· Cité du Vatican ·

Le Pape François reparcourt son voyage apostolique en Mongolie

Loin des projecteurs parmi un petit troupeau au cœur simple

 Loin des projecteurs  parmi un petit troupeau au cœur simple  FRA-036
07 septembre 2023

Chers frères et sœurs, bonjour!

Lundi, je suis rentré de Mongolie. Je voudrais exprimer ma gratitude à tous ceux qui ont accompagné ma visite par leurs prières, et renouveler ma reconnaissance aux autorités qui m'ont solennellement accueilli: en particulier au président Khürelsükh, ainsi qu'à l'ancien président Enkh-bayar, qui m'avait adressé une invitation officielle à visiter le pays. Je repense avec joie à l'Eglise locale et au peuple mongol: un peuple noble et sage, qui m'a manifesté tant de cordialité et d'affection. Aujourd'hui, je souhaiterais vous plonger au cœur de ce voyage.

On pourrait se demander: pourquoi le Pape se rend si loin pour visiter un petit troupeau de fidèles? Parce que c'est précisément là, loin des projecteurs, que l'on trouve souvent les signes de la présence de Dieu, qui ne regarde pas les apparences, mais le cœur, comme nous l’avons entendu dans le passage du prophète Samuel (cf. 1 Sam 16, 7). Le Seigneur ne cherche pas le centre de la scène, mais le cœur simple de ceux qui le désirent et l'aiment sans apparaître, sans vouloir dominer sur les autres. Et j'ai eu la grâce de rencontrer en Mongolie une Eglise humble mais une Eglise joyeuse, qui est dans le cœur de Dieu, et je peux vous témoigner sa joie de s’être trouvée pour quelques jours aussi au centre de l'Eglise.

Cette communauté a une histoire touchante. Elle est née, par la grâce de Dieu, du zèle apostolique — sur lequel nous réfléchissons en ce moment — de certains missionnaires qui, passionnés par l'Evangile, se sont rendus, il y a environ trente ans, dans un pays qu'ils ne connaissaient pas. Ils ont appris sa langue — qui n’est pas facile — et, bien qu'issus de nations différentes, ils ont donné vie à une communauté unie et véritablement catholique. C'est en effet le sens du mot «catholique», qui signifie «universel». Mais il ne s'agit pas d'une universalité qui homologue, mais d'une universalité qui s’inculture. C'est cela la catholicité: une universalité incarnée, «inculturée», qui saisit le bien là où elle vit et sert les personnes avec lesquelles elle vit. C'est ainsi que vit l'Eglise: en témoignant de l'amour de Jésus avec douceur, avec la vie plus que les paroles, heureuse de ses vraies richesses: le service du Seigneur et de nos frères et sœurs.

C'est ainsi qu'est née cette jeune Eglise: dans le sillon de la charité, qui est le meilleur témoignage de la foi. A la fin de ma visite, j'ai eu la joie de bénir et d'inaugurer la «Maison de la miséricorde», la première œuvre caritative créée en Mongolie, expression de toutes les composantes de l'Eglise locale. Une maison qui est la carte de visite de ces chrétiens, mais qui rappelle aussi à chacune de nos communautés d’être une maison de la miséricorde: c’est-à-dire un lieu ouvert, un lieu accueillant, où les mi-sères de chacun peuvent entrer sans honte en contact avec la miséricorde de Dieu qui relève et guérit. Voilà le témoignage de l'Eglise mongole, avec des missionnaires de différents pays qui se sentent en harmonie avec le peuple, heureux de le servir et de découvrir la beauté qui s'y trouve. Parce que ces missionnaires ne sont pas allés là faire du prosélytisme, cela n’est pas évangélique, ils sont allés vivre comme le peuple mongol, parler leur langue, la langue de ces gens, prendre les valeurs de ce peuple et prêcher l’Evangile en style mongol avec des mots mongols. Ils sont allés et se sont «inculturés»: ils ont pris la culture mongole pour annoncer l’Evangile dans cette culture.

J’ai pu découvrir une partie de cette beauté, notamment en faisant la connaissance de certaines personnes, en écoutant leurs histoires, en appréciant leur quête religieuse. En ce sens, je suis reconnaissant pour la rencontre interreligieuse et œcuménique de dimanche dernier. La Mongolie a une grande tradition bouddhiste, avec de nombreuses personnes qui, en silence, vivent leur religiosité de manière sincère et radicale, à travers l’altruisme et la lutte pour leurs propres passions. Pensons à toutes les graines de bien qui, de manière cachée, font germer le jardin du monde, alors que nous n'entendons généralement parler que du bruit des arbres qui tombent! Et les gens, et nous aussi, aiment le scandale: «Mais regarde quelle barbarisme, un arbre est tombé, le bruit qu’il a fait!» — «Mais ne vois-tu pas la forêt qui croît tous les jours?», parce qu’elle grandit en silence. Il est décisif de savoir discerner et reconnaître le bien. C'est pourquoi il est important, comme le fait le peuple mongol, de regarder vers le haut, vers la lumière du bien. Seulement ainsi, en partant de la reconnaissance du bien, on construit l'avenir commun; ce n'est qu'en valorisant l'autre qu'on l'aide à s'améliorer.

Je suis allé au cœur de l'Asie et cela m'a fait du bien. Il est bon de dialoguer avec ce grand continent, d’en saisir les messages, d’en connaître la sagesse, la façon de regarder les choses, d'étreindre le temps et l'espace. Cela m'a fait du bien de rencontrer le peuple mongol, qui conserve ses racines et ses traditions, respecte les personnes âgées et vit en harmonie avec l'environnement: c'est un peuple qui scrute le ciel et sent le souffle de la création. En pensant aux étendues illimitées et silencieuses de la Mongolie, laissons-nous stimuler par la nécessité d'élargir les frontières de notre regard, s’il vous plaît: élargir les frontières, regarder au loin et vers le haut, regarder, et ne pas tomber prisonniers des petitesses, étendre les limites de notre regard, afin qu’il voit le bien qu’il y a chez les autres et qu’il soit capable d'élargir ses horizons. et aussi d’élargir son cœur pour comprendre, pour être proche de chaque personne et de chaque civilisation.

Parmi les pèlerins qui assistaient à l’audience générale, se trouvaient les groupes francophones suivants:

Du Sénégal: Groupe de pèlerins accompagné par Mgr Paul Abel Mamba.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, particulièrement ceux venus du Sénégal, accompagnés par Mgr Paul Abel Mamba.

Frères et sœurs, en pensant aux étendues infinies et silencieuses de la Mongolie, laissons-nous stimuler par le besoin d’élargir les frontières de notre regard, pour que nous puissions voir le bien qui se trouve chez les autres.

Que Dieu vous bénisse!

Avant de donner la bénédiction finale aux fidèles présents, le Pape a conclu:

Que la fête liturgique d'après-demain, la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie, vous exhorte à marcher toujours, comme Marie, sur les chemins du Seigneur. A elle, femme de la tendresse, nous confions les souffrances et les tribulations de la chère et martyrisée Ukraine. A vous tous, je donne ma bénédiction.