· Cité du Vatican ·

A propos du zèle apostolique le Pape parle du bienheureux José Gregorio Hernandez Cisneros, médecin des pauvres

Le chrétien est appelé à se salir les mains pour promouvoir le bien, la paix et la justice

 Le chrétien est appelé à se salir les mains  pour promouvoir le bien, la paix et la justice  ...
14 septembre 2023

Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans nos catéchèses, nous continuons à rencontrer des témoins passionnés par l’annonce de l’Evangile. Rappelons que c’est une série de catéchèses sur le zèle apostolique, sur la volonté mais aussi l’ardeur intérieure pour proclamer l’Evangile. Aujourd’hui, nous nous rendons en Amérique latine, plus précisément au Vénézuéla, pour connaître la figure d’un laïc, le bienheureux José Gregorio Hernández Cisneros. Né en 1864, il a appris la foi surtout auprès de sa mère, comme il l’a raconté: «Ma mère m’a enseigné la vertu dès le berceau, elle m’a fait grandir dans la connaissance de Dieu et m’a donné la charité comme guide». Attention: ce sont les mères qui transmettent la foi. La foi se transmet en dialecte, c’est-à-dire à travers le langage des mères, ce dialecte que les mères savent parler avec leurs enfants. Et vous, mères: soyez attentives en trans-mettant la foi dans ce dialecte maternel.

La charité fut véritablement l’étoile polaire qui orienta l’existence du bienheureux José Gregorio: personne bonne et solaire, d’humeur joyeuse, il était doué d’une grande intelligence et devint médecin, professeur d’université et scientifique. Mais il fut surtout un médecin proche des plus faibles, au point d’être connu dans sa patrie comme «le médecin des pauvres». Il soignait les pauvres, toujours. A la richesse de l’argent, il préféra celle de l’Evangile, dépen-sant sa vie pour aider les nécessiteux. Dans les pauvres, dans les malades, dans les migrants, dans les souffrants, José Gregorio voyait Jésus. Et le succès qu’il ne chercha jamais dans le monde, il le reçut, et continue de le recevoir, des gens qui l’appellent «saint du peuple», «apôtre de la charité», «missionnaire de l’espérance». Ce sont de beaux noms: «saint du peuple», «apôtre de la charité», «missionnaire de l’espérance».

José Gregorio était un homme humble, aimable et serviable. En même temps, il était animé d’un feu intérieur, d’un désir de vivre au service de Dieu et du prochain. Poussé par cette ardeur, il essaya à plusieurs reprises de devenir religieux et prêtre, mais divers problèmes de santé l’en empêchèrent. Sa fragilité physique ne l’a cependant pas conduit à se renfermer sur lui-même, mais à devenir un médecin encore plus sen-sible aux besoins des autres; il s’attacha à la Providence et, forgé dans son âme, alla davantage à l’essentiel. Voilà le véritable zèle apostolique: il ne suit pas ses propres aspirations, mais la disponibilité aux desseins de Dieu. C’est ainsi que le bienheureux comprit qu’en soignant les malades, il mettait en pratique la volonté de Dieu, en aidant les souffrants, en donnant de l’espérance aux pauvres, en témoignant de la foi non pas avec des paroles, mais par l’exemple. C’est ain-si qu’il arriva — sur ce chemin intérieur — à accueillir la médecine comme un sacerdoce: «Le sacerdoce de la douleur humaine» (M. Yaber, José Gregorio Hernández: Médico de los Pobres, Apóstol de la Justicia Social, Misionero de las Esperanzas, 2004, 107). Combien il est important de ne pas subir passivement les choses, mais, comme le dit l’Ecriture, de tout faire dans un bon esprit, pour servir le Seigneur (cf. Col 3, 23).

Mais demandons-nous: d’où José Gregorio tenait-il tout cet enthousiasme, tout ce zèle? Il venait d’une certitude et d’une force. La certitude était la grâce de Dieu. Il écrivit que «s’il y a des bons et des mauvais dans le monde, les mauvais y sont parce qu’ils sont devenus mauvais eux-mêmes, mais les bons ne le sont qu’avec l’aide de Dieu» (27 mai 1914). Lui en premier sentait le besoin de la grâce, qu’il mendiait sur les routes, il avait un grand besoin d’amour. Et voilà la force dont il s’inspirait: l’intimité avec Dieu. C’était un homme de prière — il y a la grâce de Dieu et l’intimité avec le Seigneur — c’était un homme de prière qui participait à la Messe.

C’est au contact de Jésus, qui s’offre sur l’autel pour tous, que José Gregorio s’est senti appelé à offrir sa vie pour la paix. C’était la Première guerre mondiale. Nous arrivons ainsi au 29 juin 1919: un ami lui rend visite et le trouve très heureux. José Gregorio a en effet appris que le traité mettant fin à la guerre avait été signé. Son offrande a été accueillie, et c’est comme s’il pressentait que sa tâche sur terre était terminée. Ce matin-là, comme d’habitude, il était allé à la Messe et il descend maintenant dans la rue pour apporter des médicaments à un malade. Mais en traversant la route, il est percuté par un véhicule; transporté à l’hôpital, il meurt en prononçant le nom de la Vierge. Son chemin sur terre se termine ainsi, sur une route en accomplissant une œuvre de miséricorde, et dans un hôpital, où il avait fait de son travail un chef-d’œuvre comme médecin.

Frères, sœurs, devant ce témoignage, demandons-nous: moi, devant Dieu présent dans les pauvres près de moi, devant ceux qui, dans le monde, souffrent le plus, comment est-ce que je réagis? Et comment l’expérience de José Gregorio me touche-t-elle? Il nous encourage à nous engager face aux grandes questions sociales, économiques et politiques d’aujourd’hui. Beaucoup en parlent, beaucoup critiquent et disent que tout va mal. Mais le chrétien n’est pas appelé à cela, mais à s’en occuper, à se salir les mains: tout d’abord, comme nous l’a dit saint Paul, à prier (cf. 1 Tm 2, 1-4), et ensuite à s’engager non pas dans le bavardage — le bavardage est une peste —, mais à promouvoir le bien, à construire la paix et la justice dans la vérité. Cela aussi est le zèle apostolique, c’est l’annonce de l’Evangile, et cela est la béatitude chrétienne: «Heureux les artisans de paix» (Mt 5, 9). Allons de l’avant sur le chemin du bienheureux Gregorio: un laïc, un médecin, un homme de travail quotidien que le zèle apostolique a poussé à vivre en faisant la charité tout au long de sa vie.

Parmi les pèlerins qui assistaient à l’audience générale du 13 septembre, se trouvaient les groupes francophones suivants:

De différents pays: Groupe de la Fédération internationale des universités catholiques.

Du Canada: Eglise Sainte-Mélanie, de Joliette.

Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier un groupe de la Fédération internationale des universités catholiques et les pèlerins venus du Canada.

Le chrétien n’est pas appelé à parler seulement, mais à se «salir les mains» et à agir. A l’exemple du bienheureux José Gregorio, sachons nous engager concrètement au service des autres. Que Dieu vous bénisse et vos familles.

A l’issue de la catéchèse, le Pape a lancé l’appel suivant:

Mes pensées vont vers les populations libyennes, durement éprouvées par de violentes pluies qui ont déclenché des crues et des inondations, provoquant de nombreux morts et blessés, ainsi que des dégâts considérables. Je vous invite à vous unir à mes prières pour ceux qui ont perdu la vie, pour leurs familles et pour ceux qui ont été déplacés. Que ne manque pas notre solidarité envers ces frères et sœurs, éprouvés par une catastrophe si dévastatrice. Et mes pensées vont encore vers le noble peuple marocain qui a subi ces secousses telluriques, ces tremblements de terre. Prions pour le Maroc, prions pour ses habitants. Que le Seigneur leur donne la force de se relever après cette terrible «agression» qui s’est produite sur leur terre.

Le Pape a conclu en adressant sa pensée à l’Ukraine:

Et s’il vous plaît, frères et sœurs, continuons à prier pour la paix dans le monde, en particulier dans l’Ukraine martyrisée, dont les souffrances sont toujours présentes dans nos cœurs et dans nos esprits.