Audience générale du 27 septembre
Chers frères et sœurs, bonjour !
A la fin de la semaine dernière, je me suis rendu à Marseille pour participer à la conclusion des Rencontres Méditerranéennes, qui ont réuni des évêques et des maires du pourtour méditerranéen, ainsi que de nombreux jeunes, afin de tourner le regard vers l’avenir. L’événement marseillais s’intitulait d’ailleurs «Mosaïque d’espérance». Tel est le rêve, tel est le défi: que la Méditerranée retrouve sa vocation, être un laboratoire de civilisation et de paix.
La Méditerranée, nous le savons est un berceau de civilisation, et un berceau, c’est pour la vie! On ne peut pas permettre qu’elle devienne un tombeau, encore moins une zone de conflit. Non. La mer Méditerranée est ce qui s’oppose le plus au choc des civilisations, à la guerre, à la traite des êtres humains. C’est tout le contraire parce que la Méditerranée relie l’Afrique, l’Asie et l’Europe; le nord et le sud, l’orient et l’occident; les personnes et les cultures, les peuples et les langues, les philosophies et les religions. Bien sûr, la mer est toujours en quelque sorte un abîme à franchir, et elle peut aussi devenir périlleuse. Mais ses eaux recèlent des trésors de vie, ses vagues et ses vents portent des navires de toutes sortes.
C’est de sa rive orientale, qu’est parti, il y a deux mille ans, l’Evangile de Jésus Christ.
Naturellement [son annonce] ne se fait pas par magie et n’est pas acquis une fois pour toutes. C’est le fruit d’un parcours dans lequel chaque génération est appelée à faire un bout de chemin, en lisant les signes des temps qu’elle vit.
La rencontre de Marseille fait suite à celles qui se sont tenues à Bari en 2020 et à Florence l’année dernière. Il ne s’agit pas d’un événement isolé, mais d’un pas en avant dans un parcours qui trouve son origine dans les «Colloques méditerranéens» organisés par le maire Giorgio La Pira à Florence à la fin des années 1950. Un pas en avant pour répondre, aujourd’hui, à l’appel lancé par saint Paul vi dans son encyclique Populorum Progressio, pour «la promotion d’un monde plus humain pour tous, un monde où tous auront à donner et à recevoir, sans que le progrès des uns soit un obstacle au développement des autres». (n. 44).
Qu’est-ce qui est ressorti de l’événement de Marseille? Un regard sur la Méditerranée que je définirais comme simplement humain, ni idéologique, ni stratégique, ni politiquement correct, ni instrumental, humain, c’est-à-dire capable de tout rapporter à la valeur première de la personne humaine et à sa dignité inviolable. Puis dans le même temps, est apparu un regard d’espérance. Cela est aujourd’hui très surprenant: quand on écoute des témoins qui ont vécu des situations inhumaines ou qui les ont partagées, et que c’est d’eux que l’on reçoit une «profession d’espérance». C’est aussi un regard de fraternité.
Frères et sœurs, cette espérance, cette fraternité, ne doit pas «se volatiliser», non, au contraire, elle doit s’organiser, se concrétiser dans des actions à long, moyen et court terme. Et cela afin que les personnes, en toute dignité, puissent choisir d’émigrer ou de ne pas émigrer. La Méditerranée doit être un message d’espérance.
Mais il y a un autre aspect complémentaire: il faut redonner de l’espérance à nos sociétés européennes, en particulier aux nouvelles générations. En effet, comment accueillir les autres si nous n’avons pas nous-mêmes un horizon ouvert sur l’avenir? Comment des jeunes sans espérance, enfermés dans leur vie privatisée, préoccupés par la gestion de leur précarité, peuvent-ils s’ouvrir à la rencontre et au partage? Nos sociétés si souvent malades de l’individualisme, du consumérisme et de l’évasion vide ont besoin de s’ouvrir, d’oxygéner leurs âmes et leurs esprits pour pouvoir lire la crise comme une opportunité et l’affronter de manière positive.
L’Europe a besoin de retrouver passion et enthousiasme, et à Marseille je peux dire que je les ai trouvés: dans son pasteur, le cardinal Aveline, dans les prêtres et les personnes consacrées, dans les fidèles laïcs engagés dans la charité, dans l’éducation, dans le peuple de Dieu qui a manifesté une grande chaleur lors de la Messe au stade Vélodrome. Je les remercie tous, ainsi que le président de la République, dont la présence a témoigné de l’attention de la France entière à l’égard de l’événement de Marseille. Que Notre-Dame, que les Marseillais vénèrent sous le nom de Notre-Dame de la Garde, accompagne le chemin des peuples de la Méditerranée, afin que cette région devienne ce qu’elle a toujours été appelée à être: une mosaïque de civilisation et d’espérance.
Parmi les pèlerins qui assistaient à l’audience générale du 27 septembre, se trouvaient les groupes francophones suivants:
De France: Les Hospitalités de Laval et du Havre; collège Saint-Jo-seph, d’Oyonnax.
Le Pape leur a adressé le salut suivant:
Je salue cordialement les pèlerins de langue française.
Chers frères et sœurs, l’Europe a besoin de retrouver la passion et l’enthousiasme que j’ai trouvés à Marseille, chez son pasteur, chez les prêtres, les consacrés et les nombreux fidèles engagés dans la charité et l’éducation.
Puisse Notre-Dame de la Garde, vénérée par les Marseillais, accompagner le chemin des peuples de la Méditerranée afin que cette région devienne ce qu’elle est appelée à être: une mosaïque de civilisation et d’espérance. Que Dieu vous bénisse!
Le Saint-Père a rappelé la situation dramatique de l’Ukraine dans son salut aux polonais à travers les paroles suivantes:
Je salue cordialement les pèlerins polonais. Dimanche dernier était la Journée mondiale du migrant et du réfugié, dont le thème était: “Libre de choisir d’émigrer ou de rester”. Souvenez-vous de vos frères et sœurs d’Ukraine, contraints de quitter leur patrie déchirée par la guerre, qui cherchent aide, refuge et bienveillance dans votre pays. Montrez-leur l’accueil de l’Evangile. Que Dieu vous bénisse!