· Cité du Vatican ·

Témoignage de sœur Nirmalini participante aux assises

Partager l’âme de l’Eglise

 Partager l’âme de l’Eglise  FRA-040
05 octobre 2023

Nous publions ci-dessous l’expérience d’une religieuse indienne relative au processus synodal dans son pays. Ce témoignage a été écrit avant le début du synode sur la synodalité en cours à Rome, auquel elle a été appelée à participer:

La nouvelle d’avoir été choisie pour participer au synode sur la synodalité a été une surprise, quoique agréable. Je me suis demandée: «Mais qui suis-je pour avoir été choisie?», ou «Mais je ne suis pas théologienne...». J’ai repensé à la -scène dans laquelle Jésus appelle de simples pêcheurs à être ses apôtres: l’humilité a calmé mon anxiété et la peur s’est vite transformée en action de grâce envers Dieu de m’avoir donné cette possibilité d’être appelé au mystère sacré de son amour et de son espérance. Je considère tout cela comme une invitation à participer au chemin ensemble dans la communion, la participation et la mission avec tout son peuple.

Lorsque, par le passé, nous entendions parler du synode, nous n’y prêtions pas vraiment attention. Pour nous, il s’agissait toujours d’un événement qui se déroulait dans un lieu très éloigné parmi les hautes sphères de l’Eglise, dont nous aurions ensuite lu le document final dans notre communauté en y prêtant une écoute distraite — et cela se serait arrêté là.

Au contraire, lorsque le Pape François a annoncé le processus synodal de marcher ensemble, cela a résonné à nos oreilles comme un nouveau départ et une bouffée d’air frais. On était en train de faire l’Histoire, car désormais il y aurait la participation de personnes à tous les niveaux de l’Eglise: personne ne serait laissé-pour-compte.

D’après mon expérience, la préparation du synode en Inde a été un processus spirituel qui a ouvert la voie à un nouveau départ. L’engagement des organisateurs était louable, sachant que certains ont dû affronter de longs voyages jusqu’aux villages les plus éloignés pour ensuite pouvoir revenir dans les temps établis. Les efforts dé-ployés par les groupes de fidèles laïcs, de religieux et de prêtres ont touché le cœur de ceux qui les ont rencontrés — et vice versa. Ces rencontres ont été révélatrices pour les nombreuses personnes qui n’étaient pas habituées à être invitées à s’exprimer franchement et librement.

Dans le processus synodal «marcher ensemble», l’Eglise en Inde a cherché et perçu la présence de l’Esprit de Dieu. Si, d’une part, l’expérience de nombreuses «lumières» a apporté à la communauté consolation et espérance, d’autre part la conscience des «ombres» met l’Eglise au défi de surmonter ces taches sombres et d’«avancer» avec foi.

La conclusion de ce premier processus a été résumée comme suit: «Conformément à l’exhortation synodale du Pape François, qui nous demande d’écouter et apprendre les uns des autres, l’Eglise en Inde, après avoir discerné ensemble les suggestions de l’Esprit et les voix de fidèles, religieux et prêtres, présente ses rêves et ses projets pour une plus grande communion, participation et mission. Ce processus a créé de nouveaux liens et une impulsion renouvelée à travailler ensemble, partager les responsabilités et participer plus activement à la vie de l’Eglise» (Conférence des évêques catholiques de l’Inde, Résumé de la consultation synodale 2023).

En tant que présidente de la Conférence des religieuses (mais aussi de la section des religieux), j’ai reconnu dans ce parcours une plateforme de communication délivrée des craintes. Il était intéressant d’écouter les religieuses de différentes congrégations lors de réunions où elles réfléchissaient et partageaient leurs dons et parlaient librement de leurs vulnérabilités. L’un des espoirs pour l’avenir est une amélioration des relations entre la hiérarchie de l’Eglise, le clergé et les religieux.

En tant que religieuse et participante au synode en représentation de l’Union internationale des supérieures générales (uisg), je considère ce chemin avec enthousiasme et espérance sans trop me soucier du résultat, contrairement à certains sceptiques. Je regarde devant moi avec foi, consciente qu’il s’agit d’une invitation de Dieu à affronter le processus de discernement dans un dialogue contemplatif et une écoute profonde de l’action de l’Esprit Saint. «Le vent souffle où il veut — dit Jésus – nous ne savons pas d’où il vient ni où il va».

Pleinement ouverte à l’action de l’Esprit, voici les sujets qui, j’espère, pourront être abordés: l’inclusion des femmes dans tous les processus de décision et de leadership dans l’Eglise; une attention à la voix des laïcs, hommes et femmes. Les faire taire prive l’Eglise de leur importante contribution pour ce qui concerne une plus grande participation, communion et mission; une réduction substantielle du cléricalisme dans l’Eglise; la réforme liturgique, en particulier de la messe, avec moins d’accent sur l’uniformité et une plus grande attention à la créativité qui nous conduit à Dieu; la co-responsabilité dans le soin de la Création.

Le Saint-Père a démontré que tout le monde est inclus dans ce chemin. En nous incluant, nous les femmes, il nous offre l’opportunité de partager avec l’âme. Ce qui m’a profondément frappé dans mes contacts avec les religieuses d’autres congrégations après avoir été choisies comme participantes au synode, c’est leur véritable soutien dans la prière, conscientes que «notre voix sera entendue au synode».

Pour conclure, j’aime paraphraser la pensée de sainte Catherine de Sienne, qui appelle les hommes à reconnaître la mission conférée par Dieu aux femmes et confirmée par Jésus, contenue dans les Evangiles et confirmée par les histoires des femmes dans l’Eglise. Catherine invite les femmes à refuser l’exclusion, à demander l’égalité, à parler à partir de leur spiritualité, à donner les dons reçus de Dieu, qu’ils soient demandés ou non, qu’ils soient saints ou non, légitimes ou non, car personne, même pas l’Eglise n’a le droit de nier les dons de Dieu ou le Dieu qui agit à travers les dons des femmes… Demandons la grâce de l’Esprit Saint de manière particulière pendant le synode!

#sistersproject

Maria Nirmalini