La fête de Noël nous confronte à un paradoxe particulier cette année si nous ne nous laissons pas endormir par la «magie de Noël» et portons attention à ce que vivent les chrétiens dans cette terre sainte où Dieu est venu visiter et racheter son peuple. Nous célébrons l’accomplissement des «promesses faites à nos pères» au moment où la revendication de cette terre est cause de crimes et d’oppression. Mgr Michel Sabbah, patriarche latin de Jérusalem de 1988 à 2008, écrit à l’occasion de Noël cette année: «Noël est un temps où la Parole de Dieu nous visite pour effacer la mort et toute forme d'oppression. Nous pleurons avec la population de Gaza. Nous essayons de leur annoncer la nouvelle joie de Noël. Nous leur disons: Allumez une bougie à la flamme tremblotante au milieu de vos ruines. Dieu viendra. L'amour et la justice de Dieu l'emporteront sur le mal de l'humanité». La visitation de Dieu venu en notre chair s’inscrit dans l’histoire au milieu d’un peuple occupé sous la botte de l’occupant romain, à l’heure d’un recensement imposé par l’empereur à des fins de domination et d'impôt. Et cette fête sera suivie de près par le massacre des innocents sur l’ordre d’Hérode, jaloux de son pouvoir et prétentieux jusqu’à faire barrage au plan de Dieu. Face à la volonté de puissance, aux crimes et à la violence sanguinaire, la bonne nouvelle de Noël est la fragilité d’un enfant à la merci de de l’homme, confié entre nos mains, Dieu vulnérable livré à notre sollicitude. Comme l’écrivait Etty Hillesum dans le camp de transit d’où elle allait partir pour Auschwitz: «Je vais te promettre une chose, mon Dieu… je me garderai de suspendre au jour présent, comme autant de poids, les angoisses que m’inspire l’avenir. Je vais t’aider, mon Dieu, à ne pas t’éteindre en moi…». Il nous appartient de ne pas laisser s’éteindre la fragile présence de Dieu au milieu de nous et de soutenir l’espérance de celles et ceux qui fêtent Noël sous les bombes au milieu des ruines.
*Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer
Marie, le Fiat et moi
Comme Marie, j’ai reçu, hier,
joyeux mais étonné,
Dieu dans ma maison;
j’ai mis alors mon habit de fête;
mon corps est devenu une arche d’alliance, une foi couronnée;
Dieu partage mon existence,
m’aide à être l’un de ses prophètes!
La conversion et mon vrai Je
Dieu, adulte, est entré dans ma vie,
m’a converti;
j’ai enfin découvert la joie de m’offrir,
d’être une Hostie;
Il m’a engendré à mon vrai Je,
à l’amour de l’autre,
et conduit au bonheur:
devenir l’un de ses apôtres.
Franck Widro
L’Evangile en poche
Lundi 25 décembre, Noël du Seigneur
Première lecture: Is 52, 7-10;
Psaume: 97
Deuxième lecture: He 1, 1-6;
Evangile: Jn 1, 1-18
Bruno Lachnitt*