Samedi 2 septembre lors de la rencontre dans la cathédrale d'Oulan-Bator, l’agent pastoral Rufina Chamingerel a adressé quelques mots au Pape François: «Je ne sais toujours pas comment traduire le mot “communauté” dans notre langue.... Notre Eglise en est à ce stade typique où les enfants posent constamment des questions à leurs parents... Nous avons beaucoup de chance car si nous n’avons pas beaucoup de livres catéchétiques dans notre langue, nous avons beaucoup de missionnaires qui sont des livres vivants. Je voudrais souligner l'efficacité du synode et de la synodalité. Pendant le synode, nos fidèles, surtout les agents pastoraux, ont pu comprendre encore mieux la vraie nature de l'Eglise et ont eu une vision plus complète pour nos paroisses». Le «petit troupeau» catholique des steppes mongoles nous donne une indication précieuse pour le synode sur la synodalité. Le travail synodal vécu ici a apporté «une meilleure com-préhension de la vraie nature de l'Eglise».
Prenant la parole après Rufina, le Pape François a voulu dans son discours aux catholiques de Mongolie «mettre l'accent sur ce mot: communion». Car, a-t-il expliqué, «l'Eglise ne se comprend pas sur la base d'un critère purement fonc-tionnel: non, l'Eglise n'est pas une entreprise fonctionnelle», mais «elle est quelque chose d'autre». Le mot «communion» explique bien ce qu'est l'Eglise: «Dans ce corps de l'Eglise, l'évêque n'agit pas comme modérateur des différentes composantes en se basant sur le principe de majorité, mais il agit en vertu d'un principe spirituel, par lequel Jésus lui-même se rend présent en la personne de l'évêque pour assurer la communion dans son Corps mystique».
«L'Eglise est une communion» est le titre d'un livre écrit au début des années 1960 par le dominicain Jérôme Hamer, futur cardinal et secrétaire de la congrégation pour la doctrine de la foi. L'ecclésiologie de communion, a déclaré le synode des évêques de 1985, est «l'idée centrale et fondamentale des documents du Concile Vatican ii».
A plusieurs reprises, le Pape François a expliqué que le principe du jeu démocratique des majorités et des minorités n'est pas applicable à la vie de l'Eglise et ne respecte pas sa nature. Depuis la capitale mongole, il a déclaré que «l'unité dans l'Eglise n'est pas une question d'ordre et de respect, ni une bonne stratégie pour “faire équipe”; c'est une question de foi et d'amour pour le Seigneur, c'est une question de fidélité à son égard. C'est pourquoi il est important que toutes les composantes ecclésiales s'unissent autour de l'évêque, qui représente le Christ vivant au milieu de son peuple, en construisant cette communion synodale qui est déjà une annonce et qui aide tant à inculturer la foi».
Le synode qui s'annonce est l'occasion d'expérimenter et de faire grandir la conscience de ce que signifie vivre la communion ecclésiale, non pas selon une logique mondaine, non pas selon des pseudo-agendas individuels ou collectifs préétablis, mais en redécouvrant la communion dans la prière et l'écoute mutuelle, en permettant à chacun d'être guidé par l'Esprit et en mettant ain-si en œuvre une dimension constitutive de ce qu’est l’Eglise. Une dimen-sion présente dans l'Eglise depuis ses origines.
En recevant un prix intitulé «C'est du journalisme» le 26 août, le Pape François déclarait: «C'est précisément en ce temps, où l'on parle beaucoup et où l'on écoute peu, et où le sens du bien commun risque de s'affaiblir, que l'Eglise tout entière s'est engagée sur un chemin pour redécouvrir la parole “ensemble”. Nous devons redécouvrir la parole “ensemble”. Marcher “ensemble”. Interroger “ensemble”. Prendre en charge ”ensemble” un discernement communautaire, qui est pour nous la prière, comme l'ont fait les premiers apôtres: ceci est la synodalité, dont nous voudrions faire une habitude quotidienne dans toutes ses expressions. C'est précisément dans ce but que, dans un mois, des évêques et des laïcs du monde entier se réuniront ici à Rome pour un synode sur la synodalité: «Ecouter ensemble, discerner ensemble, prier ensemble».
Une leçon arrive du cœur de l'Asie, de la Mongolie, d'une Eglise naissante si éloignée en kilomètres de Rome mais si proche du cœur du Pape, pour les pères et les mères synodaux qui, dans quelques jours, se réuniront autour du Successeur de Pierre pour prier, écouter et discerner ensemble sur la manière d’annoncer l'Evangile aux femmes et aux hommes de notre temps. (andrea tornielli)
Andrea Tornielli