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Le cardinal Parolin s’exprime sur les événements en Terre Sainte en marge d’un colloque sur Pie xii

Trouver les conditions qui nous permettent de vivre dans la justice

 Trouver les conditions qui nous permettent de vivre dans la justice  FRA-041
12 octobre 2023

L’attentat «terrible et ignoble» perpétré samedi 7 octobre, en Israël par le Hamas a attristé le Pape, qui a exprimé ses condoléances pour tous les morts et les blessés que cette nouvelle vague de violence a provoqués. C'est avec ces mots de condamnation et, en même temps, de tristesse, que le cardinal secrétaire d'Etat, Pietro Parolin, a ouvert lundi 9 octobre la conférence de trois jours à l'université pontificale grégorienne, intitulée «Les nouveaux documents du pontificat de Pie xii et leur signification pour les relations judéo-chrétiennes».

«Je n'aurais jamais pensé commencer mon discours aujourd'hui avec l'obligation de partager et de transmettre la douleur que le Saint-Père a exprimée hier pour ce qu'il se passe en Israël», a déclaré le cardinal, assis à côté du grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni. «Le jour du sabbat, lors de la fête de Simchat Torah, la joie de la Torah, en Israël, de nombreux frères et sœurs israéliens ont été réveillés par un attentat terrible et méprisable. Nous sommes proches des familles des victimes, des milliers de blessés, des disparus et des personnes enlevées, aujourd'hui en grand danger».

Le secrétaire d'Etat a assuré que «le Saint-Siège suit avec une profonde et grave préoccupation la guerre qui a été provoquée, dans laquelle de nombreux Palestiniens de Gaza perdent également la vie et de nombreuses personnes sont déplacées et blessées». Il a réitéré sa «proximité» et ses «prières» aux familles et à tous les civils, «totalement innocents» et, reprenant les mots du Pape lors de l'Angelus de dimanche 8 octobre, il a fait remarquer que «la guerre est toujours une défaite de la dignité et une occasion de ne pas parvenir à une solution».

«Malheureusement, le terrorisme, la violence, la barbarie et l'extrémisme sapent les aspirations légitimes des Palestiniens et des Israéliens», a ajouté le cardinal, espérant que «les armes se tairont et que la raison prévaudra et servira à faire une pause et à réfléchir à la bonne manière de parvenir à la paix en Israël et en Palestine».

En marge de le conférence sur
Pie xii , interrogé par les journalistes à l'extérieur de l’université grégorienne, le cardinal a appelé à une solution pour «essayer de jeter les bases» du «problème» de la coexistence entre Palestiniens et Israéliens en mettant en œuvre «les instruments diplomatiques dont la communauté internationale s'est dotée». «Tant que ce problème ne sera pas résolu, tant qu'une formule de paix ne sera pas trouvée, ces choses risqueront toujours de se répéter et toujours avec une plus grande férocité», a averti le cardinal. Il s’est dit perturbé face aux bouleversements que connaît le monde en ce «moment tragique», et plus encore avec le déclenchement de «cette véritable guerre» en Terre sainte. Le cardinal a notamment exprimé son amertume face à une histoire qui semble se répéter: «Nous pensions que les tragédies qui se sont produites au xx e siècle appartenaient au passé, qu'elles ne se répéteraient plus jamais. Au contraire, nous devons constater avec une immense tristesse et une grande perplexité que nous sommes en train de répéter toutes les erreurs du passé. L'histoire ne nous a rien appris...».

Quelles solutions pour sortir de cette situation? «Certainement, a dit le cardinal, il faudra que le monde s’engage pour tenter avant tout de limiter ce conflit qui a éclaté d'une manière tout à fait surprenante. En tout cas, de notre côté, personne n'imaginait que ce qui s'est déclenché se produirait. Ensuite, il faudra mettre sur pied tous les instruments diplomatiques». Dans un premier temps, souligne Pietro Parolin, il faut surmonter ce premier choc «où il est difficile de raisonner: nous sommes tous pris par l'émotion de ce qu'il se passe...». En ce moment, tout semble «très difficile», mais il y aura «un moment de détachement» et là, a déclaré le cardinal, nous devrons «commencer à réfléchir ensemble».

Le secrétaire d’Etat du Saint-
Siège a adressé un dernier appel: «Nous devons trouver les conditions qui nous permettent de vivre dans la justice», car, comme le disait Pie xii , «la paix est le fruit de la justice». Il faut donc «trouver un moyen de résoudre ce problème tragique des relations entre Palestiniens et Israéliens sur la base de la justice. C'est la seule façon d'assurer une paix stable et une coexistence pacifique et fructueuse entre les deux peuples», a-t-il conclu. (salvatore cernuzio)