus, avec vos familles aussi!
En contemplant ensemble le Mystère de la naissance de Jésus, il est beau de pouvoir saisir le style de Dieu, qui n’est pas grandiose, qui n’est pas bruyant, mais, au contraire, est le style caché et de la petitesse. Deux mots importants: caché et petit. Ces mots nous transmettent le trait doux de Dieu, qui ne vient pas à nous pour nous terrifier par sa grandeur ou pour s’imposer par sa magnificence, mais il se rend présent de la façon la plus commune possible, en se faisant l’un de nous.
Caché et petit. Dieu se cache dans la petitesse d’un Enfant qui naît, dans un couple d’époux — Marie et Joseph — qui ne sont pas sous les projecteurs, dans la pauvreté d’une étable parce qu’il n’y avait pas de place pour les loger. Ce sont les traits distinctifs du Fils de Dieu, qui se présente ensuite au monde comme une petite semence qui meurt caché dans la terre pour porter du fruit. Il est le Dieu des petits, le Dieu des derniers et, avec lui, nous apprenons tous la voie à suivre pour entrer dans le Royaume de Dieu: non pas une religiosité apparente et artificielle, mais devenir petits comme des enfants.
Vous, très chers amis, connaissez bien ces deux mots. Votre travail ici au Vatican s’accomplit pour l’essentiel de façon cachée, chaque jour, en réalisant souvent des choses qui peuvent sembler insignifiantes et qui, au contraire, contribuent à offrir un service à l’Eglise et à la société. Je vous remercie pour cela, et je vous souhaite de pouvoir continuer votre travail dans un esprit de gratitude, avec sérénité et humilité, et en apportant précisément là, dans les relations avec vos collègues hommes et femmes, un témoignage chrétien. Ici aussi, et même avant tout ici, il y a besoin — n’est-ce pas? — de ce témoignage chrétien. Regardez Jésus caché et petit dans la grotte; regardez la simplicité de la crèche que vous avez faite à la maison; et soyez certains que le bien, même lorsqu’il est caché et invisible, croît sans faire de bruit. Le bien croît sans faire de bruit, il se multiplie de façon inattendue et diffuse le parfum de la joie. N’oubliez pas cela: le bien croît sans faire de bruit et donne cette paix, cette joie du cœur, qui est si -belle.
Ce style — caché et petit — je voudrais le souhaiter aussi à vos familles et à vos enfants. Aujourd’hui, nous vivons à une époque obsédée par l’idée d’apparaître, tout le monde essaie de se mettre en vitrine. Il y a le temps du maquillage — tout le monde se maquille, pas seulement le visage, mais on se maquille l’âme, et cela est laid — et on cherche à se mettre en vitrine, à apparaître, en particulier à travers les réseaux sociaux. C’est un peu comme si on voulait de précieux verres de cristal sans se préoccuper que le vin soit bon. Le bon vin se boit dans un verre simple. Mais en famille, les apparences et les masques ne comptent pas — en famille on sait tout —; ou en tout cas elles durent peu; ce qui compte est que ne manque pas le bon vin de l’amour, de la tendresse et de la compassion réciproque. Et cela est le style de Dieu. Proximité, compassion et tendresse. C’est le style de Dieu. Et l’amour — nous le savons bien — ne fait pas de bruit. Nous le vivons dans la façon cachée et humble des gestes quotidiens, dans les attentions que nous savons nous échanger. Et c’est ce que je vous souhaite: d’être attentifs, dans vos maisons et dans vos familles, aux petites choses de chaque jour, aux petits gestes de de gratitude, à l’attention de prendre soin. En regardant la crèche, nous pouvons imaginer l’attention, la tendresse de Marie et de Joseph pour l’Enfant qui est né. Je voudrais vous souhaiter ce style à vous tous.
Chers sœurs et chers frères, je vous présente mes meilleurs vœux pour un saint Noël. C’est un vœu que j’étends aussi à vos enfants et aux jeunes, à vos familles, aux personnes âgées qui habitent avec vous, en particulier à vos proches qui sont malades. Frères et sœurs, ouvrons le cœur de la joie: le Seigneur vient parmi nous! Bon Noël à tous! Et s’il vous plaît, priez pour moi. Merci.