· Cité du Vatican ·

Pour que nous te servions avec un cœur sans partage

 Pour que nous te servions avec un cœur sans partage  FRA-037
14 septembre 2023

Nous pouvons nous demander où nous sommes dans cette parabole? Spontanément, scandalisés par l’attitude de ce serviteur ingrat, nous nous voyons avec ses compagnons qui vont raconter l’affaire au roi. Mais si Jésus nous raconte cette histoire, c’est peut-être pour nous faire comprendre que nous sommes celui dont l’attitude nous scandalise.

Le pardon peut-il être le fruit d’une injonction morale pour être pardonnés à notre tour? Chacun le sait, il est difficile de pardonner comme d’accueillir le pardon de l’autre, même si le pardon ne consiste pas à faire comme si de rien n’était. Pierre, qui dans cet Evangile cherche une limite raisonnable au pardon, en fera douloureusement l’expérience quand le Ressuscité lui demandera trois fois «m’aimes-tu?» en écho à son triple reniement. Le pardon redonne une chance à la relation au-delà de ce qui l’a blessée.

L’inouï de l’Evangile, c’est que nous sommes aimés d’un amour inconditionnel. Il n’y a pas d’autre bonne nouvelle que celle-là, mais nous avons du mal à l’entendre, à l’accueillir, à la laisser nous bouleverser, atteindre en nous les zones d’ombre, tout ce que nous voudrions cacher au regard de l’autre, parce que nous voudrions faire bonne figure, essayer de mériter d’être aimé, au moins faire semblant, donner le change… Et nous tournons le dos à la Joie!

Et si la Bonne Nouvelle de l’Evangile était précisément là? Non pas: faites un effort, pardonnez pour être pardonnés, mais: quand vous aurez compris que ce serviteur à qui le roi a remis une si grande dette, c’est vous, alors vous pourrez enfin pardonner.

J’aurais alors envie de renverser l’oraison de ce dimanche: pour que nous te servions avec un cœur sans partage, accorde-nous de ressentir l’effet de ton amour, d’en prendre la mesure, d’éprouver que nous n’avons rien que nous n’ayons reçu, rien que nous ayons mérité, que de tant de dons nous sommes profondément indignes et en premier lieu parce que nous sommes nous même si peu dans le don, si peu dans la grâce.

* Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer

La promesse et notre couple

Ma compagne et moi, nous administrons, chaque jour, le pardon;

le Christ Le veut; cela dépasse
notre présence à la Messe

et nos oboles; il permet à notre couple
de vivre notre promesse:

être, grâce à Dieu, miséricordieux;
Il nous en fait don!

Le pardon et moi

Je refuse de te donner un pardon superficiel,

humain, cherche à t’offrir le vrai pardon cicatriciel,

celui me venant de Dieu,
il dépasse mon être, ma raison,

mon ego, il me libère l’âme, mon vrai Je,
est guérison.

Franck Widro

L’Evangile en poche

Dimanche 17 septembre,
xxive du Temps ordinaire

Première lecture: Si 27, 33 - 28, 9;

Psaume: 102

Deuxième lecture: Rm 14, 7-9;

Evangile: Mt 18, 21-35.

Bruno Lachnitt*