· Cité du Vatican ·

Intervention du Souverain Pontife au Meeting 2023 de la Clinton Global Initiative

Le moment est venu de faire taire les armes et de revenir au dialogue et à la diplomatie

NEW YORK, NEW YORK - SEPTEMBER 18: Former President Bill Clinton and Pope Francis have a ...
21 septembre 2023

Dans l’après-midi du lundi 18 septembre, le Pape François est intervenu en liaison vidéo à la première des deux journées de travail du Meeting 2023 de la Clinton Global Initiative, qui s’est conclue le lendemain à New York. L’événement a réuni des responsables d’organisations non-gouvernementales et philanthropiques, des représentants du monde de l’économie, du travail et de la finance, des chefs d’Etat et des hauts-fonctionnaires de gouvernements, des activistes et représentants de la société civile, pour identifier et mettre en œuvre des solutions efficaces aux défis les plus urgents du monde contemporain: l’urgence climatique, les déséquilibres dans l’accès aux soins, la promotion d’un développement économique équitable et inclusif. L’intervention du Pape, précédée par les paroles d’introduction de Bill Clinton, a été prononcée en espagnol. Nous en proposons ci-dessous une traduction.

Merci, Monsieur le président, pour m’avoir invité à cette rencontre: merci.

Il est important de diffuser une culture de la rencontre, une culture du dialogue, une culture de l’écoute et de la compréhension.

Il est nécessaire de partager des idées sur la façon de contribuer au bien commun et de ne pas exclure les personnes les plus vulnérables, comme les enfants, qui, par l’intermédiaire de la Fondation Bambino Gesù, sont à l’origine de notre rencontre.

Nous le savons tous: nous vivons une période de changements historiques. Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons en sortir meilleurs, ensemble. Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons guérir le monde de l’anonymat de la mondialisation de l’indifférence.

Monsieur le président, vous avez énuméré les nombreux défis du présent: le changement climatique, les crises humanitaires qui touchent les migrants et les réfugiés, le soin des enfants, et bien d’autres encore.

J’en ajouterais un autre: le vent de guerre qui souffle sur le monde entier, alimentant — avec cet esprit de guerre — ce que j’ai souvent appelé la «troisième guerre mondiale par morceaux», qui nous concerne tous aujourd’hui.

Une prise de responsabilité importante et commune est nécessaire. Aucune épreuve, aucun défi n’est trop grand si nous l’affrontons à partir de la conversion personnelle de chacun d’entre nous, de la contribution que chacun d’entre nous peut apporter pour le surmonter et de la conscience que nous faisons partie du même destin. Aucun défi ne peut être relevé seul, de façon solitaire. Nous ne pourrons le faire qu’ensemble, en tant que sœurs et frères, enfants de Dieu.

C’est pourquoi j’encourage toujours — et je veux le faire ici aussi — toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté, et je leur dis: ne baissez pas les bras — ne baissez pas les bras face aux difficultés — parce que les difficultés font partie de la vie. Et la meilleure façon de les affronter est toujours de rechercher le bien commun, mais jamais seuls, toujours ensemble.

Dans les difficultés, le meilleur ou le pire de nous peut ressortir. C’est là que réside l’épreuve, le défi. Nous devons combattre l’égoïsme, le narcissisme et la division par la générosité, l’humilité et le dialogue; l’unité est toujours préférable au conflit.

Le moment est venu de trouver le changement vers la paix, le changement vers la fraternité. Le moment est venu de faire taire les armes, de revenir au dialogue et à la diplomatie. Le moment est venu de mettre un terme aux programmes de conquête et d’agression militaire. C’est pourquoi je le répète: non à la guerre, non à la guerre.

Le moment est venu de travailler ensemble pour arrêter la catastrophe écologique avant qu’il ne soit trop tard. C’est pourquoi j’ai décidé d’écrire un nouveau document, dix ans après l’encyclique Laudato si’.

Arrêtons-nous pendant qu’il est encore temps, s’il vous plaît, arrêtons-nous pendant qu’il est encore temps.

Le moment est également venu d’affronter ensemble les urgences migratoires, en rappelant qu’il ne s’agit pas de chiffres, mais de personnes: hommes, femmes et enfants. Lorsque nous parlons de migration, nous pensons aux yeux des enfants que nous rencontrons dans les camps de réfugiés.

Le moment est venu de penser aux plus petits, aux enfants, à leur éducation, à leur soin.

Comme vous le savez, Monsieur le président, cette rencontre a pour origine un petit grand projet qui m’intéresse beaucoup et qui concerne les enfants et leur santé.

En Italie, à Rome, près du Vatican, il existe un hôpital très spécial: l’hôpital pédiatrique Bambino Gesù.

Il est connu dans le monde entier comme l’hôpital du Pape, mais pour moi ce n’est pas pour cela qu’il est «unique». Il est évident que notre petit grand hôpital ne peut pas résoudre les problèmes des enfants malades du monde entier; toutefois, il veut être un signe, un témoignage de la façon dont il est possible — au prix de nombreux efforts — de combiner une grande recherche scientifique, destinée à soigner les enfants, avec l’accueil gratuit des personnes dans le besoin. Science et hospitalité, qui se rencontrent rarement dans le même domaine.

Il y a trois ans, en pleine urgence du covid, j’ai baptisé des jumelles siamoises, Ervina et Prefina, qui étaient unies par la tête et que les médecins du Bambino Gesù ont séparées au cours d’une opération très complexe; elles venaient d’Afrique centrale, où elles seraient probablement mortes, et à présent, elles se portent bien. Ils ont fait la même chose avec d’autres couples de jumeaux et avec de nombreux enfants de pays pauvres. Et tout cela «de façon bénévole». L’hôpital accueille les enfants. C’est pourquoi, ici au Vatican, dans notre héliport, des hélicoptères atterrissent souvent avec des enfants amenés d’urgence d’autres lieux.

Au cours de ces terribles mois marqués par la guerre, l’hôpital Bambino Gesù a assisté plus de deux mille jeunes patients ukrainiens, qui avaient fui leur pays avec leurs parents et leurs familles.

Dans le domaine de la santé, aujourd’hui plus que jamais, la première et la plus concrète des formes de charité est la science: la capacité de soigner, qui doit cependant être accessible à tous. Ainsi, le Bambino Gesù est un signe concret de la charité et de la miséricorde de l’Eglise.

Il existe des maladies incurables, mais il n’existe pas d’enfants qui ne peuvent être soignés. Gardons bien cela à l’esprit: il existe des maladies incurables, mais il n’existe pas d’enfants qui ne peuvent être soignés.

C’est la caractéristique de l’hôpital Bambino Gesù, c’est son rêve, qui peut aussi être le vôtre. Si vous le voulez.

Merci, Monsieur le président, merci à vous tous et je vous souhaite une bonne journée. Merci.

Après les paroles de Bill Clinton, le Pape a conclu:

Deux choses me préoccupent: les enfants et le changement climatique. S’il vous plaît, en ce qui concerne le changement climatique, agissons avant qu’il ne soit trop tard.