Un lieu où le temps semble suspendu, où le ciel, la terre et la mer se mêlent. Une invitation pour le visiteur à s'arrêter et à se reposer: la traversée de la baie à pied le long de la digue — souvent totalement entourée d'eau, lorsque la marée est haute — l'arrivée au mont, l'ascension en lacets des ruelles du village jusqu'à l'abbaye. Se tenir, dans le cloître, le regard tourné vers la statue dorée de l'archange. C'est ce que peuvent vivre les pèlerins, chrétiens ou non, qui comptent parmi les trois millions de visiteurs annuels du Mont-Saint-Michel. Son édifice le plus célèbre, l'abbaye romane, fête cette année le millénaire de sa fondation. A cette occasion, l'Eglise locale — en particulier la Fraternité monastique de Jérusalem, en charge de l'abbaye, et le diocèse de Coutances et Avranches, où se trouve le Mont — a donné le coup d'envoi d'une série d'événements jusqu'au 29 septembre, jour de la fête des saints Michel, Gabriel et Raphaël, archanges. Pour ouvrir les initiatives, un pèlerinage a eu lieu samedi 9 septembre entre le monastère bénédictin d'Ardevon, dans l'arrière-pays, et le Mont-Saint-Michel, au cours duquel les reliques de saint Aubertus, dont l'Eglise fait mémoire précisément le 10 septembre, ont été portées en procession.
La tradition veut que ce soit l'évêque Aubert d'Avranches qui ait initié le culte de saint Michel en Normandie au début du viii e siècle. En 708, l'archange serait apparu trois fois en songe à Aubert, lui demandant de construire un sanctuaire en son honneur sur une île appelée Mont-Tombe — aujourd'hui Mont-Saint-Michel — en s'inspirant de celui situé sur le massif du Gargano. Puis, en 966, le duc Richard i er de Normandie installe des moines bénédictins sur le Mont. Mais c'est surtout à partir de la construction de l'église abbatiale romane, commencée, selon la tradition, en 1023, que l'îlot rocheux devient un lieu de pèlerinage incontournable pour tout l'Occident chrétien, subissant au fil des siècles divers ajouts et modifications architecturales (Charles de Pechpeyroux).