«Comment avons-nous pu en arriver à ce niveau d’indifférence?». L’interrogation de François retentit dans la vidéo — diffusée le 29 août par le Réseau mondial de prière du Pape à travers le site www.thepopevideo.org — consacrée à l’intention de septembre: «Pour les personnes qui vivent en marge de la société». Les images expriment au mieux le malaise, les difficultés, l’indifférence, la marginalisation de tant d’hommes et de femmes qui conduisent leur existence dans des conditions de vie inhumaines.
Tandis que le Pape souligne qu’«un sans-abri qui meurt dans la rue n’apparaîtra jamais sur la première page des moteurs de recherche internet ou des journaux télévisés», défilent des images de sans-abri, seuls ou en petits groupes, qui gisent sur les trottoirs des villes du monde entier. Non seulement ignorés, mais presque piétinés par ceux qui passent devant en hâte, sans leur prêter attention. Il s’agit d’images prises au Canada, aux Etats-Unis d’Amérique, au Kenya, au Cameroun et en Inde. Les latitudes changent, mais pas les situations et les préjugés. On voit des enfants dans les rues qui lavent les vitres des voitures qui s’arrêtent aux feux rouges de San Salvador, mais aussi des porteurs de handicap de diverses nationalités: espagnols, philippins et d’Amérique centrale.
Le Pape rappelle chacun à sa responsabilité, parce qu’il demande: «Comment avons-nous permis que la “culture du déchet” — dans laquelle des millions d’hommes et de femmes ne valent rien face aux bénéfices économiques — comment avons-nous permis que cette culture domine nos vies, nos villes et notre mode de vie? Notre cou va finir par se raidir — telle est sa constatation amère — à force de regarder ailleurs pour ne pas voir cette situation».
Apparaissent alors dans la vidéo d’immenses bidonvilles à proximité des gratte-ciels de Vancouver, Buenos Aires et Rio de Janeiro. De nouveau l’appel du Pape: «S’il vous plaît, cessons de rendre invisibles ceux qui sont en marge de la société, que ce soit pour des raisons de pauvreté, de dépendance, de maladie mentale ou de handicap». Puis l’invitation à renverser les schémas et les paramètres de jugement: «Concentrons-nous sur l’accueil. Sur l’accueil de tous ceux qui sont dans le besoin», en développant «la “culture de l’accueil”, d’être en mesure de recevoir, de donner un abri, de donner un toit, de l’amour, de la chaleur humaine». Et ainsi, dans cette réalité désolée, on voit des religieuses, des religieux, des bénévoles qui se font proches des personnes écartées de la société et prennent soin d’eux. «Prions — conclut François — afin que les personnes qui vivent en marge de la société, dans des conditions de vie inhumaines, ne soient pas oubliées par les institutions et ne soient jamais rejetées».
Pour sa part, le père jésuite Frédéric Fornos, directeur international du Réseau mondial de prière, souligne qu’il est possible «d’apporter une solution concrète aux millions de personnes rejetées qui ne trouvent souvent que de l’indifférence, voire un certain agacement, comme réponse». En effet, ajoute-t-il, «François appelle à une approche différente de la pauvreté et de l’exclusion. Elle con-siste aussi à prier, car la prière transforme nos cœurs».