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Les franciscains célèbrent 125 ans de mission au Mozambique

Marcher avec l’Eglise, marcher avec le peuple

 Marcher avec l’Eglise, marcher avec le peuple  FRA-035
31 août 2023

Les Franciscains célèbrent 125 ans de présence et de mission au Mozambique. Le frère Evódio João, franciscain mozambicain, directeur de la communication des frères mineurs à Rome, déclare dans une interview accordée aux médias du Vatican que la caractéristique de cette présence était «d'être avec l'Eglise, d'être et de marcher avec le peuple».

«Nous regardons le passé avec gratitude et rendons grâce au Seigneur pour tout ce qu'il a fait pour nous», dit le frère Evódio en faisant le bilan de la présence des Frères mineurs au Mozambique, une présence qui a commencé à Beira en août 1898 et qui s'est étendue à une grande partie du pays, y compris au diocèse de Pretoria en Afrique du Sud.

Depuis leur arrivée, explique le frère Evódio, les frères mineurs ont accompagné l'Eglise de Beira dans le travail pastoral et d'évangélisation, mais aussi dans l'éducation et la cons-truction d'églises et d'écoles — «c'était une présence de marche avec le peuple et avec cette Eglise pauvre, à différents moments de l'histoire du pays». Pendant de nombreuses années, la mission franciscaine au Mozambique s'est développée et a prospéré, même en nombre, observe le prêtre mozambicain. Aujourd'hui, elle est bien enracinée, presque tous les frères, environ 86 membres, sont mozambicains, et pour eux, cette présence continue et réaffirmée est aussi une action de grâce.

«Ce que nous avions construit avec beaucoup de rêves et d'efforts, nous l'avons perdu, a-t-il noté; mais nous n'avons pas perdu notre charisme, nous n'avons pas perdu notre chemin, nous avons aussi appris à être pauvres, nous avons aussi appris à inventer comment vivre».

Aujourd'hui, il y a un risque de maintenir le passé, de s'installer et de faire un château dans les paroisses où nous sommes présents, sans vraiment servir les pauvres, prévient frère Evódio. «Le défi que nous avons aujourd'hui est de découvrir de nouveaux chemins là où le Seigneur nous envoie», indique-t-il.

Un autre défi pour les frères est celui de la paix, car «nous vivons dans un Mozambique blessé, et la question du Mozambique septentrional nous blesse tous», déclare le frère Evódio, demandant comment les frères peuvent faire sentir leur présence pour guérir ces blessures, surtout aujourd'hui où tant de personnes abandonnées, où les personnes âgées ne comptent plus, car selon lui, «le défi franciscain est que le frère doit être là avec les gens, il doit faire de la promotion humaine, mais toujours en marchant avec les gens». Il évoque également la possibilité pour les franciscains du Mozambique, qui font actuellement partie de la province portugaise, de devenir une province de tutelle, «où les décisions seront prises en interne». En tant que province, nous aurons plus d'autonomie, souligne le prêtre franciscain, ce qui signifie que la présence franciscaine s'accroît et doit assumer certaines responsabilités. C'est certainement un honneur pour le Mozambique aussi, ainsi qu'une responsabilité supplémentaire, reconnaît-il.

Selon le frère Evódio, les jeunes méritent une attention particulière. Dans la famille franciscaine, a-t-il dit, il y a la jufra (Jeunesse franciscaine), où les jeunes sont les protagonistes: «Ils doivent marcher, vivre le charisme franciscain, en tant que jeunes», déclare le frère mozambicain, convaincu que «nous ne devons pas laisser les jeunes de côté, ils ont besoin de nous, et nous avons besoin des jeunes». En conclusion, le frère Evódio met les jeunes au défi de placer le charisme franciscain parmi leurs rêves, qui, souligne-t-il, est toujours d'actualité à notre époque et peut être vécu par tous, «en prenant comme modèle François, qui était également jeune, avait ses frustrations, mais a ensuite compris que la seule guerre qu'il devait mener était celle de l'amour, de la diffusion de la paix et du bien».

Le frère mozambicain souhaite que chacun devienne franciscain et apprenne à dire que tout le monde est un frère, sans exclure l'aspect écologique et environnemental, afin de mieux contribuer à la préservation de notre planète. «Aujourd'hui, nous devons commencer à prendre soin de la personne humaine dans son ensemble, — dit-il — et cette personne inclut l'environnement, la création, où nous pouvons tous vraiment dire “loué sois-tu, mon Seigneur, pour le frère soleil, la sœur lune, le frère loup”…. tous -frères et sœurs».

Bernardo Suate