· Cité du Vatican ·

L’expérience synodale d’une religieuse à Madagascar

Disponibilité à l’écoute et capacité de discernement

smart
19 octobre 2023

Mon expérience de ce synode sur le thème «pour une église synodale: communion, participation, mission» a commencé lorsque la conférence des évêques de Madagascar m'a nommée parmi les membres de l'équipe nationale chargée d’animer et de préparer les Eglises de toute l'île à vivre ce synode. Nous étions sept dans cette équipe dont trois prêtres diocésains, un prêtre religieux, un laïc, une laïque et moi-même la religieuse, avec bien sûr l'évêque désigné pour participer au synode. C'est dans ce groupe qu’a débuté cette expérience de «marcher ensemble» un style de vie coloré par la communion, la mission et la participation, et que le Pape François nous invite à vivre en tant que fils et filles de Dieu.

Dans cette équipe, nous sommes différents sur de nombreux aspects, tel que l'état de vie, les connaissances, les talents, la société d'où nous venons, l'âge, en plus des caractères de chacun... Mais l’amour pour l’Eglise que nous avons en commun et les différences acceptés devenues diversités constituent mon premier pas vers la synodalité car de cela dépend la disponibilité d'écoute: écouter l'Esprit Saint le protagoniste du synode, écouter les autres et écouter aussi la «maison commune»; de cela dépend aussi la capacité de discerner. Puis écouter et accueillir les autres est devenu de plus en plus important au fur et à mesure que j'interagissais avec tous ceux qui participaient au synode au niveau du diocèse, et après cela au niveau national puis au niveau continental qui s'est tenu à Addis-Abeba (Ethiopie) au début du mois de mars, et surtout en ce moment où l'Eglise du monde entier est en train de faire l'expérience de «marcher ensemble». Ainsi, j'ai progressivement élargi l’espace de ma tente pour tisser une communion avec tous, qui deviennent actuellement membres de ma famille, mes voisins et mes amis.

Dans la prière pour le synode, j’aime beaucoup cet extrait de la prière: «Nous qui sommes faibles et pécheurs, ne permets pas que nous provoquions le désordre. Fais en sorte que l’ignorance ne nous entraîne pas sur une fausse route, ni que la partialité influence nos actes». D’abord, j’ai hâte que cette prière soit réalisée dans notre Eglise. Si l’Eglise, par ses fils et ses filles, vit ses propos, il sera agréable de rester dedans et puis elle sera comme une tache d’huile au fur et à mesure qu’elle chemine avec la société.

Ce synode a permis à des gens de différentes couches sociales de se rapprocher davantage. Il a favorisé l’esprit de communion et le sens de l’écoute mutuelle et du partage. Tous, en particulier les laïcs, étaient ravis de pouvoir se prononcer sur des points essentiels qui peuvent promouvoir leur relation avec l’Eglise. Ce synode a renforcé l’engagement de tous les baptisés dans la vie de l’Eglise. J’attends donc avec impatience la tangibilité de la synodalité dans l’Eglise à tous les niveaux.

Ce synode sur la «synodalité», surtout dans la manière dont il s’est déroulé, est une grande opportunité pour souligner que tout le monde, sans exception, est utile dans l'Eglise. Ainsi, chacun et chacune selon le don qu'il a reçu (1 Co 12, 4-7), ses compétences et sa vocation, participe à la mission de l'Eglise. Le synode nous ouvre à la grâce de comprendre que nous ne pouvons pas aller tout seuls vers Dieu, et l’Eglise a besoin de ses enfants afin qu’elle puisse accomplir sa mission évangélisatrice dans le monde actuel. Par conséquent, il ne doit pas y avoir d’interférence de responsabilités ou de lutte de poste entre nous, mais plutôt de la complémentarité et du respect mutuel. Les religieuses en Afrique sont comme les (quelques) femmes qui ont suivi Jésus, elles s’engagent, en tant que femmes et selon leurs charismes dans l’annonce de l’Evangile. Ce synode nous appelle tout d’abord à revoir notre manière de «marcher ensemble» dans notre congrégation et aussi notre manière de «marcher ensemble» avec l’Eglise et avec la société africaine où nous sommes. Il nous a offert aussi la possibilité de nous faire entendre, de former la famille de Dieu.

La démarche synodale n’est pas toujours un long fleuve tranquille, sans problème, mais je suis convaincue qu’avec une volonté de marcher ensemble et d’endurer ces difficultés, nous aboutirons à un résultat palpable, car «tout seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin» (proverbe africain).
Ainsi, la docilité à l’Esprit Saint pousse à s’ouvrir aux autres, elle donne une assurance à nous écouter mutuellement et nous aide à apprendre les uns des autres car la diversité est une richesse et un gage permettant de vivre d’une manière efficace notre identité «Pour une Eglise synodale: communion, participation et mission».

#sistersproject

Marie Solange Randrianirina