Chers frères et sœurs, bonjour!
Au nombre des témoins de la passion pour l’annonce de l’Evangile, ces évangélisateurs passionnés, aujourd’hui je présente la figure d’une femme française du xxe siècle, la vénérable servante de Dieu Madeleine Delbrêl. Née en 1904 et décédée en 1964, elle a été assistante sociale, écrivaine et mystique, elle a vécu pendant plus de trente ans dans les ban-lieues pauvres et ouvrières de Paris. Eblouie par sa rencontre avec le Seigneur, elle écrit: «Une fois que nous avons connu la parole de Dieu, nous n’avons pas le droit de ne pas la recevoir; une fois que nous l’avons reçue, nous n’avons pas le droit de ne pas la laisser s’incarner en nous; une fois qu’elle s’est incarnée en nous, nous n’avons pas le droit de la garder pour nous: nous appartenons dès lors à ceux qui l’attendent» (Nous autres, gens des rues, Seuil, coll. «Livre de vie», n. 107, Paris, 1971). C’est beau, c’est beau ce qu’elle a écrit...
Après une adolescence vécue dans l’agnosticisme — elle ne croyait en rien —, à vingt ans environ Madeleine rencontre le Seigneur, frappée par le témoignage d’amis croyants. Elle se met alors à la recherche de Dieu, donnant voix à une soif profonde qu’elle ressentait en elle, et comprend que le «vide qui criait dans son angoisse» c’était Dieu qui la cherchait (Eblouie par Dieu - correspondance 1: 1910-1941 dans Œuvres complètes vol. 1, Nouvelle cité, coll. «Spiritualité», Mont-rouge, 2004). La joie de la foi l’a conduite à mûrir un choix de vie entièrement donnée à Dieu, au cœur de l’Eglise et au cœur du monde, partageant simplement en fraternité la vie des «gens de la rue». S’adressant poétiquement à Jésus, elle écrit: «Pour être avec Toi sur Ton chemin, nous devons partir, même quand notre paresse nous supplie de rester. Tu nous as choisis pour être dans un équilibre étrange, un équilibre qui ne peut s’établir et se maintenir que dans le mouvement, que dans l’élan. Un peu comme une bicyclette, qui ne peut tenir debout sans rouler [...] Nous ne pouvons tenir debout qu’en avançant, en bougeant, dans un élan de charité». C’est ce qu’elle appelle la «spiritualité de la bicyclette» (Humour dans l'amour: Méditations et fantaisies dans Œuvres complètes vol. 3, Nouvelle cité, coll. «Spiritualité», Montrouge, 2005). Ce n’est qu’en chemin, en courant, que nous vivons dans l’équilibre de la foi, qui est un déséquilibre, mais c’est ainsi: comme la bicyclette. Si tu t’arrêtes, tu tombes.
Madeleine avait le cœur constamment en éveil, et se laisse interpeller par le cri des pauvres. Elle sentait que le Dieu vivant de l’Evangile devrait brûler en nous jusqu’à ce que nous ayons porté son nom à ceux qui ne l’ont pas encore trouvé. Dans cet esprit, tournée vers l’agitation du monde et le cri des pauvres, Madeleine se sent appelée à «vivre entièrement et à la lettre l’amour de Jésus, depuis l’huile du Bon Samaritain jusqu’au vinaigre du Calvaire, lui rendant ainsi amour pour amour [...] afin qu’en l’aimant sans réserve et en se laissant aimer jusqu’au bout, les deux grands commandements de la charité s’incarnent en nous et n’en fassent plus qu’un» (La vocation de la charité, 1, Œuvres complètes xiii, Bruyères-le-Châtel, 138-139).
Enfin, Madeleine Delbrêl nous enseigne encore une chose: en évangélisant, nous sommes évangélisés. C’est pourquoi elle disait, en écho à saint Paul: «Malheur à moi si l’évangélisation ne m’évangélise pas». En évangélisant, on s’évangélise. C’est une belle doctrine.
En contemplant ce témoin de l’Evangile, nous apprenons nous aussi que dans toute situation et circonstance personnelle ou sociale de notre vie, le Seigneur est présent et nous appelle à habiter notre temps, à partager la vie des autres, à nous mêler aux joies et aux tristesses du monde. En particulier, elle nous enseigne que même les milieux sécularisés sont utiles à la conversion, parce que le contact avec les non-croyants provoque le croyant à une révision continuelle de sa manière de croire et à redécouvrir la foi dans son essentialité (Nous autres, gens des rues, Seuil, coll. «Livre de vie», n. 107, Paris, 1971).
Que Madeleine Delbrêl nous enseigne à vivre cette foi «en mouvement», disons, cette foi féconde que tout acte de foi transforme en acte de charité dans l’annonce de l’Evangile. Merci.
En saluant les pèlerins présents, le Pape a dit:
Adressons une pensée et une prière aux peuples qui souffrent de la guerre. N’oublions pas l’Ukraine martyrisée et pensons aux peuples palestinien et israélien: que le Seigneur nous conduise à une paix juste. Ils souffrent beaucoup: les enfants souffrent, les malades souffrent, les personnes âgées souffrent et beaucoup de jeunes meurent. La guerre est toujours une défaite: ne l’oublions pas. Elle est toujours une défaite.
Parmi les pèlerins qui assistaient à l’audience générale du 8 novembre, se trouvaient les groupes francophones suivants:
De France: Groupe de pèlerins du diocèse de Soissons; paroisse Saint-Albert-le-Grand, de Paris; groupe de pèlerins d’Avranches; Union nationale des Associations familiales catholiques.
Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier les pèlerins venus de France ainsi que tous les membres de l’Union nationale des Associations familiales catholiques. Face à notre monde sécularisé, ne nous lamentons pas mais voyons-y un appel à éprouver notre foi et une invitation à communiquer la Joie de l’Evangile. Que Dieu vous bénisse.