Qu’elle ait un nom de femme

« L’Eglise de mon cœur est l’Eglise invisible qui s’élève vers les étoiles formées par ceux qui cherchent la vérité » (Sœur Marie de Campello, 1932). Une Eglise Anna qui sait proclamer le rêve que Dieu a rêvé, libérée de l’ombre de la mort et des échafaudages des structures patriarcales. Une Eglise Elisabeth qui sait reconnaître la beauté de l’inédit et saisir les germes de vie et d’espérance à toutes les époques.

Une Eglise Marta qui, immergée dans la lecture populaire de l’Ecriture, sait transmettre l’amour de la Parole et confesser la foi dans le Ressuscité. Une Eglise samaritaine qui, puisant à la bonne eau du puits de toute relation libre, sait prendre sur elle les infirmités de l’humanité blessée et abandonnée.

Une Eglise Madeleine qui, se sentant très aimée, sait oindre le présent avec l’huile de l’amour politique et proclamer avec joie la bonne nouvelle de Jésus.

Une Eglise Phoebe qui sait animer les liturgies et les célébrations en s’inspirant des pratiques qui ont fleuri parmi les femmes dans le monde entier : œcuméniques, judéo-chrétiennes, interreligieuses. Une Eglise Priscilla qui sait offrir, également dans la formation du clergé, une éducation qui n’est ni misogyne ni homophobe, en promouvant aussi la connaissance de la pensée, des actions, de l’histoire des femmes. Une Eglise Lidia qui sait substituer la maison à la pyramide (même inversée, un côté est toujours en dessous !), parce que ce n’est qu’autour de la table dressée dans l’amitié par tous et toutes de tous âges, que peut s’épanouir une Eglise entièrement ministérielle et synodale.

Une Eglise Junia qui sait accueillir la prophétie des Eglises du monde entier, en encourageant de nouveaux ministères et de nouveaux lieux où un chemin différent, riche d’affection, d’encouragement, de pardon, de pain et de vie " rompue " sans exclusion, est possible. Une Eglise Marie qui continue à apporter au monde un monde « où nous serons tous frères (et sœurs !), où il y aura de la place pour chacun des exclus de nos sociétés, où resplendiront la justice et la paix » (Fratelli tutti, 269).

Grazia Villa
Avocate pour les droits humains, Groupe de femmes des communautés de base et de nombreuses autres